Typo & ornements

Tout un art !

Mais comment ces affiches sont-elles imprimées ? La technique représentée dans la collection est la typographie, ce procédé mis au point et développé par Gutenberg à partir de la seconde moitié du 15e siècle. Ce mode d’impression en relief utilise des caractères mobiles, principalement en plomb mais aussi en bois, qui sont assemblés pour composer les pavés de texte. La typographie est parfaitement bien adaptée à la production des affiches administratives imprimées en une couleur et qui ne comportent pas d’illustration. Des ornements viennent s’ajouter aux lettres pour agrémenter la mise en page, aider à l’organisation de l’information, améliorer la lisibilité et l’impact visuel des avis placardés sur les murs. Une fois la composition achevée, on procède à l’encrage des caractères, puis au passage sous la presse et au report sur la feuille de papier. On reconnait d'ailleurs parfaitement l'impression typographique à la trace en relief laissée au dos du papier par les caractères, ce que l'on appelle le foulage.

Les modèles de lettre ainsi que les ornements décoratifs, les « stéréotypies » tels les vignettes illustrées ou les filets, sont proposés sur catalogue aux imprimeurs et sont fabriqués par les fondeurs qui inventent et dessinent de nouvelles formes typographiques.

Les affiches représentent donc l’art de la lettre, de la mise en page, de la composition et de l’impression exercé par les typographes. Mais au fait, si cet art se prolonge encore aujourd’hui par le biais du traitement de texte automatisé que nous utilisons tous au quotidien, connaissons-nous encore la capitale, la sans pareil, l’égyptienne octogone, la toscane ou bien encore la mexicaine azurée ? Comme l’illustre très bien la collection orléanaise, toutes ces polices de caractère qui font l’histoire de la typographie sont parmi les standards utilisés dans la composition des affiches au 19e siècle.

A la fin du siècle, on observe un changement très net dans l’évolution du lettrage. Les formes s’arrondissent en suivant les influences de nouveaux courants artistiques tel que l’Art Nouveau. Si l’impression en noir est la règle pour les affiches administratives de type règlementaire, on ose la couleur pour l’annonce des évènements festifs et patriotiques et les lettres se colorent en bleu et en rouge.

C’est la lithographie, technique qui se développe tout au long du 19e siècle, qui va permettre d’imprimer un dessin ou un motif en couleur et d'en restituer toutes les finesses. Le principe du tracé à la main sur une pierre calcaire va devenir ensuite photomécanique, mais la qualité et le rendu de l’impression en lithographie reste incomparable. Deux grandes belles affiches imprimées par des lithographes orléanais sont conservées dans la série.

Au cours du 20e siècle, la typographie et la lithographie vont être détrônées par des procédés d’impression innovants, comme l’offset ou l’héliogravure, qui permettent notamment de réaliser les premières reproductions de photographies.

Si la série des affiches administratives des Archives d’Orléans reste précieuse pour l’histoire, l’histoire de la ville et celle de l’administration, elle l’est tout autant pour l’histoire de l'imprimerie, de la typographie et des imprimeurs orléanais qui sont largement représentés dans la collection.

 

A consulter : le catalogue des caractères d’affiches, vignettes et fleurons de la fonderie parisienne N. F. Gromort en 1837 conservé à la bibliothèque nationale de France.

L'art de la typographie : mise en page, composition, colonnes, tableau, vignette, filet, lettre, bas de casse, etc. (AMO, 15Fi41)

Date de modification : 23 novembre 2018

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