La Grande Guerre : le monument de la Victoire

Le monument de la Victoire à la gloire des enfants d’Orléans vainqueurs de la Grande Guerre

 

C’est en 1919, sous la présidence du maire Fernand Rabier, que la commission chargée des commémorations propose d’édifier un monument de la Victoire à titre d’hommage public. Le projet est de faire réaliser un groupe au sujet allégorique qui serait situé boulevard de Verdun.

En novembre 1921, le conseil municipal lance le programme du concours pour l’édification de ce monument consacré à la glorification de la Victoire. Ouvert aux artistes statuaires et architectes français, onze concurrents soumettent leurs projets au jury et au public. En février 1922, les trois premiers projets retenus sont du même auteur, le statuaire Eugène Charles Malfray, né à Orléans en 1887, second prix de Rome. Toutefois, le jury estime que les projets ne sont pas assez aboutis pour être exécutés tels quels.

L’étude de la nouvelle maquette est confiée à Charles Malfray et à son frère Henri Malfray, architecte. Le projet est approuvé en décembre 1922 : « Ce monument en pierre dure de Lorraine sera composé d’un large socle sur lequel s’appuiera un quadrilatère aux angles duquel, quatre figures de jeunes femmes porteront des guirlandes et symboliseront le jeunesse. Un pylône partira de ce piédestal et sera terminé par un groupe de bronze représentant une victoire ailée couronnant de lauriers un héros. La hauteur totale sera de 14 mètres ».

Par ailleurs, il est prévu de mentionner sur l’une des faces, le nom des principales batailles auxquelles les régiments d’Orléans ont pris part. Une devise sera gravée sur le pylône : « A la gloire des enfants d’Orléans. 1914-1918 ». Le 12 décembre, la préfecture autorise ce projet qui entre dans le cadre des monuments élevés en dehors des cimetières militaires à la mémoire des soldats morts pour la patrie.

Le marché est approuvé pour un montant de 130 000 francs, il est financé avec les subventions de la Ville, l’État participant à hauteur de 9 000 francs. Une grande souscription publique est également lancée dès 1921 pour financer les deux monuments, celui dédié aux vainqueurs et l’autre dédié aux glorieux aux morts érigé dans le Grand Cimetière.

 

Malgré les retards d’exécution, le monument à peine achevé est inauguré le 23 novembre 1924 en présence du maréchal Joffre. Le groupe couronnant le monument qui doit être fondu en bronze est mis en place provisoirement en plâtre patiné. Par ailleurs, seulement deux des quatre figures qui entourent la base sont mises au point.

Mais le modernisme de l’œuvre des frères Malfray suscite immédiatement de vives critiques au sein du conseil municipal, dans la presse locale et parmi la population. Le héros représenté nu fait notamment l’objet de vives protestations.

Afin de recueillir un avis sur la valeur artistique du monument, le conseil municipal sollicite les artistes membres du jury du concours, tous membres de l’Institut choisis par le ministère des Beaux-Arts. C’est l’esthétique de la partie statuaire qui est remise en question par les experts. Tous déplorent que l’on ne soit pas « dans les traditions de la superbe Ecole Française de Sculpture ». La polémique est reprise par la presse spécialisée et les critiques d’art, ce qui conduit l’auteur à opérer quelques modifications à son œuvre.

A partir de cette date, Charles Malfray rencontre des difficultés financières croissantes et des retards qui le conduisent à un contentieux avec la Ville. Après plusieurs années, le monument est enfin achevé au début de l’année 1930.

En 1959, pour permettre le débouché de la rue la gare sur l’allée sud du boulevard de Verdun, il s’avère nécessaire de déplacer le monument vers l’Ouest de 80 mètres environ.

La même opération va se renouveler en 1986 en raison du réaménagement du quartier gare. Plusieurs propositions sont soumises à l’ensemble des associations d’anciens combattants. En effet, le nouvel emplacement doit répondre au déroulement cohérent des cérémonies. C’est finalement sur l’emplacement actuel du boulevard Alexandre-Martin, entre l’avenue du Général-Duportail et la rue du Faubourg-Saint-Vincent, que le monument de plus de 100 tonnes est déplacé pour la seconde fois.

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