L'essor du nouveau Musée des sciences naturelles d'Orléans

En janvier 1957, le conseil municipal renonce à la reconstruction du musée Paul-Fourché dont toutes les collections ont disparues. Il décide de l’affectation des dommages de guerre correspondants à la construction d’un musée des sciences naturelles. Son emplacement est prévu à proximité des établissements du second degré, dans le Parc Louis-Pasteur, l’architecte orléanais Henry Ballu est désigné.

Durant 2 années, ce projet va être l’objet de discordes, une pétition des riverains est lancée contre la construction d’un bâtiment et la mutilation du parc. En 1959, après accord du ministère de l’Education nationale, un autre emplacement est trouvé dans le périmètre du nouveau Lycée Pothier, à l’emplacement des casernes Châtillon et Dunois. L’avant-projet de la première tranche de travaux est approuvé en 1961, ainsi que le contrat de l’architecte. Le gros œuvre est achevé en 1963 et les travaux d’aménagement en 1966. L’inauguration du nouvel établissement a lieu le 5 mai 1966, dans le cadre des fêtes de Jeanne d’Arc.

 

Une nouvelle muséographie

Le bâtiment résolument moderne de 2 187 m2 comprend alors 3 niveaux sur sous-sol et des équipements propres à l’exercice d’une nouvelle muséographie : grand hall d’accueil, galeries d’expositions, salles d’expositions temporaires, salle de conférence de 240 places, salle de travaux pratiques pour 20 à 30 élèves, salle de réunion, local d’archives, réserves, logements du conservateur et du gardien.

Le musée connaît une nouvelle impulsion avec le déménagement progressif des collections, la mise en place et l’enrichissement des salles d’exposition. Au deuxième étage, la galerie des mammifères inaugurée en 1970 doit constituer le clou de la première tranche du musée. Une cinquantaine de mammifères d’Europe naturalisés est présentée dans des décors peints évoquant leurs habitats : les dioramas. Les décors sont réalisés par le conservateur Paul Sougy lui-même. Les animaux sont naturalisés par le taxidermiste Eirik Granqvist qui travaille durant 3 ans au musée d’Orléans, avant de devenir conservateur au musée de zoologie de l'Université d'Helsinki en Finlande.

En 1971, le travail de muséographie est achevé sur l’ensemble des étages. Les aquariums et vivariums sont présentés en rez-de-chaussée. Dans la grande salle, une d’exposition intitulée « Formes, couleurs, matières » est à caractère plus esthétique que scientifique. Les salles d’ornithologie et de préhistoire se déploient au premier étage, la géologie locale, la paléontologie et la bibliothèque au troisième. Le musée a déjà atteint sa pleine capacité.

Outre les activités scientifiques, le musée développe des activités culturelles dans la salle d’accueil dédiée, comme une exposition sur les champignons organisée avec le concours des Naturalistes orléanais et qui connaît, d’année en année, un grand succès. Des concours pour les jeunes sont lancés dans la presse en partenariat avec La République du Centre, des concours photo sont élaborés avec l’appui du Photo-Club orléanais. Chaque mois, les Naturalistes orléanais organisent des conférences avec projection ou présentation d’objets.

La renommée du musée d’Orléans s’étend auprès du grand public, tout comme dans le milieu scientifique, par le biais d’articles qui paraissent dans les revues spécialisées. Les conservateurs qui doivent réorganiser des musées anciens de province viennent également visiter le nouveau bâtiment d’Orléans. Paul Sougy rédige des guides de présentation des différentes salles et des plaquettes sur les expositions temporaires. Le premier dépliant édité en 1973 est distribué par le syndicat d’initiative aux touristes pour promouvoir l’établissement. On édite aussi des cartes postales en couleur.

Le musée est largement ouvert, tous les après-midi du lundi au dimanche, ainsi que deux matinées par semaine, il ferme le mardi. Les tarifs d’entrée sont de 1 franc pour les adultes, 50 centimes pour les enfants et gratuit pour les groupes. En 1966, 5 291 visiteurs sont enregistrés, le chiffre passe à 18 655 en 1972 avec 8 290 visites payantes et 10 365 visites gratuites de groupes scolaires. En 1974, on envisage d’engager une accompagnatrice pour guider les visiteurs ainsi qu’une documentaliste. En 1975, l’organigramme se structure, le conservateur dirige 12 personnes : 2 conservateurs adjoints, 1 assistante, 1 accompagnatrice de groupes scolaires, 5 techniciens dont un taxidermiste et 3 gardiens.

 

Paul Sougy a consacré une grande partie de son activité à l’étude et à la réalisation du nouveau musée des sciences naturelles. Il en a élaboré les plans, en collaboration avec le conservateur-adjoint Jean Avezard et l’architecte Henry Ballu. Après avoir entièrement conçu et réalisé l’ensemble des salles, il étudie avec l’architecte Jacques Bruneteau, le projet d’achèvement de construction du bâtiment prévu à l’origine. En 1976, c’est après 32 années à la tête du musée qu’il demande son remplacement en apprenant que le projet d’extension est en passe d'être abandonné.


Le musée est classé en première catégorie

Au 1er janvier 1979, le musée des sciences naturelles d’Orléans est classé en 1ère catégorie et figure avec Nantes, Grenoble, Toulouse, Nîmes, Marseille et La Rochelle, parmi les 7 musées de cette catégorie en France. Le 16 juin 1979, un nouveau conservateur est nommé. Dominique Jammot prend la direction du musée après un long intérim assuré par l’assistante, Françoise Lespinasse.

Le nouveau directeur entend donner une nouvelle dynamique à l’établissement et pour renouveler l’intérêt du public, il engage des travaux de restructuration des espaces. Il transforme le rez-de-chaussée en salle polyvalente afin d’accueillir des expositions temporaires plus fréquentes et ouvre les locaux aux organismes extérieurs. Il développe de nouveaux partenariats avec le Centre régional de documentation pédagogique, les enseignants, l’Office de tourisme, l’Université, le 3ème âge, etc. Avec l’installation d’expositions dans l’une des vitrines du Théâtre d’Orléans ou dans les vitrines d’une agence du Crédit Agricole, il renforce cette politique d’ouverture à l’extérieur.

En soulignant ce nouveau dynamisme, l’inspection générale des musées d’histoire naturelle de province rappelle la nécessité de réaliser l’extension prévue, pour permettre à l’établissement de prendre un nouvel essor, tant sur le plan local que sur le plan régional. 

 

L’Abbé Nouel

L'Abbé Nouel est né à Boulogne-sur-Seine le 11 avril 1901, il décède à Orléans le 16 février 1971. Professeur d’histoire à l’école Sainte-Croix, il fut membre de l’Association des naturalistes orléanais depuis sa fondation en 1949, association qu’il préside en 1962. Membre de la Société archéologique et historique de l’orléanais, il en devient le vice-président de 1964 à 1966. Il fut aussi correspondant de la commission supérieure des monuments historiques pour la préhistoire et les fouilles gallo-romaines.

Devenu un spécialiste de la préhistoire, il a constitué une importante collection régionale qui est détruite pendant les bombardements de juin 1940. Il en recommence une seconde dont il fait don au musée des sciences naturelles et qui occupe la nouvelle salle de préhistoire du musée en 1966. L’abbé Nouel y assure lui-même des visites commentées tous les jeudis et met une vitrine à la disposition des amateurs pour leur permettre de faire connaître leurs trouvailles. Cette salle qui est entièrement son œuvre, portera son nom à sa disparition.

Une photographie de l’Abbé Nouel illustre la quatrième de couverture de la brochure de la salle de préhistoire, document qui a entièrement été rédigé par ses soins.

 

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