Jeanne d'Arc et son descendant dans le besoin !

A l'occasion du reclassement de la correspondance adressée au Maire, conservée en sous-série 2D, la lettre de Ernest Nicolas de Gérardin, datant du 26 février 1904, a été retrouvée.

Dans cette dernière Nicolas de Gérardin, conducteur des Ponts-et-Chaussées en retraite, habitant à Sézannes dans la Marne, indique qu'il a des problèmes de vue qui ne lui permettent plus d'assurer son travail. De ce fait, il se tourne vers la Mairie d'Orléans afin que celle-ci lui propose un emploi en adéquation avec son handicap. 

En outre, Nicolas de Gérardin sollicite la Ville d'Orléans car il indique descendre de la famille de Jeanne d'Arc. En 1818, son grand-père, également prénommé Nicolas, a refusé de vendre la maison natale de Jeanne située à Domrémy à un Anglais et l'a cédée au département des Vosges afin que la maison devienne un monument national. Dans la délibération du Conseil municipal, réuni en séance extraordinaire le 3 août 1818, la Ville d'Orléans avait effectivement félicité Nicolas de Gérardin pour son action "patriotique" en faveur de la conservation de la maison à Domrémy.

Voici ce que Nicolas de Gérardin écrit dans sa lettre au Maire le 26 février 1904 : 

"Monsieur le Maire,

Petit-fils de Nicolas de Gérardin descendant de la famille de Jeanne d'Arc, décoré en 1821 pour avoir refusé de vendre à un anglais qui lui offrait une très forte somme d'argent pour l'acquisition de la maison où naquit Jeanne d'Arc, maison qu'il tenait de ses ancêtres, je me trouve dans la dure nécessité de prendre une retraite bien avant l'âge, à cause du mauvais état de santé de ma vue, la pension à laquelle j'ai droit est plus que modeste et je me vois à la veille de solliciter un sucours pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma fille Jeanne âgée seulement de 12 ans 1/2.

En présence de la pénible situation qui m'est faite, j'ai pensé Monsieur le Maire, que la Ville d'Orléans qui a conservé un si noble souvenir de l'héroïque Lorraine, qui a frappé en l'honneur de mon grand-père une médaille en or que nous gardons précieusement, et pris une délibération qui est pour ma famille des lettres de noblesse, n'abandonneront pas le petit-fils de celui qui a préféré la pauvreté à la richesse pour conserver à la France, l'humble toit qui a vu naître la Pucelle d'Orléans.

L'action de mon grand-père a été immortalisée par un grand peintre dont le tableau se trouve au Musée d'Orléans. Ma soeur aînée vient d'être nommée au poste de gardien de la maison de Jeanne d'Arc à Domrémy et ma soeur cadette vient d'être nommé (sic) receveur du bureau de tabac de cette commune. Moi seul n'avait rien à demander ayant une assez belle situation acquise à force de travail et de privations, mes parents n'ayant aucune fortune.

Daignez agréer Monsieur le Maire l'expression de notre profonde reconnaissance et l'assurance de notre dévouement absolu.

E. Gérardin

26 février 1904

Ernest Nicolas Gérardin, Conducteur des Ponts-et-Chaussées en retaite à Sézannes (Marne)."

Qu'en est-il advenu ensuite ? Mystère qui reste à éclaircir dans les archives !

 

Lettre de Gérardin (AMO, 2D)
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