Faire-part, comme son nom l'indique !

Dans leurs dépôts, les archivistes récupèrent souvent de « petits » documents qui témoignent des us et coutumes du quotidien. Ces documents sont si variés qu’il est difficile d’en dresser une typologie vraiment exhaustive. On les appelle des « éphémères » car ce sont des documents qui ont durée d’utilisation limitée dans le temps et qui n’ont a priori pas vocation à être conservés. Menus, cartes de visite, tracts, faire-part, cartons d’invitations ou encore étiquettes font ainsi partie de ces documents que l’archiviste, comme nombre de particuliers, collectionne plus qu’il ne les collecte de façon raisonnée.

Entre autres éphémères, en 2009, les Archives municipales d’Orléans ont décidé de se pencher sur la question des faire-part stockés dans leur dépôt. Une petite collection avait été constituée au fil des ans à partir de pièces isolées données par des particuliers, retrouvées dans les versements d’archives publiques ou dans des lots d’archives achetés auprès de vendeurs spécialisés.

Comme son nom l’indique, le faire-part sert à faire savoir c’est-à-dire annoncer un évènement généralement familial comme une naissance, un mariage, un décès, une communion… Le faire-part présente un grand intérêt dans le cadre de recherches sur l’histoire des familles que ce soit dans une optique généalogique ou non. Ces documents permettent souvent de retrouver les lieux des cérémonies, des adresses, des professions voire des décorations ou des distinctions honorifiques et la parenté élargie. D’après nos recherches, il semble que peu d’études aient été menées sur les faire-part. Le billet d'enterrement existerait depuis le début du 17e siècle et les faire-part de mariage dateraient des premières années du siècle suivant. La forme de ces documents varie dans le temps. Certains se présentent même sous forme de " placards " c'est-à-dire d'affiches. Tout porte à croire, qu'il s'agissait dans un premier temps, de documents émis par les notabilités et que, dans un second temps, qu'il reste à définir, la pratique se serait généralisée à l'ensemble de la population. Aujourd’hui, on peut même créer son propre faire-part en quelques clics à partir de sites Internet spécialisés et l’envoyer sous forme dématérialisée à tous ses contacts.

Avant notre travail d’inventaire, impossible de dire combien il y avait de pièces dans notre collection, de quand elle datait et quels types d’évènements elle concernait. Faute de temps à y consacrer, il fut décidé de ne pas inventorier le lot pièce à pièce. Le but était de faire connaître aux chercheurs l’existence de cette collection et de l’inviter à venir fouiller dedans. Aussi, il fallut d’abord organiser matériellement les documents avant de les décrire dans un inventaire sommaire. Un comptage rapide permit de savoir que la collection se composait de 130 pièces. Dans un premier temps, les faire-part ont été classés par type de cérémonies. Ainsi, nous nous sommes rendus compte que notre collection ne comporte que des faire-part de décès et de mariages mais aucun de naissance ou d’autres cérémonies. Ensuite, les documents ont été regroupés par période chronologique. Ainsi, nous avons pu déterminer que notre document le plus ancien date de 1773 et le plus récent de 1946. Enfin, pour chaque période, les pièces ont été classées dans l'ordre alphabétique des patronymes. Dans le cas des femmes, c’est le nom d'usage qui a été retenu. Un temps, nous avions pensé organiser les documents par famille mais cela nous aurait entraîné dans des recherches généalogiques peut-être un peu longue au regard de notre petite collection. En outre, les documents ne provenaient pas d’un seul don ou versement mais avaient été l’objet d’un regroupement de pièces d’origine diverse !

Désormais, l’inventaire est consultable en ligne. Les documents sont accessibles sous forme originale en salle de lecture. Il est toutefois possible de nous contacter au préalable pour avoir des renseignements supplémentaires avant de se déplacer. A noter qu'il faut aussi explorer les fonds de famille conservés en série S dans nos archives. Y sont aussi conservés ce type de pièces. Par ailleurs, pour Orléans, il existe également des collections de faire-part aux Archives départementales du Loiret, au Centre Charles-Péguy et à la Médiathèque.

Si vous possédez des faire-part qui concernent Orléans ou des familles orléanaises et dont vous souhaitez vous séparer, vous pouvez aussi compléter notre collection.

 

Pour en savoir plus

AUDIN Marius, MARSHALL Alan, MOGLIA Bernadette, Ephemera : Les imprimés de tous les jours, 1880-1939, Catalogue d'exposition du Musée de l'imprimerie de Lyon sur les faire-part, Musée de l'Imprimerie de Lyon, 2001.

COYECQUE Ernest, "La Collection de placards du Minutier central", in La Gazette des archives, n°5, 1949, p. 22-25.

FLOBERT Paul, "Le Billet d'enterrement en France. Enquête pour en déterminer l'histoire", in Le Vieux Papier, t. XVI, 1924, p. 389-400.

GRAND-CARTERET John, Vieux papiers, vieilles images, Paris, 1896.

LAVIGNE Hubert, Billets de décès du XIXe siècle, 1823-1880. Etat civil d'artistes français. Billets d'enterrement ou de décès depuis 1823 jusqu'à nos jours in Publication de la Société de l'Histoire de l'art français, Paris, 1881.

Les éphémères, un patrimoine à construire, présentation par Olivier Belin & Florence Ferran (Université de Cergy-Pontoise – LDI & Agora), consulté en ligne le 06/06/2017.

 

 

Date de modification : 3 août 2017

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