Ambroise Soudé - Frère Ignace (1892-1914)

Ambroise Soudé naît le 1er juillet 1892 à Orléans de Marie Berthe Brunet et de Henri Soudé. Son frère, prénommé Lucien, est né quatre ans plus tôt.

Ambroise est tout d'abord pensionnaire au Petit Séminaire Sainte-Croix d'Orléans, qui ferme fin 1906 à la suite à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il devient alors pensionnaire à l'école Sainte-Croix qui ouvre place du Vieux-Marché. 

Se destinant à la vie religieuse, il entre en 1911 au Grand Séminaire d'Orléans. En mai 1912, il y prononce un discours qu'il intitulera Le Patriotisme sacerdotal et dans lequel il démontre pourquoi d'après lui, les prêtres doivent s'engager pour la défense de leur pays. La même année, il intègre le noviciat des Dominicains de la Province de France. Il accomplit ses études au Saulchoir établi alors près de Tournai en Belgique, la vie en communauté religieuse étant désormais interdite en France.

Le 24 septembre 1913, il prononce ses vœux de religion et devient frère Ignace. Ayant été appelé au titre de la classe 1912, il choisit de revenir en France pour accomplir son service militaire. Il se présente le samedi 10 octobre 1913 à la citadelle de Lille pour être incorporé au 43e Régiment d’Infanterie. Il part ensuite pour le 84e Régiment d'Infanterie d'Avesnes où il sera nommé caporal. ll évoque la vie de caserne ainsi que les manœuvres dans les lettres qu'il adresse à ses parents.

Au mois d'août 1914, son régiment part pour le front. Il continue à donner régulièrement des nouvelles à ses parents. Très rapidement, le ton de ses lettres se fait plus grave. Début septembre, ses parents s'inquiètent de ne plus recevoir de nouvelles. Les courriers qu'ils lui adressent leur sont renvoyés. Son père, Henri Soudé, mène l'enquête auprès des camarades de son fils. Certains affirment qu'il est seulement blessé. Finalement, ses parents apprennent sa disparition, puis sa mort quasi certaine lors du combat de Le Hérie-La-Vieville dans l'Aisne, fin août 1914. Le 24 octobre 1914, Fernand Rabier, maire d'Orléans, reçoit Henri Soudé pour lui annoncer officiellement le décès de son fils. Après cette date, ce dernier poursuivra ses investigations afin de connaître les circonstances du décès et retrouver le corps de son enfant.

Dans les notes relatives à son père Henri, Lucien écrit : "En 1919, nos parents entrèrent en relation avec le curé de Le Hérie-La-Viéville (au sud de Guise) où les renseignements recueillis situaient la mort de leur fils. Je les accompagnai pendant l'été ; la visite des cimetières de la Désolation et de Le Sourd ne donna pas de résultat probant, seulement les dires des habitants rendirent très probables l'inhumation à la Désolation. L'année suivante l'administration qui avait pris en main les cimetières militaires procéda à une exhumation générale. J'étais venu à Orléans pour accompagner mon père, mais celui-ci visiblement impressionné, ne se décidant pas à partir ; sur les conseil de ma mère je partis seul ; le lendemain il me rejoignait. Les Allemands avaient envoyé par la Suisse les plaques d'identité des corps qu'ils avaient relevés dans la campagne et groupés dans les cimetières. Ainsi l'acte de décès avait pu être établi mais la reconnaissance des corps devenait très problématique. Pour mon frère on pouvait se baser sur une particularité de dentition ; nous assistâmes à l'examen de tous (tous ?) les squelettes couverts d'une capote de caporal du 84 RI, sans succès".

Par arrêté ministériel du 5 juillet 1920, la Médaille Militaire est attribuée au caporal Soudé, Mort pour la France. Le jugement datant du 9 novembre 1920 officialise le décès d'Ambroise à la date du 30 août 1914 lors du combat de Le Hérie-La-Viéville dans l'Aisne.

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