Situé à Fleury-les-Aubrais mais appartenant à la municipalité d’Orléans, le Stade de la Vallée offre aux usagers de multiples terrains et infrastructures destinés à la pratique sportive compétitive ou scolaire. Acquise en 1928 puis utilisée dès 1930 en tant que terrain sportif et en particulier d’athlétisme, « La Vallée » s’envisage comme le premier stade municipal d’Orléans, mais aussi comme le témoignage d’une extension de l’intervention de l’État dans le sport dès les années 1930. Endommagé durant la seconde guerre mondiale, le stade de la Vallée d’abord abandonné est réparé, réaménagé puis amélioré pour poursuivre la pratique compétitive et scolaire des différents sports. Enfin, le stade de la Vallée cède une partie de son terrain pour laisser place à l'aire évenementielle Chapit'O en 2018. Principalement utilisé pour l'athlétisme dans les années 1930, le stade accueille encore tout au long de l’année classes et clubs pour la pratique sportive, en particulier l’USO Rugby disposant encore à ce jour ce terrain au riche passé.
D'une future école de plein air pour garçons...
En 1928, « La Vallée » désigne la propriété appartenant aux Hospices d'Orléans et ses alentours. Ce vaste terrain est alors boisé mais aussi parsemé de vergers. Achetée en 1925, les Hospices cherchent à vendre la propriété en raison du nivellement du terrain empêchant toute construction ambitieuse pour accueillir les malades. La Ville d'Orléans rachète la propriété appartenant aux Hospices par délibération du conseil municipal de la Ville d'Orléans le 9 août 1928 . La municipalité y voit alors la possibilité d'y construire une école de plein air pour « arracher complètement l'enfant malheureux au taudis qui menace sa vie ».
... au stade de la Vallée
Durant l'année 1930, la Ville d'Orléans dresse le constat d'absence de terrain public dédié à la pratique sportive. En effet, avant l'installation de plusieurs terrains sportifs sur la propriété de la Vallée, il était particulièrement difficile pour les écolières et écoliers de pratiquer une activité physique à moins que l'établissement ne dispose de son propre terrain ou d'une invitation d'un propriétaire. Le conseil municipal de la Ville d'Orléans par une délibération du 13 septembre 1930 évoque que « d’une façon générale, le but à atteindre est la création dans chaque commune, de terrains de jeux accessibles à tous les jeunes gens et à tous les enfants des écoles ». Il est donc finalement décidé d'implanter le tout premier stade municipal d'Orléans à « La Vallée » à la place du projet initial d'école de plein air.
Malgré l’absence d’aménagement quelconque sur le terrain, le coup d’envoi se déroule le 5 octobre 1930 avec un premier match de rugby. Dans une délibération du 14 mai 1933 dédiée à la réalisation d'un règlement, le conseil municipal évoque cette journée à posteriori : « ce fut tout d'abord le rugby qui fut joué (...) devant un public déjà nombreux ».
Après l’acquisition de multiples terrains privés situés au nord et l’est du terrain initial de « La Vallée » en 1931, le « Parc des Sports », comme le désigne le conseil municipal d'Orléans alors à cette période, mesure 370 mètres de long sur 230 mètres de large, soit 8,5 hectares. La transformation du terrain en stade entre 1930 et 1933 porte sur l'aménagement des pelouses ou encore de sautoirs, vestiaires et tribunes sommaires. La piste d’athlétisme, ou le terrain d’honneur du stade, mesure 170 mètres de long sur 85 mètres de large. Quant au tour de piste, il mesure 450 mètres, ce qui fait de ce terrain d’athlétisme un parfait équipement pour y accueillir compétitions sportives nationales ou plus encore. Il est aussi envisagé la réalisation d'un terrain d'entraînement.
L’inauguration d'un stade avant tout d'athlétisme
C’est durant les traditionnelles fêtes de Jeanne d'Arc de 1933 que le stade de la Vallée est inauguré, et plus précisément le 7 mai. Pour l’occasion, c’est l’Orléanais René Desroches, champion de France du 1 500 mètres et futur participant aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 qui effectue le tour d’honneur. Près de 120 athlètes sont reçus, dont plusieurs champions de France comme Paul Winter, moniteur à l’École de Joinville et recordman de France en lancer de disque pendant 26 ans, ou encore des champions internationaux comme le français Jean Keller, champion d'Europe du 800 mètres. La Fédération Française d'Athlétisme est également présente pour l'évènement.
Dans sa séance du 14 mai 1933, le conseil municipal d'Orléans rapporte qu' « à cette occasion, une très brillante manifestation sportive a été organisée ». Il rapporte aussi que 7 000 personnes ont assisté à l'inauguration, avec notamment un concert vivement apprécié selon le compte rendu du conseil municipal. Quant au journal Match du 9 mai 1933, il ajoute : « on peut maintenant classer Orléans parmi les villes qui bénéficient d'un beau stade municipal ».
L’âge d’or de « La Vallée », entre aménagements et politiques nouvelles
Durant le reste de la décennie 1930, le stade est très fréquemment utilisé, aussi bien pendant les fêtes Johanniques pour y organiser de vastes fêtes sportives notamment en 1938 et 1939 que pour y accueillir des compétitions nationales et internationales d'athlétisme durant les beaux jours de l’année. Par exemple, le 19 août 1934 s’y déroule une rencontre France-Italie organisée par la Ligue Française d’Athlétisme, avec la présence de l’ambassadeur d’Italie.
L’autre tournant de « La Vallée » se situe en 1936 avec l’arrivée au pouvoir du Front populaire. En effet, le nouveau gouvernement incarne l’extension de l’intervention de l’État avec l’apparition du sous-secrétariat d’État aux Loisirs et aux Sports occupé par Léo Lagrange. Cela a pour conséquence de subventionner de nouvelles installations à « La Vallée ». Le nouvel aménagement prévoit la possibilité d’y pratiquer du basketball, rugby, hockey, football ou encore des jeux de raquettes, et même d’étudier le sport avec des salles de culture physique. Aussi, des tribunes sont inaugurées. Une entrée digne du stade est construite.
De plus, le Loiret figure parmi les trois premiers départements français à bénéficier du nouveau programme d’éducation physique et sportive, avec une pratique du sport à raison de 5 heures par semaine pour les élèves. Le stade de la Vallée accueille à plusieurs reprises Jean Zay alors ministre de l’Éducation Nationale et député du Loiret, mais aussi Léo Lagrange. C’est le cas du 11 novembre 1936 en commémoration à la signature de l'Armistice où se déroule au stade de la Vallée une journée sportive présidée par les deux ministres mais aussi Pierre Dézarnaulds, sous-secrétaire d’État à l’Éducation Physique, député du Loiret et maire de Gien. Ce dernier jouera un rôle important dans le développement du présent complexe sportif. L'évènement comporte alors trois épreuves : rugby, cross et basket, les trois sports les plus représentés alors à « La Vallée » : athlétisme, rugby et football. Aussi, on peut relever la pratique très régulière du hockey sur gazon sur le terrain dédié au nord du stade.
Cependant, le stade municipal d’Orléans est régulièrement utilisé pour des rassemblements non-sportifs. C’est le cas de la fête du 11 juillet 1937 où le Front populaire réalise une fête champêtre, ou encore l'organisation de la kermesse par la Caisse des Écoles en septembre 1937 . Ainsi en moins d’une décennie, la propriété de la Vallée est devenue le théâtre très fréquent de manifestations sportives ou de rassemblements champêtres, rendu possible par l’investissement croissant des politiques publiques dans le domaine du sport et en particulier de la Ville d'Orléans. La construction de salles de culture physique permet même de donner divers cours, notamment d'arboriculture comme le relate le Journal du Loiret du 8 février 1936 .
Guerre, après-guerre et reconstruction
Situé à proximité de la gare de Fleury-les-Aubrais, le stade est endommagé à de multiples reprises en raison des combats de 1940 et des bombardements de 1944. Les dégâts sont considérables, avec un hangar détruit et l’ensemble des terrains endommagé. Le gouvernement de Vichy donne une importance relative à la remise en service rapide du stade dans un contexte de mise en avant de la pratique sportive au service de l'idéologie de l’État Français (Paul Dietschy).
Au lendemain de la Libération, les financements pour la Reconstruction sont en priorité alloués aux commerçants et habitants. Le stade est alors sommairement remis en état en 1946 mais souffre d’un manque d’entretien et de financement. Un projet de réaménagement est élaboré puis abandonné en 1954 par manque de crédit. Ce dernier prévoyait la rénovation des infrastructures et de la surface des terrains, et même l’installation d’une piste cycliste autour du terrain d’honneur. Par ailleurs, les infrastructures vieillissantes comme les vestiaires et les tribunes rendent particulièrement nécessaire la modernisation du stade.
Les réaménagements et modifications
Entre 1955 et 1956 est étudiée la construction des nouvelles tribunes avec des locaux intégrés. Les travaux sont réalisés en 1958. L’inauguration des nouvelles tribunes qui existent encore a lieu le 13 avril 1958. En 1959, les locaux sont aménagés pour être dotés de chauffage. La partie est du stade de la Vallée vers la gare de Fleury-les-Aubrais est réaménagée en 1959 et comprend un plateau de football et de volley-ball, mais aussi un plateau omnisport pour la pratique scolaire. En 1961 est remodelé le terrain d’entraînement au sud du stade, souvent utilisé pour la pratique du football et rugby puis par la suite utilisé comme terrain officiel du club orléanais de football Deportivo Espagnol. En 1962, la piste d’athlétisme accueille en son centre le nouveau terrain d’honneur mixte pour y pratiquer le rugby ou le football.
Un renouveau sportif
Les divers aménagements des années 1950 rendus possibles par la planification économique, c'est-à-dire l'organisation de l'économie sur une borne chronologique donnée, et la municipalité permettent de donner une nouvelle dynamique au stade. En effet, en février 1960 se déroule un tournoi où évoluent sur les différents terrains 120 joueurs de football. En mai 1963, on parle d’activité « nouvelle et heureuse » pour qualifier la fréquentation du stade. Aussi, « La Vallée » reste avant tout un terrain d’athlétisme, résumé par les quelques mots d’un usager régulier du stade au maire d’Orléans : « nous n’avons que lui [le stade] pour la pratique de l’athlétisme. ». Le stade accueille également en juin 1964 la fête nationale et annuelle des Lendits, fête populaire de la jeunesse sportive existant depuis la Troisième République.
En 1969 se termine le réaménagement de la piste d'athlétisme, passant de 450 à 400 mètres pour correspondre aux nouvelles normes en la matière. Le terrain d’honneur obtient ainsi l’homologation de la Fédération Française d’Athlétisme en 1970 après la fin des travaux, tandis que de nouveaux sautoirs et terrains ensablés sont mis à la disposition des athlètes. Ainsi, les manifestations sportives de grande ampleur reprennent, avec notamment le déroulement des Championnats d’Académie d’Athlétisme le 31 mai 1973 à « La Vallée ». Durant les décennies 1970 et 1980, la tenue de championnats régionaux et départements y est annuelle. En effet, ces championnats concernent aussi bien l’athlétisme que la pétanque. Certaines manifestations sont même d’ampleur nationale, notamment les 19 et 20 juin 1982 avec la tenue des Championnats de France de tir à l’arc des handicapés physiques. Le terrain de « La Vallée » est alors un terrain à la fois compétitif et scolaire disposant de multiples terrains. La fréquentation est telle qu'une note de service de la décennie 1960 évoque l'idée d'éclairage du stade pour permettre aux élèves de pratiquer le sport en soirée. La présence de nombreux terrains dédiés à différentes disciplines sportives constitue la principale raison de cette fréquentation scolaire, comme par exemple le lycée Pothier.
Des derniers aménagements modernes à Chapit’O
Une nouvelle entrée est réalisée en 1973 pour faciliter l’accès au stade. La piste d’athlétisme est dotée en 1991 d’un revêtement synthétique qui est ensuite renouvelé en 2000. La préférence du revêtement de la piste se fait pour celle au prix le plus abordable, au détriment de l'installation d'un revêtement haut de gamme.
Entre 2018 et 2019, le stade cède une partie de son terrain d’entrainement situé au sud, mais également une grande partie de l’est du stade, pour y aménager une aire évènementielle appelée Chapit’O. D’une surface de 37 000 mètres carré, cet espace accueille régulièrement cirques et fêtes foraines, ou encore de manière temporaire les expositions durant les travaux du Parc des expositions devenu CO'Met .
Le stade de la Vallée dispose encore à ce jour du terrain d’honneur avec la piste d’athlétisme, et du terrain de rugby utilisé par l’USO Rugby. Une partie boisée subsiste dans le stade, mais les autres multiples terrains ont laissé place à l'aire évenementielle installée en 2019.
Ainsi, les élèves des lycées orléanais profitent du complexe de « La Vallée » pour la pratique du demi-fond, relais ou course sur la piste d’athlétisme. Néanmoins, le terrain est devenu un complexe sportif de second plan en raison de l'émergence dès les années 1970 et 1980 de nouveaux aménagements plus spécifiques et proches du centre-ville d'Orléans comme le Palais des sports ou le gymnase Gaston-Couté.