Quand les trains déversent des flots d'hommes en gare d'Orléans

Classés chronologiquement, les rapports permettent de suivre l'avancée du conflit. La police municipale détaille les arrivées, départs et transits des trains en gare d'Orléans en comptabilisant précisément le nombre et la nationalité des soldats arrivant du front ou en partance ; le nombre et la nationalité des blessés, précisant parfois le lieu de la bataille ou la nature de leur blessure (gaz) ; le nombre et l'origine des réfugiés.

Ces flux permettent d'intégrer la situation locale dans la chronologie générale de la Première Guerre Mondiale en voyant notamment arriver en gare d'Orléans, les Américains, les bûcherons canadiens, la grippe aussi et puis repartir les réfugiés vers leur domicile.

La comptabilité établie par les policiers donne aussi un aperçu de l'intendance incroyable qui a dû être mise en place pour accueillir toute cette population militaire. Des milliers de soldats français, russes, américains, coloniaux transitent en gare d'Orléans, sont ravitaillés puis repartent pour le front, d'autres en reviennent et sont répartis dans les différents régiments orléanais ou de la région. Des milliers de prisonniers allemands, autrichiens, polonais arrivent puis partent du Camp des Groues pour travailler dans les fermes de la région ou dans les vignobles du Sud-Ouest. Des milliers de blessés français, belges, américains, mais aussi allemands ou alsaciens sont répartis dans les hôpitaux de la Ville, établissements temporaires ou spécialisés selon leur nationalité ou la gravité des blessures.

Chaque destination des hommes en transit étant transcrite dans les rapports de police, une cartographie à l'échelle de la France des flux de soldats serait même envisageable.

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