Les archives orléanaises : plus de 800 ans d'histoire

Les archives orléanaises : plus de 800 ans d'histoire

Les Archives d'Orléans : une histoire très ancienne 

Les Archives d’Orléans ont une histoire très ancienne, tant par la date des documents qui sont conservés dans ses collections, que par les travaux de gestion et de classement réalisés depuis l’Ancien Régime, ainsi que par la présence des archivistes de la Ville et du Département du Loiret qui se sont succédés depuis le 19e siècle.

Le document le plus ancien inventorié jusqu’ici date de 1183. C’est un diplôme sur parchemin qui porte la signature du roi de France, Philippe Auguste. Cet acte royal concède aux habitants d'Orléans, des baillages d'Olivet et de Saint-Jean du Coudray, de Rebréchien et de Gémigny, l’exemption de tous impôts, à l'exeption de la taille du pain et du vin.

Les archives détruites en juin 1940 

Si les archives orléanaises de l’Ancien Régime permettent de remonter à la fin du 12e siècle, une grande partie de la collection a été détruite durant la Seconde Guerre mondiale. C’est lors des bombardements du centre-ville d’Orléans en juin 1940 que le service des Archives départementales du Loiret de la rue d’Illiers subit de graves dommages. Une partie des archives d’Orléans, tout comme de nombreux fonds communaux et départementaux conservés dans les lieux disparaissent dans les incendies. C’est grâce à l’évacuation d’une partie des collections que certains documents ont été épargnés.

 

De nombreuses sources historiques orléanaises manquent aujourd’hui à la recherche, celles qui subsistent restent d’autant plus précieuses. Le rôle des archivistes successifs de la Ville et leurs travaux d’inventaire sont essentiels pour la connaissance du contenu des documents disparus. Il reste aujourd’hui un peu plus de 35 mètres linéaires d’archives qui n’ont pas été détruites. D’après le comparatif des inventaires rédigés avant, puis après les destructions, le nombre d’articles est passé de 1 600 à 165, soit 10% d’archives sauvegardées pour l’ensemble des séries anciennes de la Ville.

 

 

 

 

 

 

L'administration municipale

Peu de travaux ont été menés sur le statut et le fonctionnement du régime municipal d’Orléans sous l’Ancien Régime. En 1881, François Bonnardot, archiviste de la Ville, indique dans un essai que l’organisation de la cité est très peu connue jusqu’à la fin du 14e siècle par manque d’archives. Orléans fait partie du domaine royal et n’est pas une municipalité indépendante. Elle est gouvernée au nom du roi par des prévôts, baillis, sergents royaux, bourgeois, même si elle peut bénéficier d’une certaine autonomie en matière d’élection et de gestion courante. C’est à partir du 16e siècle qu’est créé l’office de maire pour la police et la justice urbaines (édit de Charles IX du 23 novembre 1568). Le premier maire, Jean Brachet est nommé par le roi lui-même en 1569. A partir de cette date, François Bonnardot distingue une nouvelle période de l’histoire du régime municipal, au cours de laquelle l’influence royale va s’accroître considérablement jusqu’à la fin de l’Ancien Régime en 1790.

 

De l'Hôtel des Créneaux à l'Hôtel Groslot 

Au début du 15e siècle, le corps de Ville se réunissait dans la Tour Saint-Samson du Châtelet. Le 22 mars 1442, les procureurs-échevins de la ville d’Orléans font l’acquisition, pour 600 écus d’or, de la maison des Créneaux dans laquelle se tiennent les séances du corps municipal depuis 1428. Progressivement, on procède à des agrandissements avec l’achat d’immeubles voisins, puis à la construction d’une tour de guet entre 1445 et 1455 (aujourd’hui le beffroi). Le bâtiment dont la façade est édifiée sur la rue Sainte-Catherine est achevé en 1513 et compte parmi les monuments emblématiques d’Orléans. Marqué par le style du début de la Renaissance, il est classé au titre des monuments historiques en 1840. L’Hôtel des Créneaux est le siège permanent de l’administration municipale de 1428 jusqu’à la Révolution. En 1790, la nouvelle administration s’installe dans l’Hôtel Groslot construit en 1530 par le bailli de ce nom.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Gestion des archives

 

Les inventaires d’archives fournissent peu d’indications sur la gestion et la conservation des archives durant l’Ancien Régime. A la fin du 17e siècle, on apprend que les documents se trouvent « dans un coffre qui est dans les archives de la ville ». En 1694, ordre est donné « de confectionner un inventaire des archives communales pour être remis aux greffiers des villes ».

 

Dans son ouvrage, Recherches historiques sur la ville d’Orléans publié en 1837, D. Lottin indique : « 3 janvier 1791. M. Pompon, officier municipal, a représenté que la municipalité allait être obligée de déplacer prochainement les archives de la ville qui étaient dans une des chambres de la tour de l’ancien Hôtel-de-Ville ; qu’il sera nécessaire de former, au nouvel Hôtel-de-Ville, un chartrier ; que ce déplacement de papiers était une occasion favorable pour mettre de l’ordre dans les archives ». La fonction d’archiviste est alors attribuée à Monsieur Dubois, chanoine de Sainte-Croix, qui se porte volontaire bénévole pour remplir cette mission.

Les archives de l'Ancien Régime rejoignent l'Hôtel Groslot après la Révolution

 

C’est à la Révolution française que le sort des archives est menacé par le vandalisme et les destructions révolutionnaires, les documents sont alors saisis comme biens nationaux pour garantir leur sauvegarde.

 

Le droit sur les archives et l’archivistique se développent en France à partir de cette période. Après la création du dépôt des Archives nationales en 1790, c’est la loi du 7 messidor an II (25 juin 1794) qui régit l’organisation des archives françaises pendant près de 2 siècles, jusqu’à la nouvelle loi du 3 janvier 1979. En 1794, le texte introduit le droit de libre accès aux archives : « tout citoyen pourra demander dans tous les dépôts, aux jours et heures qui seront fixés, communication des pièces qu’ils renferment » (article 37). Puis, la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) instaure la création d’un service d’archives dans chaque chef-lieu de département. Pour les communes, les frais de conservation des archives deviennent une dépense obligatoire. L’Ecole des chartes qui forme les archivistes est créée en 1821.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les transferts successifs des archives à la Bibliothèque, puis à l'ancien Evêché

 

Durant la première moitié du 19e siècle, les archives transférées à l’Hôtel Groslot ne semblent pas bénéficier d’une gestion active, ni même d’une grande surveillance. En 1831, le conseiller municipal et érudit, Jacques Martial Pelletier-Sautelet, demande que les archives n’ayant plus « aucun intérêt administratif » soient transférées à la Bibliothèque. Les archives d’intérêt historique connaissent alors des aléas liés à des déplacements successifs, dont les conditions restent peu connues.

 

La Bibliothèque située le long du Campo Santo étant détruite en 1914, les archives rejoignent l’ancien Evêché. La composition des fonds déplacés est également assez peu documentée. En 1843, le conseiller municipal Dupuis constate la disparition de certaines pièces et lance une nouvelle alerte sur la question de la conservation des archives. En 1846, la mission de « ranger » les archives est confiée à Eugène Bimbenet, greffier en chef de la cour royale et membre de la Société archéologique et historique de l’Orléanais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier poste d'archiviste à Orléans

 

C’est en 1862 sur les recommandations des Archives départementales que le premier emploi d’archiviste est créé à Orléans par le maire, Eugène Vignat. Le chartiste Paul Veyrier du Muraud est nommé le 28 juin 1863. Il organise le classement des archives en adoptant la classification méthodique. Deux archivistes paléographes se succèdent ensuite : François Bonnardot est nommé archiviste intérimaire le 1er février 1867, puis archiviste titulaire le 1er février 1868. Jules Rimasson qui lui succède le 1er avril 1869 est le dernier archiviste titulaire de la Ville. Suite à sa démission pour raison de santé, Tony Héron de Villefosse est nommé employé au bureau des archives le 28 septembre 1871. Eugène Félix Ulysse Merlin devient ensuite préposé aux archives modernes le 30 novembre 1872. Le 4 juin 1874, en l’absence d’un archiviste qualifié, François Alphonse Philéas Maupré, conservateur au département du Loiret, est chargé provisoirement et à titre gratuit de la conservation et de la communication des archives antérieures à 1790.

 

Après le départ d’Eugène Merlin vers 1880, les archivistes départementaux prennent le relai. Jules Doinel, puis l’historien de renom Camille Bloch et enfin Jacques Soyer poursuivent la rédaction des inventaires complets des archives anciennes d’Orléans, selon le cadre de classement règlementaire et commun à toutes les villes de France.

Les travaux d'inventaire aux Archives départementales

 

Jacques Soyer qui est né à Blois le 8 août 1870 est mort à Orléans le 29 mars 1950. Chartiste, il passe la plus grande partie de sa carrière au Département du Loiret, de septembre 1895 à la fin de l’année 1934. Avec Camille Bloch, il inventorie la quasi-totalité des registres paroissiaux (série GG). Il œuvre pour le dépôt intégral aux Archives départementales du Loiret des archives orléanaises anciennes (avant 1790), ainsi que des archives de la Révolution (1790-1815). Hormis les registres paroissiaux, les collections sont déposées entre 1920 et 1923 (ou 1924 ?) où elles sont toujours conservées depuis cette date. A la suite du dépôt, le récolement complet des collections est achevé par Jacques Soyer en 1924.

 

Un récolement établi par Géraud Lavergne en 1935 est le dernier état précis des archives de la Ville. Après les destructions de juin 1940, Rosine Cleyet-Michaud, conservateur aux Archives départementales, dresse le répertoire numérique détaillé des documents subsistants, cet inventaire est publié en 1989.

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