Julia, l'énigmatique photographe

Un homme, une femme ou les deux ?

L’intrigante recherche sur Julia, photographe, commença avec la demande d’un collectionneur. La question était a priori simple. Il ne trouvait pas d’élément sur Hyppolite Julia, peintre et photographe et son épouse Félicie Boullot. La dernière trace qu’il avait d’eux était à Orléans dans le recensement de 1901. Il nous demandait donc de consulter les listes électorales ou tout autre document lui permettant de lui donner des indices et relancer son enquête sur Hyppolite Julia, photographe.

Mais cette demande nous intrigua immédiatement. A Orléans, Julia photographe est bien connu. Il existe de nombreux clichés de cet auteur. Au moins une carte postale illustre l’immeuble dans lequel il y avait son magasin, boulevard Rocheplatte. Mais, Julia photographe n’est pas un homme ! C’est une femme. Dans une lettre datant des premiers jours d’août 1914, Julia photographe écrit au Maire pour demander l’évacuation de son employé Eugène Figurski et la protection de son magasin. Elle y évoque son patronyme : Lecoustey. Elle se désigne elle-même comme Julia Lecoustey.

Nous décidons donc de reprendre méthodiquement les parcours d’Hyppolite Julia, de Félicie Boullot et de Julia Lecoustey.

Nous commençons par Hyppolite Julia. Comme notre chercheur, nous le retrouvons bien dans le recensement de population d’Orléans de 1901. Il vit avec Félicie Boullot. On ne le retrouve pas dans les recensements suivant à l’adresse précédemment indiquée. Il ne figure pas non plus sur les listes électorales ni dans les almanachs et annuaires. On ne trouve pas non plus sa trace dans les registres d’état civil. La recherche sur Félicie Boullot ne donne rien non plus.

Nous concentrons donc notre réflexion sur Julia Lecoustey pour laquelle nous disposons de plus d’éléments. Et c’est là qu’en creusant et en accumulant les éléments, nous apprenons que Julia Lecoustey s’appelle en fait Félicie Blanche Lecoustey. Elle est née à Canisy dans le département de la Manche le 10 août 1873, de Pierre Anselme Lecoustey, aubergiste et de Victorine Boullot. Ainsi, alors qu’elle demeure avec Hyppolite Julia, elle se fait appeler de son vrai prénom « Félicie » et du nom de jeune fille de sa mère « Boullot » !

Alors qu’il n’y a plus trace d’Hyppolite, on retrouve Félicie Boullot à la même adresse que la veuve du photographe Touzery, sans savoir si elle en est l’employée ou l’associée. D’ailleurs, elle ne se fait plus appeler Félicie Boullot mais Félicie Lecoustey. L’agent recenseur a d’ailleurs indiqué en marge « demoiselle ». Quelques temps plus tard, elle reprend même l’affaire de la veuve Touzery à son compte. Les documents la désignent clairement comme successeur de Touzery.

La mort de Julia, qui survient l’année de ses 47 ans, est tout aussi énigmatique. Le Journal du Loiret indique qu’elle décède rue Ladureau à Orléans le 18 février 1920. Son domicile est alors 8, place Gambetta, siège de son magasin et de son atelier. Le Journal du Loiret la nomme Julia Blanche Lecoustey et non pas Félicie Blanche Lecoustey.

Pourquoi Félicie Lecoustey a choisi de se faire recenser au nom de jeune fille de sa mère alors qu’elle vivait avec Hyppolite Julia ? Dans quelles circonstances sont-ils arrivés à Orléans alors qu’ils étaient tous deux originaires de la Manche ? Comment se sont-ils séparés ? Qu’est devenu Hyppolite Julia et pourquoi Félicie a-t-elle choisi de prendre le nom de son ancien conjoint ? A ce jour, ces questions restent sans réponse ! Mais nous serions intéressées par tout indice ou nouvelles informations !

En savoir plus sur Félicie Lecoustey dite Julia.

Magasin et atelier de Julia, 94 boulevard Alexandre Martin. Carte postale. (AMO, 2Fi 1948)
Magasin et atelier de Julia, 94 boulevard Alexandre Martin. Carte postale. (AMO, 2Fi 1948)

Date de modification : 27 janvier 2018

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