Bon anniversaire 1848 !

Commémorer l'avènement de la Seconde République

La révolution de 1848 dite aussi « révolution de Février » se déroule à Paris du 22 au 25 février 1848. Sous l'impulsion des libéraux et des républicains, une partie du peuple de Paris se soulève et prend le contrôle de la capitale. Le Roi Louis-Philippe refuse de faire tirer sur les Parisiens et abdique finalement en faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans, le 24 février. Le même jour, la Seconde République est proclamée. Un gouvernement provisoire est mis en place, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet. Le 4 mai, l'Assemblée nationale proclame à nouveau et officiellement la République. Cette date devient symboliquement la date de l'avènement de ce nouveau régime.

Un an plus tard, le pouvoir central instaure la "Fête anniversaire de la proclamation de la République". Sous l'égide des préfets, les municipalités sont chargées d'organiser l'évènement. Cette fête suit de quelques semaines la célébration de l'anniversaire des journées de février 1848 qui ont conduit à la révolution et à la fin de la Monarchie de Juillet. Célébrer le régime n'est pas nouveau. Sous la Monarchie de Juillet, entre autres exemples, on célèbre la fête du Roi ou encore l'anniversaire des journées de juillet 1830. Fêter le régime est une manière d'y faire adhérer les populations, de leur en faire prendre conscience, à une heure où les médias ne sont pas développés.

La lecture de l'affiche orléanaise, datée du 30 avril 1849, annonçant la fête de la proclamation de la République donne le sentiment d'un évènement relativement sobre loin d'un très grand rassemblement festif à destination de la population, comme on peut le voir sur d'autres affiches célébrant d'autres commémorations. En outre, le début du 19e siècle a été rythmé par les soulèvements populaires. Si rassembler idéologiquement la population autour de l'anniversaire de 1848 est important pour le pouvoir en place, rassembler physiquement, faire naître la foule dans les rues, peut être une menace.

Le 4 mai 1849 tombe un vendredi, probablement jour non chômé. Durant la journée, la cérémonie est assez conservatrice. Elle se décline sous le double aspect religieux et militaire. Un Te Deum est chanté en la cathédrale Sainte-Croix. Pour mémoire, le Te Deum est un hymne latin chrétien chanté à l'occasion de services solennels d'action de grâce pour remercier Dieu, ce qui nous rappelle qu'en 1849, la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est pas encore à l'ordre du jour. Parallèlement, une salve traditionnelle de 21 coups de canon, synonyme d'un salut d'honneur est tirée. Ensuite, la garde nationale et les troupes sont passées en revue sur les boulevards entre la porte Bannier et la porte Saint-Jean, soit à l'emplacement de l'actuel boulevard Rocheplatte.   

Les festivités à destination de la population se concentrent, quant à elles, sur la place du Martroi. Elles tiennent dans la mise en place de mâts de cocagne, divertissement populaire encore très en vogue à cette période. Il s'agit de grimper à des mâts au sommet desquels il faut attraper des objets ou des friandises, souvent attachés à une roue. Un feu d'artifice, spectacle assez exceptionnel pour l'époque, est tiré de la place le soir. 

En guise de décor urbain, les monuments publics sont illuminés, sans doute avec des lampes à huile ou des bougies, puisqu'en 1849, le réseau électrique n'est pas encore en place. Les habitants sont invités à faire de même sur leurs maisons. Les édifices publics sont également pavoisés des "couleurs nationales". Rappelons qu'après avoir été abandonné sous la Monarchie de Juillet, le drapeau tricolore, composé de bleu, de blanc et de rouge, est à nouveau le symbole du pays depuis 1848 et l'appel du poète Lamartine à recourir à nouveau à ces couleurs.

Les Archives d'Orléans ne conservent pas de dossier relatif à l'organisation de la manifestation du 4 mai 1849. Le Journal du Loiret, quant à lui, ne donne pas de compte-rendu détaillé et ne donne pas plus d'information que l'affiche sur cette journée de commémoration à Orléans. 

Date de modification : 2 novembre 2018

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