Evoquer les peuples alliés

Les manifestations publiques sont l’occasion d’évoquer les peuples dont les territoires sont occupés et les nations alliées à la France sur le plan militaire. Il n’est pas rare que pendant les spectacles les musiques jouées évoquent ces peuples. Ainsi, La Brabançonne, hymne national belge, revient très souvent au côté de chants russes, de marches écossaises ou encore de l’hymne anglais God save the King.

En 1916, le Comité national du secours organise une journée pour le peuple serbe. En effet, la guerre fait rage également sur le front des Balkans où les troupes françaises sont engagées. Par ailleurs, des conférences sont données sur le thème de l’Alsace-Lorraine. Pour mémoire, le territoire d’Alsace-Lorraine a été cédé à l’empire allemand à la suite de la défaite française en 1871. L’esprit de revanche français est animé en particulier par l’idée de récupérer ce territoire pour le rattacher à la France.

La Belgique, pays envahi, est aussi célébrée à travers différentes manifestations. Le 10 avril 1916, c’est tout d’abord la fête du roi Albert. L’Alhambra donne une représentation au profit des soldats et réfugiés belges. Des acteurs de la Comédie-Française et de l’Opéra interprètent La Reine de Saba de Gounod, En Avant de Déroulède ainsi que des œuvres de Camille Saint-Saëns et Léo Delibes. En juillet de la même année, le Comité national Belge de secours aux réfugiés et la Ville d’Orléans organisent différentes animations, en particulier en direction des enfants, dans le cadre de la fête nationale de la Belgique.

L’Italie, un temps resté neutre face au conflit, s’engage au côté de la Triple Entente – France, Russie et Angleterre – au printemps 1915. Là encore, les spectacles proposés à Orléans illustrent cette alliance. La diffusion du peplum Cabiria, du nationaliste Gabriele d’Annunzio, futur héros de la Première Guerre mondiale, ainsi que l’organisation d’un Grand gala franco-italien en sont le témoignage.

L’entrée en guerre des Etats-Unis au printemps 1917 est saluée par le pavoisement des monuments publics. A cette époque, la Croix-Rouge américaine est stationnée à Orléans, dans l’ancien Evêché, rue Dupanloup. Le 4 juillet 1917, pour la fête de l’Indépendance, fête nationale américaine, les bâtiments publics sont à nouveau pavoisés. En 1918, cette fête fait l’objet d’une grande cérémonie à Orléans. Un détachement de 800 soldats américains arrive en ville. Une revue a lieu boulevard de Verdun puis un défilé emprunte la rue Bannier, la place du Martroi, les rues Royale et Jeanne-d’Arc. Dans la cour de l’hôtel de ville, l’Armée américaine exécute La Marseillaise et l’hymne américain. Le cortège repart ensuite par la rue d’Escures, la place du Martroi, la rue de la République pour achever sa marche à la caserne Dunois, rue du Réservoir (actuelle rue Marcel-Proust).

Le rapport de police du 5 juillet indique que c’est devant « une foule considérable » et « un grand enthousiasme, que les soldats américains ont défilé. Ils ont été très acclamés ». Des fleurs leur étaient lancées par la population. Pour mémoire, la célébration du 14 juillet et les fêtes de Jeanne d’Arc sont, quant à elles, très restreintes depuis 1914. Les réjouissances offertes à l’occasion de la fête nationale américaine sont sans nul doute un grand signe d’espoir pour les Orléanais. Le rapport indique également que le 4 juillet après-midi, une foule de 15 000 personnes assistent au concert donné par la musique américaine au kiosque du boulevard Alexandre-Martin.

Par ailleurs, l’Armée d’Afrique et les troupes coloniales font aussi l’objet de manifestations. Des tombolas sont organisées dans le but de fournir des objets de premières nécessités aux troupes. L’Algérienne, société de visites et de secours aux blessés, organise également des concerts et des récitals à Orléans pour lever des fonds et faire découvrir une partie de la culture arabe.

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