Informer, dénoncer et divertir

Les manifestations publiques proposées aux Orléanais ont pour but de les informer. C’est le cas notamment de plusieurs conférences comme celle sur le thème de l’or et l’emprunt national, qui a lieu le 9 octobre 1916 ou encore une conférence sur la cause de la guerre et le travail des femmes en date du 17 juin 1917. Il s’agit là de thèmes qui rejoignent les préoccupations nationales. Ainsi, la conférence sur l’or et l’emprunt national a sans doute pour but d’inviter les Orléanais à souscrire l’emprunt nécessaire à la défense du pays. La conférence intitulée « En face le péril !! » organisée par la Ligue nationale contre l’alcoolisme à L’Alhambra, le 25 avril 1917 a, quant à elle, pour objectif de sensibiliser la population aux ravages de l’alcool.

La Société nationale du chien sanitaire et chiens de guerre propose, par ailleurs, une causerie et une démonstration au vieux cimetière, c’est-à-dire à l’ancien cimetière Saint-Vincent (actuel parc Louis-Pasteur), occupé par l’Armée. C’est une façon d’informer la population sur le rôle des chiens au front et de rappeler, sans doute, que chaque propriétaire peut prêter ou donner son animal à l’Armée afin que celui-ci serve à la défense nationale.

On note également que l’information donnée à la population reste encadrée, même si on ne sait pas dans quelle proportion. Ainsi, le film intitulé La lutte contre les gaz asphyxiants est interdit par le Ministère de l’Intérieur. L’objectif est de ne pas paniquer la population. En effet, il y est question de la façon dont l’Armée allemande propage les gaz de combat au mépris de la convention de La Haye. Le film montre les moyens mis en œuvre par l’Armée française pour se protéger. Il évoque également les civils et notamment les enfants qui pourraient devenir des victimes innocentes.

Les illustrations qui figurent sur certains programmes ainsi que les œuvres présentées lors des spectacles interrogent. Les organisateurs ont-ils voulu faire passer des messages et notamment, dénoncer la guerre et certains de ces aspects en particulier ? Ainsi, le programme de l’hôpital-dépôt de convalescents du quartier Louis-Rossat montre un tirailleur sénégalais assis sur les affaires d’un soldat allemand, symbolisé par un casque à pointe. Derrière une palissade, un soldat français agite sous le nez du tirailleur, des marionnettes équipées de bâton, comme dans Guignol. L’auteur a-t-il voulu indiquer qu’on manipulait les troupes coloniales ?

Dans le même ordre d’idées, Pierrot, valet naïf de la Comedia dell’Arte, est équipé d’un fusil et d’une besace sur un programme de L’Alhambra datant de 1917. Là encore, l’image interroge. Evoque-t-elle tout simplement les artistes engagés dans le conflit ou bien par l’intermédiaire de Pierrot, valet naïf et doux rêveur, est-ce une façon de dénoncer l’envoi des soldats à la mort ?

Les programmes de salles de spectacles orléanaises donnent également un aperçu du type de spectacles offerts à la population et aux troupes : pièces de théâtre de la Comedia dell’Arte, films de cinéma parmi lesquels les Orléanais découvrent l’acteur débutant Charlie Chaplin ; revues comiques et acrobates qui animent les music-halls. Les quelques programmes conservés par les Archives municipales nous offrent un aperçu très animé de la vie orléanaise. La programmation est diversifiée et les imprimés sont colorés. On est bien loin du quotidien des soldats au front. Le spectacle continue et ainsi la vie aussi.

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