Le premier Jardin de botanique

Le premier Jardin de botanique

28 avril 1781 - La Société de physique établit le premier Jardin de botanique d'Orléans, sur la rive nord, au Jardin de la Ville

L’origine du Jardin de botanique remonte à la fin du 18e siècle. En 1781, la Société de physique, d’histoire naturelle et des arts d’Orléans est fondée à l’initiative de médecins, apothicaires, juristes et anciens officiers de l’armée ou de la marine.

Cette Société, dont le but est de promouvoir les sciences physiques, est reconnue par arrêt du Conseil d’Etat du 20 mars 1784.

Le 28 avril 1781, messieurs de Saint Mesmin et Bigot de Morogues présentent le projet de la Société à la municipalité et obtiennent l’autorisation d’établir le Jardin de botanique à l’emplacement du Jardin de la Ville.

En effet, l’étude de l’histoire naturelle et particulièrement de la botanique, nécessite de pouvoir cultiver différentes plantes et arbustes. 

Les maire et échevins accordent à la Société de physique la jouissance du jardin pour neuf années consécutives, aux conditions et sous les réserves suivantes :

« 1° Les maire et Echevins se réservent l’usage du jardin pour en disposer comme ils ont accoutumé de faire

2° Le jardin continuera d’être ouvert au public comme par le passé

3° La Société fera à ses frais toutes les dépenses nécessaires pour l’établissement

4° Ladite Société ne pourra faire aucun changement dans ledit jardin, ni arracher aucun arbre sans le consentement des maire et Echevins

5° A l’expiration de la présente concession ou dans le cas où la Société viendrait à se dissoudre, le jardin restera dans l’état ou il sera alors, sans que les associés ne puissent rien emporter, si ce n’est les objets qui peuvent être enlevés sans aucune dégradation

6° La Société sera libre de se servir du jardinier concierge du dit jardin de la Ville, ou d’en choisir un autre si elle le juge à propos, et dans ce cas, celui qu’elle choisirait ne pourrait avoir son logement dans le dit jardin

7° Dans le cas où l’emplacement du jardin deviendrait nécessaire à l’utilité publique, les maire et Echevins se réservent le droit d’y rentrer même avant l’expiration des neufs années. Les maire et Echevins se chargent de l’entretien de la maison, des murs, terrasse et du puits comme ils ont accoutumé ».

 Vue d'Orléans en aval du pont d'Orléans (détail). 1800-1824. Aquarelle et estampe sur papier. D'après Jacques Pierre François Salmon. Orléans, Musée des Beaux-Arts, MO.1367bis © François Lauginie
Vue d'Orléans en aval du pont d'Orléans (détail). 1800-1824. Aquarelle et estampe sur papier. D'après Jacques Pierre François Salmon. Orléans, Musée des Beaux-Arts, MO.1367bis © François Lauginie

Tout à gauche, on aperçoit le trés haut bâtiment du Jardin de botanique qui se détache sur le feuillage des arbres.

La situation du Jardin

Etabli sur les remparts, le Jardin est situé à l’arrière de la porte Saint-Laurent et bénéficie d’une situation privilégiée. La terrasse qui surplombe la Loire offre une vue panoramique sur le val et les alentours, la grande entrée se fait par la rue des Turcies. L’emplacement, d’une superficie d’environ 4 000 mètres carrés d’après le cadastre de 1823, est doté d’un puits et d’une glacière (parcelles 190 à 193).

Un bâtiment de 200 mètres carrés dispose d’une grande salle de réception qui est utilisée par la municipalité ainsi que des annexes. Un hangar est mis à disposition de la Société de physique pour déposer les plantes et arbustes pendant l’hiver. Par la suite, en 1788, des serres chauffées sont installées au rez-de-chaussée du bâtiment. 

Vue du quai Saint-Laurent à Orléans. Prise de la terrasse du Jardin des plantes. 1813.
Estampe. Jacques Pierre Salmon. Archives du Loiret, 5Fi302b
 

La botanique et les botanistes 

Sous l’impulsion de la Société de physique, la mise en place du Jardin de botanique s’opère grâce au développement d’un réseau professionnel actif sur tout le territoire national.

Les jardins botaniques du royaume pratiquent l’échange de graines et de plantes, tout comme la réciprocité du savoir.

Des catalogues sont imprimés pour faire connaître l’évolution des collections et faciliter les échanges. Celui d’Orléans, daté de 1784, s’intitule : Hortus Aurelianensis.

A ses débuts, la mise en culture du terrain est supervisée par un membre de la Société nommé Roussel. Il recrute le premier jardinier, Claude Honoré Gaucherot, sur la recommandation d’André Thouin, responsable du Jardin du roi à Paris. Comme en témoignent les différents catalogues et inventaires conservés dans les archives de la Ville, un très grand nombre d’espèces est cultivé à Orléans.

Le jardin s’accroît progressivement en plantes potagères et ornementales, ce qui présente un intérêt pour les pépiniéristes. Certains jours, on procède à des ventes de graines et de plantes en pot. Enfin, le jardin se fournit en plantes exotiques qui arrivent de tous les continents pour être acclimatées en Europe : Amériques, Afrique, Nouvelle-Hollande (Australie), Asie.

Louis-Pierre Couret de Villeneuve

(1749-1806) 

Membre de la Société de physique, botaniste, Louis-Pierre Couret de Villeneuve est le plus important imprimeur-libraire d’Orléans. Il est né dans cette ville le 29 juin 1749, et meurt le 20 janvier 1806 à Gand en Belgique où il dirigeait le Jardin botanique.

En mars 1783, il publie une brochure : Instruction sur l’ordre et l’arrangement du Jardin botanique établi au Jardin de la Ville d’Orléans. Une mention indique que le guide est distribué gratuitement aux visiteurs afin qu’ils puissent prendre connaissance des plantes cultivées dans le jardin.

Ce petit livre figure parmi les rares sources historiques connues relatives au premier Jardin de botanique d’Orléans. Il témoigne de la double vocation du jardin, à la fois dédié à l’agrément et à la promenade, tout aussi bien qu’à la connaissance de la botanique, une science de pointe très en vogue au 18e siècle.

L’instruction

Lieu de promenade, le Jardin de botanique est aussi un lieu de formation, d’étude et d’observation des plantes nouvelles. La démarche scientifique s’attache à leur description et à leur classification, ce que l’on nomme la taxinomie.

Le catalogue du Jardin de botanique d'Orléans qui est rédigé par le jardinier Gaucherot en 1804, suit le nouveau système de Jussieu.

La classification botanique de Jussieu : Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) est professeur au Jardin du roi, puis directeur du Muséum national d’histoire naturelle. En 1789, il publie un ouvrage majeur, Genera plantarum, où il propose une classification des plantes, fruit de 17 années de recherches.

Dès 1784, la Société de physique propose des conférences publiques, ainsi que des cours et des démonstrations de botanique aux étudiants en médecine, chirurgie et pharmacie. En 1794, des cours de physique, chimie et sciences botaniques sont à nouveau enseignés à la demande des élèves de l’Hôpital militaire d’Orléans. C’est à partir de 1818 que la municipalité institue un cours élémentaire public et gratuit de science botanique, cours dispensé durant de nombreuses années par le docteur Pelletier.

1806 - Le Jardin de botanique est repris par la Ville 

Au tournant du 19e siècle, le Jardin est menacé par les troubles révolutionnaires. La Société de physique disparaît faute de moyen et ses membres quittent Orléans.

En France, des mesures sont prises sous la Convention pour la protection des jardins botaniques (inventaire et catalogue national). En 1794, celui d’Orléans qui devient Jardin national est rattaché à la nouvelle Ecole centrale d’Orléans, puis au Lycée. En 1806, il est restitué à la Ville qui en reprend l’administration. 

A son arrivée en 1808, le nouveau jardinier Jacques Médard Gaillard dresse un état des plantes exotiques et du matériel dont dispose l'établissement. Il complète le catalogue par la liste des accroissements qu'il réalise jusqu'en 1814.

En 1816, le jardin connaît une nouvelle impulsion avec la nomination de deux conservateurs : Jules de Tristan, naturaliste et Jacques Martial Pelletier-Sautelet, docteur en médecine. La Ville réalise également de nouveaux aménagements et investit notamment dans la construction d’une nouvelle serre.

Les nouveaux administrateurs poursuivent l’œuvre de leurs prédécesseurs : ouverture quotidienne des allées au public, enrichissement des collections, enseignement, constitution d’un herbier, diffusion des graines et des végétaux.

1832 - Du Jardin de botanique à l’entrepôt réel de douanes

Le 26 octobre 1832, une ordonnance royale accorde un entrepôt réel de douanes à la Ville d’Orléans. Si l’entrepôt est établi provisoirement dans les bâtiments de l’église Saint-Euverte, la municipalité veut hâter la mise à exécution de ce projet très attendu, car il vise à favoriser l’activité et le développement du commerce maritime.

Son établissement est prévu en aval du pont, au port principal d’Orléans, près du point de débarquement de toutes les marchandises qui arrivent par la Loire. L’emplacement du Jardin près du fleuve est idéal.

Dès le début de l’année 1832, les dispositions sont prises pour assurer le devenir des végétaux du Jardin de botanique. Le Conseil municipal accepte l’offre de la commission des Hospices de transporter provisoirement les plantes dans le terrain de l’ancien Moulin de l’Hôpital situé entre la rue Porte Madeleine et la rue Porte Saint-Jean.

1832 - Le Jardin de botanique vers son nouvel emplacement

Dès 1832, une commission municipale est nommée afin de chercher l’emplacement adapté au nouveau jardin, projet considéré à la fois sous le rapport de l’instruction et comme jardin public et d’agrément.

Le 27 novembre 1832, la commission présente au Conseil municipal les avantages d’un terrain situé au sud de la Loire appartenant à l’administration des Hospices :

 « Ce nouvel emplacement est situé à l’extrémité du quai Tudelle, immédiatement à l’entrée du chemin neuf et au pied de la levée, à partir du bureau de l’octroi qui lui est contigu (…). Le sol est de bonne qualité, profond, très meuble, un peu frais sans être humide, et, malgré les apparences, entièrement à l’abri des plus fortes inondations des eaux de la Loire. Les eaux n’y sont pas profondes et les puits y sont multipliés (…). Ses abords par le quai sont faciles et agréables en tout temps et de plus il se trouve dans un quartier bien fréquenté. Au Nord, il est abrité par la levée : il est libre à l’Est comme au Midi et c’est à peine s’il a quelque chose à redouter de la grande route que le vent d’Ouest et du Sud-Ouest transportent presque entièrement du côté opposé (…) ».

Sur cette vue du port d'Orléans en 1840, on découvre le nouveau bâtiment de l'entrepôt réel de douane construit sur l'emplacement du Jardin de la ville et qui remplace désormais le Jardin de botanique (2ème bâtiment en partant de la gauche).

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