Une double vocation : Jardin de botanique et d'agrément

Une double vocation : Jardin de botanique et d'agrément

1849 - L’administration et la vocation du jardin


Après une quinzaine d’années d’existence, le Jardin des plantes est en plein essor. En 1849, le conseil municipal nomme cinq conservateurs pour en assurer la direction.

Les administrateurs représentent à la fois les domaines de la science et de l’agriculture. A cette époque, sont désignés Jacques Martial Pelletier-Sautelet et François Gabriel Thion, botanistes et docteurs en médecine, ainsi que Charles Alexandre Jullien-Crosnier et un nommé Desse, respectivement secrétaire et trésorier de la Société d’agriculture. Jules de Tristan est nommé conservateur honoraire.

La commission administrative est présidée par le maire qui désigne chaque année un vice-président et un secrétaire au sein du conseil municipal.

 

Une vocation plurielle


Le parc public est destiné à la promenade, le Jardin botanique à l’acclimatation et à la diffusion des plantes, tout comme à la recherche et à l’enseignement.

Dès le 19e siècle, on produit déjà les plantes pour la décoration des squares, jardins et promenades de la ville.

 

Le règlement du 1er août 1849


Il nous apprend que la partie destinée aux promeneurs est ouverte au public tous les jours, l’école et les serres les lundis et jeudis.

Des échantillons peuvent être remis aux personnes s’intéressant à la botanique, une distribution de graines est faite chaque année aux amateurs fleuristes et pépiniéristes. Le Jardin des plantes de Paris participe à la fourniture des graines et des plantes.

Une gestion stricte est exigée du jardinier en chef qui doit tenir un inventaire et consigner sur un registre-journal l’ensemble des acquisitions, échanges, pertes et mouvements des végétaux. Le jardinier est également tenu de dessécher au moins deux échantillons de chaque plante pour réaliser un herbier qui est consultable sur place par toute personne.

 

 

Jules de Tristan (1776-1861)


Jules Marie Claude, marquis de Tristan, est né le 26 avril 1776 à Orléans où il meurt le 24 janvier 1861. Son père, Nicolas Marie, marquis de Tristan est maire de la ville de 1789 à 1791. Jules est formé à l’Ecole des mines et développe de vastes connaissances dans les domaines des arts, des sciences et des lettres. Il publie de nombreux mémoires sur des sujets très variés : les sources du Loiret, les bulbes, les crustacés, l’arboriculture, la botanique, la flore orléanaise, la géologie dans le Gâtinais, etc.

 

Il dirige le Jardin de botanique implanté au nord de la Loire pendant plusieurs années. Naturaliste renommé au début du 19e siècle, il réalise un herbier qui comprend 200 cartons de 55 x 0,35 centimètres et qui est notamment constitué de plantes séchées de Guyane rapportées en France par le botaniste Aublet. 

 

L’herbier est aujourd’hui conservé au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Suite à la demande de l’établissement, le conseil municipal d’Orléans donne son accord le 4 août 1953 pour y transférer l’herbier compte tenu de son intérêt scientifique indiscutable. L’objectif du muséum est alors d’en favoriser la consultation, mais également de compléter ses propres collections déjà dotées de l’herbier de Jean-Jacques Rousseau.

Le développement du jardin


Achats, dons et échanges de plantes


Au milieu du 19e siècle, le Jardin des plantes d’Orléans est déjà riche par son école de botanique et par un système complet de serres de 85 mètres de long.

 

Pour étendre les plantations, la municipalité obtient le concours gratuit de nombreux pépiniéristes et horticulteurs amateurs. Ainsi, elle reçoit en don une collection d’orchidées, un agave d’Amérique, des cactées, des orangers, un palmier, etc.

 

Comme stipulé dans le règlement de 1849, le Muséum de Paris fournit une collection d’arbres, d’arbustes et de plantes. Le Jardin du roi à Paris et le Jardin privé du roi à Neuilly-sur-Seine envoient des plantes et des boutures. La Ville se pourvoit également chez les horticulteurs et fleuristes d’Orléans et de la région.

L’agronomie : un enjeu alimentaire


Le département du Loiret alloue des subventions à la municipalité qui est tenue de faire des expérimentations au Jardin des plantes : cultiver des graminées et légumineuses destinées à l’amélioration des prés et pâturages dans les terrains secs du département ; établir une école permanente de culture de pommes de terre de toutes les espèces connues ; fournir sur demande et gratuitement des semences aux agriculteurs du département ; étudier la maladie des pommes de terre ; continuer la culture des plantes fourragères ; établir une école permanente de greffe et de taille d’arbres fruitiers, etc. Beaucoup de ces projets n’aboutissent pas.

Sous le Second Empire, Napoléon III encourage et soutient également le développement agricole. En 1859, la Préfecture adresse des graines de Chine pour faire des essais de mise en culture au Jardin des plantes.

« l’Empereur vient de recevoir un second envoi de graines de végétaux cultivés en Chine dont la propagation peut être utile à notre pays. Je vous ai déjà entretenu du haut intérêt que sa majesté attache aux tentatives qui sont de nature à accroitre les ressources de l’agriculture française en multipliant le nombre de diversité de nos plantes fourragères ou alimentaires ». Extrait de la lettre du ministre d’Etat de la maison de l’Empereur au préfet du Loiret le 27 avril 1859.

A la fin du 19e siècle, ce sont les espèces végétales provenant des colonies qui suscitent l’attention en raison de leur intérêt économique. L’Institut national d’agronomie coloniale de Nogent-sur-Marne est fondé en 1899 pour rassembler et étudier ces plantes tropicales. En 1932, son directeur adresse à Pierre Louis Cuisance, le directeur des Jardins et promenades de la Ville d’Orléans, un colis de 85 plantes vivantes, représentant 49 espèces de végétaux des colonies françaises.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 4 septembre 1875, une trentaine d’orangers est vendue aux enchères. En effet, à cette époque, les collections du Jardin des plantes sont à l’étroit et  il s’avère nécessaire de faire de la place dans la serre chaude.

La Société d’horticulture d’Orléans


La Société d’horticulture d’Orléans est fondée en 1839 par le magistrat orléanais Pierre Félix Porcher. Son but est de contribuer à l’amélioration des cultures des pépinières, des potagers, des plantes de terre, des arbres, des arbustes et des fleurs propres à embellir les jardins. Pour créer une émulation parmi les horticulteurs, la Société décerne médailles et récompenses aux établissements horticoles. Tous les progrès sont encouragés, aussi bien en matière de fabrication de machines agricoles et d’outils, que d’amélioration des procédés de culture, de modernisation des serres, etc. Elle favorise également l’instruction des garçons jardiniers.

La Société participe à l’administration et à l’évolution du Jardin des plantes dont les expérimentations représentent des enjeux importants pour l’horticulture de la région orléanaise. Son premier bulletin est publié en 1840.

« Delaire [jardinier en chef] annonce la floraison de quatre bananiers ordinaires, après quinze mois de plantation, l’un deux supportant un régime de 82 bananes ; il cite encore comme floraison assez extraordinaire celle d’un Urtica baccifera provenant d’une bouture donnée par M. Lhomme, jardinier en chef de l’Ecole de Médecine de Paris. La plante en fleur a un mètre de hauteur. Il annonce enfin avoir obtenu cette année la fructification de l’Anona cherimolia, déjà citée dans les bulletins de la Société par M. Jullien. Il fait observer que cette plante mérite l’attention des horticulteurs qui cultivent les fruits exotiques comme primeurs, et que le système de chauffage adopté dans les serres d’Orléans serait de la plus haute importance pour la culture des fruits forcés ».

Extrait de la Séance du 6 novembre 1842, p. 113. Bulletin de la Société d’horticulture d’Orléans, N°4.

1878 - L’orangerie est transformée en serre à palmiers

 

D’après le registre des délibérations de la commission administrative, l’établissement affiche un bon résultat en 1878 malgré un budget contraint. Les chiffres indiquent que 1 400 espèces de végétaux exotiques sont entretenues dans les serres, 1 600 plantes à l’école botanique et que 2 500 plantes sont produites pour les promenades de la ville. La capacité des serres devient insuffisante, en surface et surtout en hauteur. Il est décidé de transformer l’orangerie en serre à palmiers en la rehaussant de 7 à 11 mètres tout en l’équipant d’un plafond de verre pour fournir de la lumière.

 

 

En 1985, après plus de cent ans d’existence, le plafond de verre du 19e siècle est en mauvais état. De nombreux carreaux sont fendus et les chutes de verre présentent un réel danger. Un marché est passé avec l’entreprise spécialisée, Hager, de Villecresnes (Val-de-Marne) pour refaire entièrement le plafond dans un matériau incassable.

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