Restauration, numérisation et exploitation des fonds

Restauration, numérisation et exploitation des fonds

Conserver pour transmettre

           

Si la mission première de l’archiviste est d’assurer la conservation des documents, la finalité est bien celle de transmettre ce patrimoine, tout en garantissant sa préservation dans le temps. C’est une politique globale qui doit être conduite par les services d’Archives pour assurer ces missions.

 

En 2008-2009, une série de travaux de recherche est menée dans le cadre de la préparation d‘une exposition d’ampleur initiée par la municipalité : « Orléans, une ville de la Renaissance ». C’est une première occasion de valoriser les fonds anciens de la Ville et de les présenter au public sous forme authentique, en lien avec l’ensemble des collections patrimoniales des établissements orléanais et des Archives départementales.

 

Parallèlement, des travaux de récolement sont effectués sur la série des registres paroissiaux (série GG) en vue de la numérisation des documents par le Département du Loiret. Conduit par la volonté de diffuser et de mettre en valeur cette collection, cet important projet est lancé en 2011 avec, pour certaines pièces, des opérations préalables de restauration. Le projet aboutit à la numérisation complète des 2 204 registres et à leur mise en ligne en 2016.

Les opérations préalables de restauration 

 

En 2017 et 2018, l’informatisation complète des inventaires des séries des archives anciennes est réalisée. Le programme de numérisation se concentre sur la série de l’administration communale (série BB qui précède et complète la série D déjà en ligne), ainsi que la série des finances, impôts et comptabilité (série CC) en raison notamment de l’intérêt qu’elle présente pour l’archéologie.

 

De 2017 à 2018, le récolement des séries BB et CC conservées aux Archives départementales est effectué sur place afin de notifier : le nombre de pièces et le nombre de pages, la dimension des documents et leur état physique.

 

Une seconde phase de restauration débute en 2018. La sélection se porte sur un rôle de capitation datant de 1695, car le registre de 243 feuillets papier est très endommagé par l’humidité (CC92).

 

 

En 2019, 26 pièces manuscrites sur parchemin sont confiées à un atelier spécialisé dans la restauration de documents patrimoniaux. Le travail doit respecter un ensemble de directives et de normes imposées par les Archives de France et la Bibliothèque nationale de France.

 

Restaurer les documents altérés, c’est à la fois garantir la conservation des supports originaux et la préservation des informations qu’ils contiennent. Les principales opérations consistent à nettoyer, gommer et dépoussiérer. Il peut aussi s’avérer nécessaire de réparer les documents, d’enlever les traces de plis, de remettre à plat les supports, de réparer les déchirures, de combler les lacunes avec du papier japonais. Les interventions qui doivent respecter l'intégrité du document sont toutes réversibles et traçables. Les documents sont ensuite placés dans des pochettes polyester, un matériau exempt de toute acidité, pour être conservés à plat ou reconditionnés dans des pochettes et des boîtes neutres.

Le programme de numérisation

 

Dernière étape, le programme de numérisation des séries BB et CC est lancé en 2018. Les 2 inventaires des archives anciennes (avant et après destruction) sont également numérisés et enrichis du procédé de reconnaissance optique de caractères (OCR) pour permettre une recherche plein texte.

 

Entièrement numérisées en couleur et assorties des inventaires, c’est au total 3 684 vues de la série BB et 12 875 vues de la série CC qui sont accessibles en ligne en 2019.

La restitution de la porte Bannier : un exemple de l’exploitation des archives de l’époque médiévale

  

La porte Bannier est la porte principale des fortifications d’Orléans aux 14e et 15e siècles. D’importants vestiges sont découverts en 1986 à l’occasion des travaux de construction du parking souterrain dans le sous-sol de la place du Martroi.

 

En 2013, des recherches archéologiques préventives, conduites par le Pôle d’archéologie de la Ville d’Orléans, permettent de retracer l’histoire de l’édifice. Le croisement des données archéologiques (les vestiges en place) et des sources écrites (le dépouillement des archives) permet également de restituer l’apparence des ouvrages défensifs, dans le contexte de la guerre de Cent Ans.

Les comptes de forteresse 

 

Les dépenses relatives à la construction et aux réparations de la forteresse sont consignées de façon scrupuleuse et détaillée dans les archives comptables de la Ville. Les registres spécifiques des comptes de forteresse sont conservés presque sans discontinuer entre 1391 et 1495.

 

Ils fournissent une riche documentation sur l’enceinte qui a fait l’objet de constructions et d’entretien régulier tout au long du 15e siècle pour s’adapter sans cesse aux techniques de guerre. Des éléments n’ayant pas été observés dans les fouilles archéologiques, peuvent ainsi se retrouver dans les documents écrits.

 

Les archives permettent de restituer la chronologie précise des travaux et apportent des connaissances sur les modes de construction des ouvrages. On y trouve en détail la qualité des matériaux employés, ainsi que les quantités et les prix.

On apprend, par exemple, que les pieux en bois employés pour la construction du boulevard de terre de la porte Bannier proviennent de la forêt d’Orléans, propriété du Duc d’Orléans, que les toitures des deux tours de la porte sont couvertes d’ardoises d’Anjou, etc. On peut aussi recenser les corps de métier qui sont intervenus sur les chantiers, tout comme le nombre de jours de travail, le coût de la main d’œuvre et le détail des versements des salaires. Les techniques de défense et leur évolution sont également évoquées. Par exemple, des archères droites sont modifiées par des percements circulaires pour permettre le passage du tube des armes. Des modifications architecturales qui en découlent peuvent être observées sur les vestiges archéologiques.

 

 

2ème paragraphe : 

 « Audit Jehan Couste le iième jour d’avril et le iiième ensuivant pour avoir  vacqué par lui et ses deux varlez ausdites euvres pour lesdiz deux jours pour mectre une barre a la porte du pont pres l’ostel Jaquin Rousselet. Et pour  avoir mis à point l’uis de la montée du boulouart de la porte Bannier et recloue des hays joignant desdiz huys et pour avoir cloux ung passaige encontre la barriere volant de la porte Renart. Et pour avoir fait une barre a la porte du guiischet pres la Tour Neusve. Et pour avoir desassemble une barriere au port pour charger le pave du roy notre sire . Et pour avoir  aidé a des[…]rer le guishet pres de l’ostel de monseigneur le duc d’Orleans avecques ung macon. A III s. parisis. XVIII s. p.».

Transcription : Pôle d’archéologie de la Ville d’Orléans et INRAP.

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des restitutions en 3D

 

Au terme de l’ensemble des recherches effectuées par les archéologues, les observations de terrain et l’étude des sources textuelles leur ont permis d’aboutir à une vision d’ensemble de la porte Bannier et de ses alentours.

 

Pour mettre en valeur ces nouvelles connaissances architecturales, des restitutions en trois dimensions ont été réalisées en partenariat avec l’école d’ingénieur Polytech’Orléans. Ce programme scientifique qui a débuté en 2007 entre la municipalité d’Orléans et l’école a pour objectif, à terme, la modélisation en trois dimensions de l’architecture et de l’urbanisme de la ville.

 

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