W : quelles sources pour la généalogie demain ?

"Coeur du métier de l'archiviste, la collecte des archives - plus précisément leur évaluation et leur sélection - est la mission fondamentale qui permet de constituer le patrimoine de demain". 

C'est sur cette phrase que commence le Cadre méthodologique pour l'évaluation, la sélection et l'échantillonnage des archives publiques, publié par la Délégation interministérielle aux Archives de France en juillet 2014. En effet, sans collecte organisée, il est difficile pour les chercheurs, notamment ceux des générations futures, de mener à bien des recherches historiques, et notamment généalogiques. 

Aux Archives municipales d'Orléans, 3 agents ont en charge la collecte, le tri et le classement des documents produits quotidiennement par les services municipaux. Ces documents sont dénommés "archives contemporaines". A Orléans, les archives contemporaines commencent à partir des versements reçus après le 1er janvier 1989. Ces archives sont inventoriées en série W. Pour effectuer le tri, les archivistes se basent sur différents textes produits en particulier par le Service Interministériel des Archives de France (SIAF).

Mais que trouveront les futurs généalogistes en série W ? Sur le fond, il sera toujours possible de trouver des documents relatifs au Conseil municipal, à l'état civil, au personnel municipal, aux contentieux, aux recensements de population, aux élections ou encore à l'action sociale. Ces documents regorgent de données nominatives dont l'accès est encadré par le Code du patrimoine.

Néanmoins, toute la production administrative contemporaine, considérée comme porteuse d'un intérêt historique d'après les instructions de tri du SIAF ou par l'archiviste, ne peut être conservée. Certains types de documents, tels que les dossiers individuels de personnel ou d'aide sociale seront échantillonnés. La sélection s'appuie sur des règles statistiques nationales mais aussi, et surtout, sur la connaissance des archivistes du contexte local de production des dossiers. Ainsi, à la règle nationale s'ajoutent des spécificités locales. Pour l'archiviste, la collecte veut dire recevoir les dossiers produits par l'administration, les trier, les classer mais aussi faire des choix qu'il faut documenter et expliciter pour permettre aux chercheurs de comprendre pourquoi à Orléans tels documents ont été conservés ou éliminés alors que ce n'est pas le cas ailleurs, ou pourquoi on a conservé tels dossiers sur une période donnée et pas une autre. Les bordereaux de versement ne doivent pas être de simples listes de documents versés mais de véritables instruments de recherche documentés. A charge aux futurs chercheurs, généalogistes ou non, d'explorer des fonds qui reflètent la complexité administrative de notre époque sans avoir forcément la possibilité d'interroger l'archiviste qui aura fait la sélection !

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