Retrouver la trace d'enfants abandonnés
Les registres de naissance permettent de retrouver les noms d'enfants exposés à l'hôpital d'Orléans. Mais lorsqu'on recherche un enfant abandonné, ce n'est pas la seule piste à suivre dans les archives communales.
La piste des arrêtés du Maire
Au début du 19e siècle, lorsqu'un enfant doit être placé à l'hospice d'Orléans en raison de son abandon par sa mère ou ses deux parents soit sur la voie publique soit chez des tiers, le Maire prend un arrêté qui indique les circonstances de l'abandon et du placement.
Ainsi, des arrêtés municipaux évoquent plusieurs cas d'Orléanais qui acceptent de prendre des enfants chez eux et qui, passé un certain délai sans nouvelle des parents, décident de demander le placement de l'enfant. Plus rarement, certains arrêtés municipaux évoquent la reprise de l'enfant par les parents naturels.
Ces documents, conservés en sous-série 2D des Archives d'Orléans, sont peu exploités par les chercheurs. Nous n'avons pas connaissance à ce jour d'une étude sur les arrêtés municipaux d'Orléans qui permettrait de prendre la mesure du nombre d'arrêtés relatifs aux abandons d'enfants. Pourtant, ces documents sont, pour partie, facilement consultables en ligne, l'autre partie étant consultable en salle de lecture. Chaque registre contient une table alphabétique qui n'est malheureusement pas toujours très explicite quant il s'agit d'un abandon. Aussi, il est conseillé de feuilleter l'ensemble des registres pour repérer de façon plus certaine les enfants abandonnés ou repris par leurs parents.
Les procès-verbaux d'abandon
Les Archives d'Orléans conservent également en sous-série 3Q une série de procès-verbaux d'abandon d'enfants pour la période allant de l'an II (1793-1974) à 1855. Ces procès-verbaux ont été dressés poour faire le constat d'abandon des enfants exposés, c'est-à-dire déposés dans le tour qui servait à recueillir les nourrissons à l'hôpital.
Ces procès-verbaux sont particulièrement émouvants à consulter. Ils donnent la liste des effets qui accompagnent le bébé. La description des tissus ou des objets déposés par la mère permet de déduire son origine sociale. Ainsi, entre autres exemples, un procès-verbal indique qu'un demi-stylo d'argent est déposé avec le nourrisson, signe de l'aisance matérielle de la génitrice.
Plusieurs procès-verbaux témoignent également de petits mots laissés par la mère, d'objets, parfois conservés dans les archives comme des bracelets ou bien encore de morceaux de tissus qui doivent aider à l'identification potentielle d'une mère qui se présenterait pour reprendre son enfant.
Relevé de noms d'enfants exposés (an II-1840)
Les noms d'enfants exposés ont été relevés dans les registres de naissance d'Orléans pour les périodes allant de l'an II à l'an VI, de l'an VIII à l'an XIV et pour les années 1806, 1810, 1814-1815, 1820, 1825, 1830, 1835, 1840. Ils sont consultables sous forme de listes chronologique et alphabétique.
Il est intéressant de remarquer l'évolution du type de patronymes attribués aux enfants. Alors que pour l'an II, l'influence de la Révolution française se fait ressentir avec le patronyme Sans Culotte ou Vive La République, par la suite, on constate qu'entre l'an V et l'an VIII, les tissus qui servent à vêtir ou langer le nourisson inspirent le personnel de l'hôpital. On trouve alors, entre autres exemples, des patronymes de type Flanelle, Taffetasbleu, Griscoton, Rubanbleu ou encore Guenille. A partir de l'an X, l'attribution d'un prénom comme nom de famille semble se généraliser. Sur toute la période, on remarque aussi que certains traits de caractère, peut-être ceux du nouveau-né exposé, servent à dénommer les enfants. On relève ainsi les patronymes Grimacière, Gaieté, Biscornu ou encore Orgueilleuse.