Grand concours d'escrime, boxe, bâton & gymnastique
Fêter le centenaire de 1789
Au fil de l'inventaire des affiches, notre archiviste a eu la surprise de tomber sur une affiche entièrement tricolore : bleu blanc, rouge, aux couleurs nationales. De dimensions assez importantes (85 x 62 cm), elle se veut festive, chatoyante et sans doute remarquable du plus grand nombre. Elle annonce un grand concours d'escrime, de boxe, de bâton et de gymnastique. Celui-ci aura lieu à la salle des fêtes, qui se situe alors au centre du Campo Santo. L'entrée est gratuite, ce qui montre qu'on souhaite que l'événement soit populaire. Il se déroulera l'après-midi du 5 mai, l'année n'est pas précisée sur l'affiche. Mais étant donné que le concours est organisé dans le cadre du Centenaire de 1789, comme l'indique l'affiche, on en déduit que l'affiche date de 1889.
On pourrait être étonné de voir qu'on célèbre le centenaire de 1789 un 5 mai. On penserait surtout à la date du 14 juillet, devenue fête nationale depuis 1880. Pourtant, l'Etat encourage bien a fêté le centenaire de 1789 le dimanche 5 mai 1889. Cette date marque le centième anniversaire de l'ouverture des Etats généraux réunis à Versailles par le roi Louis XVI. A Paris, le centième anniversaire de 1789 est célébré avec l'ouverture de la dixième exposition universelle (5 mai-31 octobre 1889) durant laquelle la Tour Eiffel sera inaugurée.
Dans son édition du 5 juillet, le Journal du Loiret évoque, de manière assez partiale, le contexte politique de la commémoration. Le rédacteur de l'article indique que le gouvernement ne souhaite pas être assimilé à la journée d'émeute populaire du 14 juillet. Cette même édition du 5 juillet 1889 reproduit le texte de l'affiche annonçant le grand concours d'escrime, de boxe, bâton et gymnastique. L'événement est rythmé par des représentations musicales à l'ouverture, entre chaque scène sportive et pour la cérémonie de récompense. Ainsi, c'est l'hymne national qui ouvre la manifestation. La Marseillaise est devenue hymne national dix ans auparavant le 14 février 1879 et depuis 1887, une « version officielle » est adoptée en prévision de la célébration du centenaire de la Révolution. La jouer, c'est l'occasion de la faire entendre et progressivement adopter par les Orléanais ! Il semble que la majorité des musiques jouées soit très contemporaines : Les Errinnys de Jules Massenet (1842-1912) est jouée la même année à l'Odéon à Paris pour la tragédie éponyme. Léo Délibes (1836-1891) et Jean-Baptiste Weckerlin (1821-1910) sont également des auteurs contemporains. Les musiques sont jouées par les musiciens de l'école d'artillerie, école installée à Orléans depuis 1881, quai du Fort-Alleaume.
Dans son édition du 6 mai, le Journal du Loiret évoque les cérémonies de la veille. On apprend ainsi que le dimanche 5 mai, journée orageuse à Orléans, a commencé par une salve d'artillerie et qu'ensuite, outre le grand concours sportif de la salle des fêtes, les Orléanais ont aussi bénéficié de courses hippiques. Le journal raconte qu'à la salle des fêtes, un grand nombre de spectateurs n'a pas pu trouver de place "tant était grande l'affluence des curieux". Il donne le nom des médaillés, tous militaires, ce qui nous indique que le concours était sûrement exclusivement organisé pour eux et nous rappelle, qu'Orléans, devenue siège du Ve corps d'armée depuis 1873, est aussi le siège de plusieurs casernes.
A noter que les Archives d'Orléans ne conservent pas le dossier d'organisation de la journée du 5 mai. En revanche, nous conservons bel et bien le dossier d'organisation du 14 juillet 1889 ainsi que ceux des autres années.
Date de modification : 8 novembre 2018