Chasses aux épingles à chapeaux & chasses aux hannetons
Un arrêté contre les saillies des épingles à chapeaux !
Les épingles à chapeaux étaient un phénomène de mode de 1850 à 1930 environ. Les femmes ne devant pas se promener tête nue, portaient chapeaux et autres couvre-chefs qui risquaient de s’envoler. D'où la nécessité de les faire tenir à l'aide d'épingles. Mais, celles-ci pouvaient être longues et pointues. Elles entrainaient un risque de blessure pour ceux qui s'y frottaient d'un peu trop près dans les tramways et dans les lieux publics fréquentés. Pour éviter les accidents, l’autorité doit prendre des décisions de sécurité, comme en témoigne un arrêté de la Mairie d'Orléans de 1912 demandant aux femmes qui portaient des épingles à leur chapeau d’en protéger le bout, avec un cache-pointe, afin de ne blesser personne. Il faut savoir que les épingles à chapeaux pouvaient mesurer de 10 à 35 cm de long avec l’extrémité pointue.
Preuve que ce problème n'était pas qu'Orléanais, en 1908 aux Etats-Unis, une loi est votée pour limiter la longueur des épingles pour ne pas s’en servir comme arme. En 1912, en Ontario Français, alors qu'un règlement du ministère de l’enseignement public veut imposer l’unilinguisme anglais, une lutte s’engage à Ottawa. Les institutrices de l’école Franco-Ontarienne font reculer les policiers avec les épingles à chapeaux comme armes. Cela devient la « bataille des épingles à chapeaux ». Grâce à cela, le règlement ne fut jamais exécuter et fut supprimé en 1944.
Et à Orléans, qu'en fut-il ? Cela reste à étudier !
Chasser les hannetons contre récompenses !
Après avoir fait la chasse aux épingles à chapeaux, on pouvait aussi faire la chasse aux hannetons. Les hannetons étaient considérés comme des nuisibles puisque certaines années, de véritables invasions avaient lieu. Ces coléoptères, dont la population s'est raréfiée de nos jours, dévorent les feuillages, notamment des chênes et arbres fruitiers. L'année qui suit, l'arbre périt en partie ou tarde dans sa croissance. On peut comprendre qu'à Orléans, où nombres de pépiniéristes et arboriculteurs étaient installés, l'arrivée des hannetons était un fléau.
Comme le montre une affiche du 27 avril 1913, ils pullulaient tellement que leur capture était récompensée. Ainsi, la population est invitée à apporter le résultat de sa chasse au Jardin des Plantes où les hannetons seront payés 30 centimes le kilogramme. C'est dire s'il y avait des spécimens à attraper quand on sait qu'un hanneton ne pèse que quelques grammes.
Les enfants étaient encouragés à faire la chasse avec leurs instituteurs. Dans les années 1970, la chanson prémonitoire de Frédérik May intitulée Il n’y a plus de hannetons raconte d'ailleurs que certains jours, pour que la chasse soit meilleure, les enfants n’avaient pas d’école. On ne sait pas si c'était le cas à Orléans. Quoi qu'il en soit, les Orléanais étaient invités à ouvrir leurs jardins aux enfants pour que le terrain de chasse soit plus vaste et plus complet. Il faut savoir que chasser le hanneton n'avait rien de difficile ou dangereux. En sommeil la journée, il suffisait de secouer les branches atteintes pour faire tomber le coléoptère. Endormie, la population de hannetons était ensuite balayée et ramassée.
A noter que les hannetons pouvaient servir de nourriture pour animaux après avoir été réduits en farine. Plusieurs expériences ont été tentées pour faire de l’huile d’éclairage, de la nourriture pour basse-cour après les avoir fait griller. On a même essayé d’introduire les larves dans la cuisine française pour les manger comme des escargots !!!!!
Bon appétit, bien sûr !!
Date de modification : 14 novembre 2018