Restaurer les affiches

Des plis à mettre à plat !

La contexte de production des affiches de la Mairie d'Orléans n'est pas connu. Par exemple, on ne sait rien de la façon dont elles étaient fabriquées, livrées, ni du nombre d'exemplaires tirés ou encore du lieu de leur stockage. On peut imaginer que le surplus d'affiches, non placardées, était conservé, au départ, pour des raisons administratives à savoir faire foi, les afficher de nouveau ou pour servir de modèles pour des affiches à venir. Elles étaient pliées pour des raisons évidentes de place. Le temps passant, ces documents furent oubliés dans les greniers de l'Hôtel Groslot, qui faisait office de mairie, ou ailleurs, dans un autre bâtiment dépendant de la Ville d'Orléans. Redécouvertes par l'archiviste lors de la création des Archives municipales à la fin des années 1970, ces affiches furent inventoriées sommairement et rapatriées dans les locaux des archives. Une liste papier détaillant pour chacune le titre et la date avait été rédigée.

Conservées sous forme de liasses faites de papier kraft, assez acide par nature, ces affiches, toujours pliées, furent classées en série D "Administration de la commune". Rangées sur nos étagères d'archives, elles attendaient des jours meilleurs.

A partir de 2007, la mise en place d'un programme d'expositions pluri-annuelles au sein des Archives municipales permit de se pencher sur l'intérêt de ces documents, notamment en termes de muséographie. L'état physique des différentes pièces montrait néanmoins que pour valoriser cette collection, il fallait s'interroger sur les modalités de conservation matérielle.  En effet, même sans faire l'objet de consultations et manipulations fréquentes, le papier des affiches, par nature fragile selon les époques, s'altère au niveau des plis, créant des cassures, voire des lacunes. L'encre utilisée, instable par nature aussi, finit par transparaitre au verso ou migre d'une affiche à une autre comme une décalcomanie. Certaines encres, à base de fer (encre ferrogallique), brûlent le papier, créant des trous. Les conditions générales de conservation ont accru ces phénomènes naturels. Le manque initial de conditionnement avant archivage, puis des conditionnements en kraft peu adaptés, ont laissé la poussière et quelques traces d'humidité s'installer.

L'état physique était donc très préoccupant. Il ne permettait pas de valoriser cette collection à sa juste valeur, ni d'encourager son utilisation par les chercheurs.

A la faveur de l'exposition Orléans pendant la Grande Guerre, une ville et des vies à l’arrière, en 2016, un premier lot d'affiches datant de 1914 furent restaurées. Depuis 2 ans, à la faveur d'un inventaire informatique précis réalisé pièce par pièce par l'un de nos archivistes, un lot d'environ 60 affiches est restauré chaque année. Il a été décidé de restaurer progressivement l'ensemble de la collection. A ce jour, hormis des affiches de 1914, les affiches les plus anciennes à savoir de 1790-1837 ont pû être nettoyées et mises à plat. Cela concerne 122 documents sur une collection en comptant au moins 3 000. Certaines ont été doublées de papier japon pour consolider le papier trop fragile et/ou créer un comblage quand le papier manque. Toutes bénéficient aussi d'une mise sous pochette transparente en mylar qui facilite la manipulation et protège des dépôts de poussière. Les affiches restaurées sont rangées à plat dans les tiroirs d'un meuble à plans.

La restauration complète de l'ensemble de la collection des affiches s'étalera sur plusieurs années à la faveur des différents crédits de restauration alloués par la Ville mais aussi en fonction de la place qui sera disponible dans nos meubles à plans ! En attendant, les affiches trop fragilent ne pourront être exploitées pour les travaux de recherche et de valorisation...

Date de modification : 21 novembre 2018

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