Le Hussard sur le toit d'Orléans
1832 : le choléra s'installe dans la ville
En 1995, Jean-Paul Rappeneau adapte au cinéma Le Hussard sur le toit, célèbre roman de Jean Giono, publié en 1951. Celui-ci décrit la Provence ravagée par une épidémie de choléra en 1832.
Orléans, la même année, n'est pas épargnée par le choléra asiatique ou choléra-morbus. Fin mars, les Orléanais s'inquiètent mais restent confiants, la forêt d'Orléans les isolera peut-être de l'épidémie !
Cependant, les autorités municipales ne restent pas inactives. Par voie d'affichage, des instructions sont données sur la propreté et la salubrité de la ville, puis sur la prévention de la maladie. "Les habitants sont tenus de balayer le devant de leurs maisons et le ruisseau des rues, il est fait défence à toute personne de satisfaire à ses nécessités dans les rues de la ville et des faubourgs", "il est fait défense à tous les habitants de la ville et des faubourgs d'élever et de nourrir en leurs maisons, aucuns lapins, porcs, oies, canards et autres animaux dont la présence puisse vicier l'air...".
Or, au cours de visites de surveillance de l'hygiène, on déplore beaucoup de mauvaises odeurs, des latrines souvent débordantes, des excréments et eaux usées parfois jetés dans la rue, et surtout de nombreux animaux hébergés dans les cours et les maisons. Pour ne pas contracter la maladie, il faut éviter toute cause de refroidissement et on incite à "ne pas marcher pieds nus", à s'abstenir de toute crudité, de tout excès de nourriture et de boissons alcoolisées, et à boire de l'eau rougie de "bon vin".
A Orléans, le premier cas de décès est signalé le 17 avril. La maladie se répand alors rapidement, le plus souvent par absorption d'eau ou d'aliments contaminés. Elle se développe d'abord dans les quartiers populaires proches de la Loire. Les mois de mai et août sont les temps forts de la maladie qui disparaît finalement en novembre 1832.
Au total, elle fait 761 victimes sur 1 342 malades. La majorité estsoignée à domicile, à peine 367 sont transportés à l'Hôtel-Dieu, à l'Hôpital général ou dans la Maison de la Croix, transformée en hôpital pendant l'épidémie (aujourd'hui FRAC ou site des anciennes subsistances militaires, rue du Colombier).
Des secours en nature et des dons sont récoltés pour venir en aide aux pauvres. Des quêtes à domicile sont même effectuées. Une souscription est ouverte par la mairie pour payer l'apprentissage des enfants devenus orphelins.
Le choléra réapparaîtra encore à Orléans en 1854, faisant 140 victimes.
Auteur : Maylis de Bourrand.
(illustrations 2D3 ; 5J513)