Qui a peur du grand méchant loup ?

Les registres paroissiaux contiennent souvent des notes ou récits des curés qui se révèlent très intéressants pour l’histoire locale. C’est ainsi le cas du registre de baptêmes de la paroisse de Saint-Marceau, datant de la période 1599-1604.

Broyon, vicaire de la paroisse, indique :

« Apvril 1602, lundy 22. Ce mesme jou, le roy a mis et posé la première pierre de l’esglise Sainct Jehan le Blanc, et, après avoir mis icelle pierre, a esté dyner au Potyl. Passant devant le cymetière de l’esglise de ceans, il demanda monsieur le curé de ceans affin de luy commander de faire sonner pour aller a la chasse aux loups au bois de Bouc ; ce qui fut faict incontinent. Ledict sieur curé assembla tous les parroissiens et nous tous ensemble allames trouver le roy au lieu susidct. Il faut sçavoir que nous [nous] trouvasmes presque de huict à neuf cens hommes tant de ceste parroisse que d’Olivet. Ce qui donna une joye très grande au roy de voir une si grande multitude de peuple. Le roy demanda derechef monsieur le curé de ceste église ; ains se presenta ung jeune barbier, lequel se ingéra de parler au roy, jaçoit que le roy ne le demandat, toutesfois comme téméraire, se voulant attribuer une louange d’avoir parlé à sa Majesté. Sa harrangue ne fut néantmoings receue ni acceptée pour estre bien dicte, pour qui se disoit sçavoir les lieux par lesquels il falloit attendre les loups… Nous receumes honneur très grand du roy, car il fut prins deux louves. »

Ce récit nous rappelle que, durant l’Ancien Régime, les bois environnaient Orléans et étaient propices à l’abri de loups. Plusieurs actes de sépultures enregistrés dans les registres paroissiaux rappellent que les attaques de loup arrivaient, touchant parfois mortellement des victimes généralement jeunes. Ces attaques entretenaient une peur collective dans les campagnes, donnaient naissance dans toute la France, à des légendes, des contes ou des comptines.

Malheureusement, le registre paroissial en question a subi des dégâts. Le haut du document est difficilement lisible. La transcription publiée en 1935 dans l'Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790 (tome II) de Camille Bloch et Jacques Soyer est une aide précieuse pour lire le texte. Ironiquement, les tâches d'humidité situées en haut de la page forment comme un demi-masque, un loup en d'autres termes !

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