Les aléas du milieu et des techniques nouvelles
Les aléas du milieu et des techniques nouvelles
Le chauffage des serres
Tout au long du 19e siècle, le chauffage est une question cruciale pour l’acclimatation et la survie des plantes, notamment des plantes rares et de collection.
C’est le deuxième poste budgétaire après la rémunération du personnel. Jusqu’au 20e siècle, les serres sont chauffées au charbon. Ce n’est que dans les années 1980 qu’il est remplacé par le gaz avec la modernisation et la réorganisation complète des installations de chauffage.
Le premier calorifère destiné à chauffer les serres est installé dans l'orangerie et s’avère peu performant.
En octobre 1836, on ne relève que 2 degrés de différence entre l’air atmosphérique et celle de l’orangerie : soit 4 degrés dans la serre et 2 degrés au dehors. Il faut alors faire des paillassons avec de la paille de foin et des feuilles pour protéger les plantes.
1841 - Le calorifère à courant d’air chaud : un système victime des eaux de la Loire
A partir de 1841, on établit un nouveau dispositif à courant d’air chaud dans le sous-sol de l’orangerie. Le calorifère est composé d’une cloche en fonte servant de foyer et de tuyaux propulsant l’air chaud jusqu’aux bouches qui permettent l’émission de chaleur.
Comme le relate un article du Journal des connaissances utiles en 1846, ce mode de chauffage est réputé pour être l’un des meilleurs pour la santé des plantes. L’air chaud arrive dans les serres par les bouches munies de petits pivots que l’on ouvre plus ou moins selon des besoins.
En raison des infiltrations des eaux de la Loire, on envisage de placer ce nouveau système dans une chambre en béton. Malgré des réparations fréquentes et d’importants travaux entrepris entre 1841 et 1845, les constructions et les dispositifs de pompe ne permettent pas de prévenir les problèmes liés aux crues du fleuve. En octobre 1846, les inondations provoquent la ruine du calorifère et de son caveau, mettant les plantes en danger. L’ouvrage est entièrement reconstruit en 1849.
1871 - Le thermosyphon
Au cours de l’hiver rigoureux de 1870, le Jardin des plantes subit des pertes très importantes.
En 1871, les administrateurs proposent de remplacer le calorifère par un nouveau mode de chauffage : le thermosyphon, plus performant et plus économe en consommation de charbon.
Le principe de ce système est de faire circuler l'eau en utilisant l'effet de la chaleur pour faire monter l'eau chaude et la gravité pour faire redescendre l'eau froide.
Le nouveau dispositif est fourni par l’entreprise parisienne Cerbelaud, un fabricant d’appareils de chauffage plusieurs fois médaillé pour ses brevets.
L’hiver 1942-1943
La question de l’approvisionnement en combustible devient critique pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le chauffage des 5 861m3 que représente alors le volume de l’ensemble des serres est assuré par 5 chaudières. 31 tonnes de charbon sont nécessaires en période hivernale.
La municipalité adresse une demande d'attribution de 20 tonnes de charbon pour le chauffage des serres du Jardin botanique.
A l'appui de la demande, un inventaire des espèces conservées dans chaque espace est dressé en octobre 1942.
Cette liste montre la richesse des collections et la grande diversité des provenances des plantes.
Les conditions climatiques
Les relevés des observations atmosphériques sont soigneusement consignés dans les registres des délibérations de la commission administrative du Jardin des plantes.
1853 - Installation d’un baromètre
Pierre Bidet-Duvaldestin, opticien à Orléans, donne à la Ville un grand baromètre de 1,40 mètres de diamètre pour le Jardin des plantes. Le 10 mai 1853, il adresse une lettre au maire : « Faisant partie de la Société d’horticulture d’Orléans et désirant montrer mon industrie à la société comme opticien, je désirerais placer un baromètre d’une assez grande dimension pour que l’on puisse le voir en passant sur la route de St Mesmin ». Le baromètre, tombé en panne quelques années plus tard, est retiré du fronton de l’orangerie.
L'indispensable arrosage
A la suite de l’arrivée de l’eau courante à Orléans en 1864, la municipalité vote la distribution publique d’eau jusqu’au Jardin en 1867. Cette mesure importante pour l’établissement l’est tout autant pour les habitants des quartiers des faubourgs.
Une canalisation est installée sur le quai Tudelle, une autre se prolonge depuis la grille d’entrée jusqu’au bassin central. Une bouche d’eau à vis permet ensuite d’alimenter le réservoir de la grande orangerie.
Par la suite, on envisage d’établir plusieurs points d’eau intermédiaires et de supprimer la pompe à manège ainsi que le cheval loué pour cette tâche.
Lien vers l'exposition : 1854-2014 : 160 ans d'eau courante à Orléans
1846-1856 - Crues de la Loire
Compte tenu de sa situation, le jardin n’échappe pas aux dégâts provoqués par les grandes crues historiques de la Loire.
En 1846, le conservateur, François Gabriel Thion, signale que les plantes qui ont échappé aux inondations sont menacées par le gel, le stock de bois de chauffage ayant été emporté par les eaux et le calorifère ruiné.
L’herbier et les livres de travail du jardinier en chef sont en partie détruits par la vase.
En 1856, les plantes et le Jardin tout entier subissent de graves dommages.
1856 - Rapport du jardinier en chef sur les dégâts causés par les inondations dans le jardin et dans les serres
Le jardinier en chef déplore que le jardin se retrouve dégarni de ses plus beaux spécimens : cytisus, lilas, ribes sanguineum. Les plates-bandes d’ornement de l’école botanique sont complètement dépourvues de fleurs telles que phlox, chrysanthèmes et une grande partie des plantes vivaces. Les bordures de buis, de thym, de lavande, d’hyssope sont entièrement à refaire. L’eau étant restée pendant 8 jours dans l‘école botanique, près de la moitié des plantes vivaces et un quart des arbustes sont morts, sans compter les plantes annuelles dont la récolte des graines a été impossible. La grande serre chaude et la serre aux orchidées ont fourni leur contingent de plantes mortes. Dans les 2 autres serres, la perte est estimée entre 1 000 et 1 200 plantes. L’explosion du fourneau de la grande serre chaude a provoqué la chute des feuilles et la mort de nombreuses plantes rares telles que palmiers, fougères, bégonias, plantes monocotylédones.
Le jardinier en chef détaille les réparations à faire en urgence :
« 1° Toutes les bordures sans exception à refaire en entier
2° Resabler les allées de l’école botanique recouverte de vase ou de limon
3° Reconstruire le calorifère de la grande serre chaude
4° Reconstruire un manège pour l’alimentation des bassins des serres et du jardin, etc. »