D'une entreprise familiale de construction agricole à un établissement industriel renommé (1886-1922)
En 1886, Désiré Rivierre, précédemment directeur de la maison Cumming, fonde sa propre société de construction de machines agricoles à son domicile 15 rue de Coulmiers. La rubrique Mécaniciens des annuaires d'Orléans et du Loiret indique qu'il est constructeur-mécanicien pour machines à vapeur fixes et mobiles, locomobiles, chaudières, machines agricoles et réparations diverses. En 1894, l'entreprise Rivierre participe au concours agricole dOrléans. Sur un stand de 60 m², vingt-huit machines agricoles y sont présentées : locomobiles à vapeur, batteuses, râteaux de 24 à 28 dents, machines à vapeur fixe, chaudières amovibles. Le jury lui décerne la médaille d'or dans la catégorie Mécanique de l'exposition agricole.
De 1896 à 1906, dans les annuaires, le nom de Casalis est associé à celui de Rivierre avec la mention : ingénieurs-mécaniciens, 15 rue de Coulmiers. Selon les recensements de population de 1901 et 1906, les familles de Désiré Rivierre et de Jean Casalis résident ensemble rue de Coulmiers. Il n'a pas pu être déterminé le degré de parenté entre Mme Rivierre née Casalis et Jean Casalis. Ce dernier est né le 1er février 1865 à Paris dans le 16e arrondissement. L'annuaire de 1906 spécifie qu'il est "ingénieur, associé de M. Rivierre, constructeur". A partir de 1908, le nom de Jean Casalis ne figure plus dans les annuaires. Cependant, le nom de Casalis reste accolé à celui de l'entreprise Rivierre. Les deux plus jeunes fils de Rivierre, Eric et Marc, travaillent dans l'entreprise paternelle.
Installée dès sa création 15 devenu 25 rue de Coulmiers, l'entreprise dispose d'un terrain industriel, d'un bureau, d'un hangar, d'un grand atelier, de magasins, d'une maison d'habitation et d'une maison donnant sur la venelle de la Boëche. Dans les années 1920-1930, elle s'étendra dans cette même rue pour annexer les numéros 21 et 23 soit 14 000 m² et occupera un terrain séparé, situé au nord du boulevard de Châteaudun. Après la Grande Guerre, Rivierre-Casalis fabrique la première presse à paille travaillant à poste fixe et se spécialise dans la fabrication de presses-botteleuses à paille et à fourrage. Elles connaissent un important succès grâce à l'évolution et au perfectionnement des méthodes de ramassage. La société a, par ailleurs, la vente exclusive pour la France de l'engreneur automatique "Ardent", construit par l'entreprise orléanaise L. Boutillier et Cie installée 57 rue Basse-d'Ingré.
Forte de ses succès, en 1922, l'entreprise se transforme en Société anonyme des Etablissements Rivierre-Casalis. On peut supposer qu'Eric Rivierre prend les commandes. Il demeure dans la maison familiale avec sa femme Renée Elisabeth Diény, née en 1880 à Orthez (Pyrénées-Atlantique). De leur mariage naissent quatre enfants.
De la rue de Coulmiers à la rue André-Dessaux à Fleury-les-Aubrais (1952-1978)
La Seconde Guerre mondiale stoppe l'essor de la fabrication de matériel agricole. L'usine est détruite lors des bombardements de 1944. A l'instar des usines Jaeger et Guillot-Pelletier, elle ne peut être reconstruite sur le même site. Les élus orléanais avancent les préconisations du Ministère de la Reconstruction pour la création de zone industrielle, les raisons de sécurité publique, d'hygiène et le nouveau plan d'aménagement de la ville en séance du conseil municipal du 23 février 1945. Les Etablissements Rivierre-Casalis s'implantent en 1952-1954 dans la nouvelle zone industrielle d'Orléans-Fleury-les-Aubrais, sur le territoire de cette dernière, occupant 5 000 m² entre la rue André-Dessaux et les voies ferrées de la gare des Aubrais. Ils se lancent dans la construction de presses-ramasseuses. L'article de la revue Mundi paru en 1968 précise qu'ils occupent une superficie de 8 ha et 1 200 employés et ouvriers y travaillent. Ils disposent également d'un bureau d'études et d'un atelier de prototypes. Les bâtiments construits sont typiques de l'architecture industrielle et utilisent la brique pour les pavillons, deux immeubles de bureaux, et un immense bâtiment de grand hauteur avec une toiture en dents de scie.
Devenus l'un des constructeurs majeurs de machines agricoles, les établissements Rivierre-Casalis offrent une gamme complète des presses-ramasseuses, de presses pour tous les types d'exploitations agricoles. Ils fabriquent également le matériel des récoltes de maïs, de séchoirs à grains et des appareils destinés à la ventilation et séchage du fourrage. Son succès est dû à plusieurs atouts : une implantation facilitant les liaisons de transport, un important réseau d'agents commerciaux et un service après-vente efficace. Par-dessus tout, ses dirigeants ont toujours prôné une fabrication de qualité.
La fin des établissements Rivierre-Casalis
Dans les années 1970-1980, le machinisme agricole traverse une grave crise qui n'est pas sans conséquence sur Rivierre-Casalis. L'entreprise cède en 1978 l'exploitation de son usine au groupe Renault. Dix ans plus tard, l'usine quitte son site historique de la rue André-Dessaux pour s'implanter à Saint-Jean-de-Braye en se regroupant avec Vicon, grand nom de fabricant de matériel agricole néerlandais. Rachetées à nouveau en 1990, les deux entreprises forment une nouvelle société sous le nom de Greenland France. Cependant une nouvelle fois victime du marasme du marché agricole, celle-ci est rachetée à son tour par le groupe norvégien Kverneland en 1998 qui lui redonne le nom de Vicon R. C. soit les initiales de Rivierre-Casalis.
D'une friche industrielle à la ZAC Interives
En dix ans le site abandonné de Fleury se transforme en une friche industrielle de plus d'un hectare entre les rues André-Dessaux, Hoche et Danton. A la fin des années 1990, un important projet d'aménagement de l'ancien site industriel voit le jour en concertation, en aprticulier, avec les villes d'Orléans et de Fleury-les-Aubrais, du SIVOM puis de la Communauté d'agglomération Orléans Val de Loire et de la Chambre de commerce et d'industrie du Loiret. Il fait partie d'un vaste programme urbain comprenant le réaménagement de la rue André-Dessaux, des entrées de ville d'Orléans et de Fleury et de la création d'un nouveau quartier baptisé Interives avec l'implantation d'immeubles de logements, de bureaux, de commerces, d'équipements publics. Lafriche est démolie en Le 14 octobre 2022, au coeur du quartier Interives, Orléans Métropole a inauguré un nouvel espace public de 8 700 m² portant le nom de place Rivierre-Casalis.
Construction du collège Dunois sur les anciens terrains Rivierre-Casalis rue de Coulmiers
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les terrains Rivierre-Casalis situés rue de Coulmiers et boulevard de Châteaudun sont réservés par le Ministère de la Reconstruction et du Logement pour y construire un futur établissement scolaire comme l'annonce le conseil municipal du 12 avril 1957. Cependant un long contentieux au sujet de ces terrains oppose la famille Rivierre à l'Etat. Il faut attendre l'année 1964 pour que celui-ci trouve enfin aboutissement, le ministère de la Reconstruction et du Logement devenant propriétaire de cet ensemble. Aussi, la Ville se porte acquéreur auprès de l'Etat du terrain de plus de 4 000 m² donnant rue de Coulmiers avec le projet d'y installer une école pour enfants handicapés. Cependant, il est rapidement décidé d'y construire le futur collège d'enseignement secondaire. L'Etat se charge de le faire construire selon un "procédé industriel", avec la participation financière de la Ville. La démolition des bâtiments encore existants est prise en charge par la municipalité en 1967. La construction du collège est achevée en 1968 et prend naturellement le nom de collège Dunois.