Rue de la Concorde

Située dans le quartier Ouest d'Orléans, et plus particulièrement dans le quartier Dunois, la rue de la Concorde aboutit à l’est à la rue de Gaucourt et à l’ouest à la rue Jehan-de-Meung et en étant parallèle à la rue Gratteminot. Elle a été ouverte dans ce nouveau quartier en 1880.

Auteur
Véronique Mignan, Archives municipales et métropolitaines d'Orléans

Avant la percée de la rue de la Concorde

Dressée en 1823, la quatrième feuille du plan parcellaire et cadastral de la section F montre que la future rue de la Concorde faisait partie du Clos des Champs Requiem (Requiem étant un nom de personne selon Histoire des noms de rues d’Orléans de Louis Gaillard). On peut remarquer un parcellaire agricole ne comportant aucun bâtiment.

Le quartier Dunois : une opération d’urbanisme municipale

Au milieu des années 1870, la municipalité Germon forme le projet d’aménagement d’urbanisme entre la rue du Faubourg-Bannier et le boulevard Saint-Jean (actuel boulevard Rocheplatte), la rue des Hauts-Champs. Dans ce secteur nord-ouest, en raison de l’implantation de casernes, de la présence de nombreux industriels et de la création d’un nouveau quartier, il est envisagé de créer des voies de communication pour une meilleure circulation car il n’y avait que des venelles (Gratteminot, Saint-Jean, de la Boëche etc.) et trois rues (rues des Murlins, rue de la Mare-aux-Solognots (actuelle rue de Lahire) et rue Caban).

Aussi la Ville décide de percer 6 voies nouvelles pour mieux desservir et structurer le quartier. Elles seront ouvertes entre 1876 et 1880 et prendront par la suite les noms suivants :

A : boulevard de Châteaudun ;

B : rue de Coulmiers ;

C : rue de la Gare ;

D : rue de Loigny et rue du Maréchal-Foch (nom donné par le conseil municipal en hommage au maréchal Foch le 20 mars 1930 dans la partie de la rue de Loigny comprise entre le boulevard Rocheplatte et la place Dunois) ;

E : rue de Patay ;

F : rue de Gaucourt.

Le Journal du Loiret, dans son édition du 25 juin 1876 à la page 5, montre à ses lecteurs le plan des nouvelles voies à créer dans le futur quartier Dunois et dans le secteur de la gare d'Orléans.

La Société Immobilière d’Orléans

Fondée en 1879, la Société Immobilière d’Orléans est une entreprise privée ayant pour but principal la construction de logements ouvriers et de rendre l’ouvrier propriétaire de sa maison. Elle reçoit l’appui de la municipalité pour l’acquisition des terrains. Elle a à sa tête une commission composée de dix administrateurs et est présidée par Gaston Colas des Francs. Celui-ci devient maire d’Orléans entre 1888 et 1890.

Ainsi sur les terrains du Clos des Champs Requiem, cette société concessionnaire réalise son premier lotissement dans le secteur qui sera connu sous l’appellation de quartier Dunois.

La rue de la Concorde : création et dénomination

En 1880 la Société Immobilière d’Orléans fait percer la rue de la Concorde entre l’actuelle rue Jehan-de-Meung (auparavant rue Torse) et rue de Gaucourt. En effet, la création d’une rue est régie par le besoin de désenclaver les terrains acquis par le lotisseur. La rue de la Concorde a une largeur de 8 m (largeur minimum fixée pour permettre son classement dans le réseau public) sur 125 m de long de façade pour chaque côté. Elle comporte 57 maisons édifiées entre 1880 et 1884.

Lors de la séance du 22 octobre 1880 , le conseil municipal accepte la proposition de la Société Immobilière d’Orléans à savoir l’abandon gratuit du sol de cette rue. En contrepartie, il incombe à la Ville la réalisation des travaux de viabilisation (chaussée, trottoirs, égouts). Considérée comme relevant de l’intérêt général, cette nouvelle voie est ainsi classée dans la voirie municipale. Sa largeur est donnée à titre d’exemple par le Dr Halmagrand lors du conseil municipal du 17 décembre 1891 .

Il n’existe aucune délibération concernant la dénomination de cette rue. Dans leurs ouvrages respectifs sur les noms de rues d’Orléans, Eugène Lepage et à sa suite l’abbé Louis Gaillard précisent qu’en raison de la bonne entente entre la municipalité et la Société Immobilière d’Orléans en charge de ce lotissement, il lui a été donné le nom de rue de la Concorde. 

On remarque que les noms attribués aux voies nouvelles dans le quartier Dunois font référence soit aux noms des compagnons de Jeanne d’Arc (Gaucourt, Lahire, Dunois, Xaintrailles), soit aux noms des communes où eurent lieu des batailles pendant la guerre franco-prussienne de 1870 (Coulmiers, Châteaudun, Loigny).

Les habitations de la rue de la Concorde

Le lotissement de la rue de la Concorde étant destiné à une clientèle populaire et ouvrière, la Société Immobilière d'Orléans propose deux types d'habitation à bon marché :

- une maison à un étage droit et deux travées, sur 5-6 m de longueur sur rue, construite par paire avec une porte d’entrée latérale en façade. Elle comporte deux pièces par niveau. Le rez-de-chaussée peut avoir une destination commerciale. Côté cour, un appendice est destiné à la cuisine. Elle peut convenir pour une famille, voire deux.

- un immeuble à un étage droit et trois travées, sur 8-9 m de longueur sur rue. Sa façade est symétrique avec la porte d’entrée centrale. Elle comporte quatre logements de deux pièces-cuisine. Ainsi le propriétaire peut louer les logements de manière à faciliter le remboursement de son emprunt.

Certaines façades sont agrémentées de chaînes d’angle en brique soulignant la composition symétrique de l’ensemble des maisons.

Commerces et métiers

La fiche auxiliaire cadastrales de la rue de la Concorde indique les noms des propriétaires et des occupants des habitations entre 1880 et 1984. En la parcourant, on peut remarquer qu’il y avait quelques commerces installés facilitant la vie quotidienne de ses habitants et du quartier :

- boulangerie au n° 1, active au moins de 1890 à 1984 ;

- commerce de fruitier épicier au n° 21, de 1889 à 1892 puis remplacé par un cabaretier ;

- charcuterie au n° 2, de 1902 à 1974 ;

- épicerie et mercerie au n° 18, au moins de 1911 à 1957 ;

- épicerie et cabaretier au n° 34 de 1882 à 1957.

Le recensement de population de 1886 , établi près de cinq ans après sa percée, donne une photographie de la diversité des métiers exercés par les habitants de la rue de la Concorde et révèle l’importance de certains. Ainsi, on croise : les journaliers (23) et journalières (9) engagés pour un travail, souvent agricole rémunéré à la journée ; les métiers liés au textile : couturière (24) ; lingère (7) ; tailleur (2) ; tisseur (3) ; modiste (1) ; blanchisseuses (2) ; les commerces alimentaires : épicier (1) ; fruitière (1) ; boulanger (2) ; marchand de vin (1) ; des employés travaillant le bois : charpentier (4) ; menuisier (2) ; tonnelier (2) ; scieur de long (1) ; charron (1) ; des employés travaillant le fer : ferblantier (3) ; serrurier (2) ; marchand de ferraille (1) ; des employés travaillant dans le bâtiment : maçon (2) ; peintres (2) ; plâtrier (4) ; couvreur (2) ; des cheminots (17), la gare d’Orléans étant située à proximité du quartier Dunois ; fonctionnaires : agent de police (1) et autres métiers : cordonnier (3) ; mécanicien (5) ; horloger (1) ; imprimeur (1) ; lithographe (1) ; garçon de magasin (1).

Cinquante plus tard, en 1936 , le recensement donne une tout autre liste des métiers exercés, même si les cheminots représentent encore un nombre important. Ces données témoignent de l'évolution des professions, tout en restant un tissu social d'ouvriers et d'employés. On y rencontre : cheminots de la ligne de chemin de fer Paris-Orléans (12) ; commerce alimentaire : boulanger (1) ; charcutier (1) ; épicier (2) ; journaliers (6) et journalières (6) ; employés dans le bâtiment : maçon (1) ; plâtrier (1) ; électricien (1) ; employés travaillant le bois : menuisier (1) ; ébéniste (1) ; employés de commerce : fleuriste (1) ; pâtissier (1) ; employés de bureau : comptable (3) ; dessinateur (1) ; dactylo (1) ; métiers du textile : couturière (1) ; lingère (1) ; culottière (1) ; tailleur (1) ; fonctionnaires : cantonnier à la Ville (1) ; boucher aux Abattoirs (1) ; ouvriers : employés à la Verrerie de La Chapelle (devenue Duralex) (2) ; imprimeur au journal Le Républicain orléanais (1) ; militaires (2) ; autres métiers : pianiste (1) ; maître d’hôtel (1) ; cuisinière (1) ; charretier (1) ; cordonnier (1).

Zone d'identification
Type d'entité
Forme autorisée du nom
Zone de description
Statut juridique
Domaine communal
Zone du contrôle
Identifiant du service responsable de la description
Orléans. Archives
Niveau d'élaboration
Projet
Niveau de détail
Moyenne
Sources

I. Archives municipales et métropolitaines d’Orléans

Sources administratives

Cote 1Fi56-15 [Plan parcellaire et cadastral de la commune d’Orléans] [1823] : Section F du faubourg Bannier, quatrième feuille comprise entre la rue du Faubourg Bannier, la porte Bannier, le mail [boulevard Rocheplatte], la rue Torse, la rue des Vaupulans [Vaupulents], la rue des Closiers et la troisième feuille de la section F.

Cote 1Fi78-2 Plan d'Orléans dressé par la Direction des travaux municipaux , 1900 [rectifié ca 1920]. Plan de la ville d'Orléans en 12 feuilles : territoire compris entre le Champ de manœuvre des Groues, le faubourg Bannier, la rue Serenne et la rue des Hauts Champs (feuille n°2).

Cote 1Fi86 Plan monumental d'Orléans [ca 1916-1919].

Cote 1F34 Recensement de population de 1886 : liste nominative : cantons nord-est, nord-ouest et sud.

Cote 1F53 Recensement de population de 1936 : liste nominative : cantons nord-est, nord-ouest et sud.

Bibliothèque

Gaillard Louis, Histoire des noms des rues d'Orléans, Romorantin, Communication-Presse-Edition, 2001 (cote US245)

Lepage Eugène, Les Rues d’Orléans, Marseille, Laffitte, 1977, Reprod. en fac-similé de l'éd. de 1901. (cote US88)

Launay Yann, Les lotissements d'Orléans et la formation d'une périphérie urbaine (1875-1958) : processus d'extension, formes et règlements, thèse, Tours, Université François-Rabelais, Histoire de l’art : 2015 : sous la direction de Jean-Baptiste Minnaert (cote C5497)

Launay Yann, Un quartier d’extension à Orléans à la fin du XIXe siècle : action municipale, lotissements et règlements, p.107-120 in Architecture des villes, architecture des territoires, XVIIe-XXe siècles, Paris, Archibook, 2018, coll. Les cahiers de l'IPRAUS, 10 (cote C5537)

Launay, Yann, Le début du logement social à Orléans : la Société Immobilière d’Orléans à la fin du XIXe siècle in Bulletin de la Société archéologique et historique de l’orléanais, n° 183, 1er semestre 2020, p. 5-15 (cote PER023 - C5038)

Consigny-Sainson Marie-Cécile, Mazuy Laurent, Orléans. Service archéologique municipal (Ed.), Orléans, trois aménagements urbains à la fin du 19e siècle : exposition patrimoniale d'été, [2 juillet-31 août] 2008, Orléans, Service archéologique, 2008 (cote US3)

II. Médiathèque d’Orléans

Plan de la ville d'Orléans , 1867, cote ZH 401

Journal du Loiret, 25 juin 1876 

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