Maintenir les fêtes publiques ?

La municipalité est elle-même à l’origine de plusieurs manifestations publiques. Or, la question du maintien des réjouissances est épineuse durant la guerre. En effet, les fêtes sont un dérivatif pour les Orléanais, les réfugiés et les soldats convalescents. Néanmoins, afin de ne pas choquer la population, et en particulier les familles endeuillées, les manifestations ne doivent pas être trop démonstratives voire exprimer une certaine retenue. Pour les autorités, il s’agit aussi de faire passer des messages de patriotisme, de soutien aux combattants et de recueillement pour les morts.

Ainsi, entre 1915 et 1918, les fêtes de Jeanne d’Arc sont très réduites. Le 8 mai, la statue de la Libératrice d’Orléans, située place du Martroi, est fleurie par un cortège restreint qui se dirige ensuite vers le cimetière pour rendre hommage aux morts de la guerre. On est loin des fêtes d’avant-guerre, notamment de celles de l’année 1912, célébrant avec le faste le 500e anniversaire de la Pucelle.

Le 14 juillet, quant à lui, prend une dimension uniquement patriotique. Les bals, banquets et feux d’artifices sont interdits. En revanche, les quêtes sont autorisées. La Guerre de 1870, présente encore dans de nombreuses mémoires, est commémorée tous les 11 octobre. Le cortège, qui se rend au Monument des Aydes, subsiste cependant difficilement. Les édiles locaux, les sociétés de secours aux blessés, les anciens combattants et certains représentants des armées alliées sont présents. Les sociétés musicales, telles la Fanfare Saint-Marc-Saint-Vincent, sont désorganisées, leurs membres étant souvent sur le front voire blessés ou décédés.

Les fêtes de quartier et foires, comme celle de Saint-Aignan et celle de juin dite aussi Foire du mail, font débat car elles ont aussi un aspect économique. En 1914 et 1915, peu de marchands forains sollicitent des emplacements. En outre, les baraquements de l’organisateur E. Ustin sont réquisitionnés par l’Armée stationnée en ville. Les foires sont suspendues. En 1916, constatant que des foires ont repris dans plusieurs villes, la municipalité autorise l’organisation de la foire de Juin, sous réserve qu’il n’y ait pas d’établissements bruyants, pas de musique extérieure aux baraques, pas de parades ni bonimenteurs et pas de projections lumineuses. Les attractions dénommées la « Roue joyeuse » et le « Tonneau infernal », qui déchaînent rires et acclamations, doivent êtres cachées du public. Mais, en 1917 et 1918, du fait des restrictions imposées à tous, le Conseil municipal interdit à nouveau cette foire.

Partager sur