Remembrer le centre ville et reloger les Orléanais

L'un des défis de la reconstruction consiste à reloger rapidement les Orléanais sinistrés tout en leur faisant profiter des derniers progrès notamment en matière d'hygiène. L'idée de salubrité se décline non seulement dans le nouveau plan de la ville mais aussi à l'intérieur même des logements. Le tout doit être sain, harmonieux et agréable à vivre. La ville ayant été touchée dans sa partie la plus commerçante, il
est également nécessaire de rétablir des commerces de proximité. C'est l'une des conditions de reprise de l'économie locale.


Pour réaliser le plan de reconstruction, le premier travail porte sur le remembrement des terrains du centre-ville. Ainsi, une Association syndicale du remembrement est créée. Elle est chargée de regrouper l'ensemble des terrains de la zone sinistrée, de définir un plan de remembrement avec les autorités, les urbanistes et les architectes et de redistribuer à chacun des propriétaires un lot construit de valeur sensiblement égale à celui qui a été apporté au départ de l'opération. Certaines règles sont définies pour encadrer la redistribution. A titre d'exemples, l'association doit replacer un propriétaire à son emplacement de 1940 dans la limite du possible c'est-à-dire dans la mesure où l'emplacement n'est pas destiné à l'ouverture d'une voie nouvelle ou à un édifice public. Les commerçants doivent aussi être traités en rapport avec leur situation d'avant-guerre. Pas question de donner un emplacement avantageux à un commerçant pour qui ce n'était pas le cas auparavant, et inversement.


Au printemps 1945, le plan de remembrement est déjà pratiquement établi pour les 5 premiers îlots à reconstruire, ce qui est très rapide. C'est d'ailleurs parce que son remembrement est quasiment achevé que l'îlot 4, situé entre la place du Martroi, les rues Bannier, du Colombier et la rue nouvelle n°1 (future rue des Minimes), est choisi
à titre expérimental par le Ministère à la reconstruction. Il ouvre ainsi dès décembre 1944, le grand chantier de reconstruction définitive d'Orléans. En une année, l'îlot 4, constitué de 17 immeubles sur environ 8 000 m2, prend forme.


En effet, le chantier de l'îlot 4, qualifié de chantier laboratoire inédit en France, est dirigé par l'architecte Pol Abraham, pionnier en matière de techniques préfabriqués. Afin de résoudre les problèmes de main-d'œuvre qui pénaliseraient la rapidité et la qualité des travaux, il est proposé d'utiliser une technique nouvelle : la préfabrication des éléments d'architecture. Ainsi, et par exemple, les blocs de fenêtres ou les blocs sanitaires arrivent déjà montés et ne sont plus assemblés sur le chantier. Avec l'aide d'architectes locaux, Pol Abraham complètera son expérimentation, en travaillant également sur les îlots 1, 2 et 5 dont la reconstruction s'achèvera en 1949.

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