La défense passive : s'abriter à tout prix

A la fin du premier conflit mondial naît rapidement l’idée qu’une nouvelle guerre va éclater. Dès les années 1920, le Gouvernement se préoccupe de la question de la protection des populations civiles contre les effets des attaques aériennes et des gaz. Au sein du Ministère de l’Intérieur, une commission supérieure de la protection aérienne est créée. Elle est relayée par des commissions départementales et des commissions urbaines. L’objectif annoncé est de ne pas être pris au dépourvu.

A Orléans, la commission urbaine planifie la protection des habitants et des sites sensibles comme la gare. Le premier de ses travaux est de recenser les abris existants. Des techniciens municipaux visitent chaque cave et carrière de la ville. Ils en dressent le plan, indiquent le nombre de personnes pouvant être accueillies et les classent selon leur résistance supposée aux bombes. Parallèlement, un programme d’abris à construire est établi. Les besoins matériels et humains liés à cette entreprise sont listés.

Par ailleurs, la commission organise le service d’alerte et recrute des volontaires pour intervenir dans la lutte contre les incendies. La section spéciale Z est ainsi chargée de lutter contre les effets des attaques au gaz. L’appareillage nécessaire est acheté et distribué en priorité aux agents chargés des sites sensibles tels que l’usine du Val, essentielle à la distribution d’eau.

Un service sanitaire voit le jour ainsi qu’un service municipal de guet installé sur le Beffroi. Ce dernier doit donner le signal de mise à l’abri des populations dès le survol de la ville par des avions ennemis. Il doit aussi sonner la fin de l’alerte.

La Préfecture insiste pour que le système fonctionne y compris en cas de simple tension politique entre les Etats. Mais comme tout système d’alerte, une faille de taille existe : le risque d’appeler les populations à s’abriter alors qu’il n’y a pas de danger certain peut conduire à une inertie des Orléanais en cas de danger réel. En outre, et paradoxalement, malgré cette grande préparation, l’Etat demande à la municipalité de ne pas informer les populations pour ne pas créer de mouvements de panique inutiles et surtout ne pas entraîner une crise économique via un arrêt des entreprises.

A la veille de la guerre, Orléans compte 73000 habitants. Une fois la population mobilisable déduite, le plan de protection prévoit d’abriter 50% de la population et disperser l’autre moitié des Orléanais dans les campagnes alentours.

La ville est divisée en 8 îlots de 10 000 habitants chacun. Chaque îlot est subdivisé en 54 sections dirigées par un chef de section et des volontaires. Un plan de la ville est dressé à partir de ce zonage. A l’issue du recensement, les techniciens ont retenu 589 caves destinées à devenir des abris collectifs. Dans les sections en déficit d’abris, des tranchées-abris seront creusées. Il en faudra une soixantaine pour assurer la protection prévue au plan.

Etude "Système d'Information Contextuel sur les Caves et Cavités d'Orléans" (SICAVOR)