Les lieux de baignade en Loire

Pour les Orléanais, la baignade en Loire a plusieurs vertus. S’il s’agit d’une activité de loisirs et de rafraîchissement, elle permet aussi d’entretenir l’hygiène corporelle. Ainsi, des établissements proposent à la fois l’apprentissage de la natation mais aussi des cabines de bains et, parfois, des soins du corps.

En 1838, une école de natation est implantée quai du Fort-Alleaume, entre la « rampe Saint-Aignan » et la « rue de la Tour-Neuve ». Reliée au quai par un ponton en bois, elle se présente sous la forme d’une grande barge au centre de laquelle est disposé un bassin. Des cabines individuelles s’alignent au versant sud. La municipalité subventionne l’établissement à condition qu’il maintienne des prix bas notamment le dimanche pour la « classe peu aisée ». Le tenancier s’engage aussi à donner gracieusement des cours à cent élèves des écoles gratuites.

Par ailleurs, l’Ecole de natation, aussi appelée « Bains Jeanne-d’Arc », est installée à 15 mètres environ du quai du Châtelet, sur le côté est du pont George-V. Elle est équipée d’un petit bain de 8 mètres de longueur avec plancher, d’un grand bain de 25 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur avec tremplin, d’une cabine publique, de 50 cabines particulières, de promenoirs, d’un salon, d’un gymnase, d’une buvette, de water-closets et même d’un garage pour bicyclettes.

L’Ecole de natation ouvre chaque année du 1er juin au 1er octobre. Les propriétaires sont aussi tenus d’assurer gratuitement des leçons de natation aux élèves des écoles communales et aux enfants de l’orphelinat Serenne. Là encore, la municipalité tient à la vocation sociale et hygiéniste de l’établissement : les indigents peuvent s’y rendrent gratuitement, sur présentation de tickets délivrés par la Mairie, deux fois par semaine, de 19 heures à 21 heures. La surveillance des mœurs n’est, quant à elle, pas oubliée puisque des heures d’ouverture sont réservées aux hommes et d’autres aux femmes.

Des plages et des lieux de baignade naturels existent dans plusieurs points de la ville. A l’ouest, les ouvriers du quartier Madeleine se rendent quai Barentin. Dans une pétition de 1914, ils rappellent la nécessité de ce « bain quotidien si nécessaire après les rudes labeurs des journées si pénibles pendant les périodes de chaleur ». De l’autre côté, dans le secteur de l’Ile Arrault, la Loire offre de belles étendues de sable. Chaque été, on y emmène les enfants des écoles de plein air. L’œuvre des enfants aux plages de Loire est créée. Placés sous la surveillance d’une infirmière, les enfants doivent bénéficier des bienfaits de l’air et du soleil durant les vacances scolaires.

A l’est, avant la Seconde Guerre mondiale, un transbordeur emporte les baigneurs sur la partie du Dhuit compris entre les rues des Quatre-Fils-Aymon et de la Tour-Neuve. Mais les travaux d’ouverture du canal d’Orléans perturbent les habitudes sur ce site. Plus à l’est encore, en limite de Saint-Jean-de-Braye, on peut nager au Cabinet Vert. Quasiment en face, dans les années 1930, certains imaginent déjà d’aménager l’Ile Charlemagne. A la même période, la municipalité envisage de pourvoir les plages d’infrastructures balnéaires dans un but touristique. Le syndicat d’initiative fait la promotion du paysage ligérien d’Orléans afin d’attirer les touristes parisiens.

En 1938, une demande de classement de la ville en station touristique est même formulée. Une partie de la promotion est basée sur l’eau de la Loire qui « coule limpide et claire sur un lit de sable fin » et sur des massifs d’osier « d’une hauteur d’un étage ». Les problèmes de cohabitation entre les baigneurs et les pêcheurs sont tus, de la même façon que les problèmes de pollutions. En effet, les rejets de l’abattoir, rue du Faubourg-Madeleine, les résidus de la Société Orléanaise d’assainissement, vers le pont Maréchal-Joffre ou encore ceux des établissements de corroierie Chicoineau, à Saint-Marceau, sont plusieurs fois pointés du doigt et ternissent quelque peu l’image d’Epinal que les cartes postales de l’époque véhiculent.

En 1958, l’interdiction de baignade en Loire sonne le glas des plages orléanaises.

Depuis sept années déjà, les Orléanais n’apprennent plus à nager dans le fleuve mais plutôt dans la piscine, quai du Fort-Alleaume. Celle-ci fonctionne tous les étés jusqu’en 1975. Elle est détruite l’année suivante.

Au début des années 1980, l’idée d’une base de loisirs à l’Ile Charlemagne revoit le jour. C’est l’occasion de mettre les sports nautiques à la portée de tous tout en réhabilitant une partie de la Loire.  Entre juin 1985 et fin 1986, un plan d’eau de 33 hectares, prévu aussi pour la baignade, est creusé sur d’anciennes ballastières. Un million de mètres cubes de sable est déplacé. La base est inaugurée le 15 juin 1987 à l’occasion des fêtes de Loire. Depuis, chaque été, les Orléanais s’y retrouvent pour profiter du sable chaud et des plaisirs de l’eau.

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