A la conquête de l'espace urbain

Dans la première moitié du 19e siècle, un phénomène nouveau apparaît. Celui de faire connaître un produit à un public « cible » dans le but de l’inciter à l’acquérir. C’est la naissance de la publicité moderne. Elle accompagne la révolution industrielle, l’extension du chemin de fer et l’émergence du tourisme. Elle est surtout intimement liée à la naissance des grands magasins et des marques commerciales.

Après les Etats-Unis, l’Angleterre et l’Allemagne, la publicité se développe en France. En 1836, Emile de Girardin, créateur du journal La Presse, publie les premières annonces commerciales pour financer son périodique. L’opération, très rentable, est rapidement copiée par les journaux concurrents.

Par ailleurs, l’affiche, jusqu’alors réservée aux annonces légales et officielles, bénéficie des progrès techniques de l’impression. Elle est désormais en couleur et illustrée. A partir des années 1880, à une époque où la radio, la télévision et Internet n’existent pas, l’affiche devient le principal support de publicité de masse. Alors que l’annonce publicitaire a conquis la presse, l’affiche envahit l’espace urbain.

Certaines cartes postales de la fin du 19e et du début du 20e siècle montrent ce phénomène d’affiches publicitaires placardées dans la ville, laissant parfois le sentiment qu’aucun espace « en vue » n’échappe aux colleurs. En effet, comme beaucoup de phénomènes émergeants, l’affichage n’est initialement pas réglementé.

En outre, l’affichage publicitaire bénéficie de la naissance du mobilier urbain. Dans les années 1840, la colonne « Rambuteau », une vespasienne, est constituée de supports d’affichage dans sa partie haute et d’urinoirs publics pour hommes dans sa partie basse. A partir des années 1860, un mobilier urbain spécifique à la publicité se développe telle l’emblématique colonne Morris.