Le cabinet d'histoire naturelle de Claude-Gabriel Cretté

En 1821, la Ville d’Orléans est sollicitée pour acquérir un important cabinet d’histoire naturelle constitué par Claude-Gabriel Cretté, maître d’écritures à Orléans, décédé le 15 février 1818. Instituteur du premier degré, il était domicilié rue Neuve (actuelle rue Charles-Sanglier), où se situait son cabinet.

Une lettre adressée au maire d’Orléans, le comte de Rocheplatte, par la veuve de Claude-Gabriel Cretté, est lue en séance du conseil municipal du 24 mars 1821. Agée de 73 ans, Marie-Magdeleine Cretté propose de céder à la Ville, moyennant une rente viagère de 800 francs, la collection d’histoire naturelle formée par son mari :

 

« Monsieur,

Feu M. Cretté ayant réuni avec beaucoup de peines et de soins pendant vingt-quatre ans, une assez belle collection d’objets d’histoire naturelle rares et curieux que mes moyens ne me permettent pas de conserver ; Je désire que le fruit des travaux d’un homme qui a toujours été aussi bien considéré dans son état ne passent qu’entre les mains de personnes qui sauront les estimer à leur juste valeur ; C’est pour me procurer sûrement ces avantages que j’ai pris la résolution de vous en offrir l’acquisition pour l’agrément de la ville ; Je joins à l’appui de cette lettre un aperçu du catalogue des objets que contient cette collection.

Si vous jugez à propos de commettre quelques personnes à l’examen de ces sortes d’objets, ils pourront se présenter pour prendre de plus amples renseignements sur ces articles.

Mes intentions sont d’en tirer huit cent livres de rente viagère ; Je suis âgée de soixante-treize à soixante-quatorze ans. Connaissant l’équité de vos décisions, j’ose me flatter que vous rendrez justice à ma proposition.

J’ai l’honneur d’être avec les sentiments les plus respectueux, Monsieur, votre très humble servante.

Veuve Cretté, Orléans, le 18 février 1821 ».


Une commission est alors constituée pour donner un avis, tant sur l’acquisition en elle-même, que sur le prix demandé. Deux mois plus tard, la commission composée de MM. de Tristan, Miron, Miron de l’Espinay et de Champvallin livre ses conclusions et juge que l’ensemble est digne d’intérêt. La collection est constituée d’oiseaux empaillés assez précieux et en bon état, d’une collection minéralogique classée d’après la méthode de M. Hauy, d’objets d’ornements de verroterie, ainsi que d’une bibliothèque. Le tout est estimé entre 6 et 8 mille francs.

Toutefois, la Ville ne dispose d’aucun local susceptible d’accueillir un tel ensemble d’objets, conservé dans plusieurs meubles à tiroirs et vitrines. La Bibliothèque publique est évoquée, puis une salle prêtée pas la Ville à la Société royale des sciences qui semble mieux adaptée pour favoriser la surveillance, l’étude et la visite. Cependant, c’est l’état des finances de la Ville qui ne permet pas de répondre favorablement à la proposition de Mme Cretté. Il faut attendre un peu plus de cinq ans pour que la question soit à nouveau à l’ordre du jour, avec entre-temps la création d’un musée de peinture et cabinet d’histoire naturelle d’Orléans dans les locaux de l’Hôtel des Créneaux.

 

Une souscription publique pour l’acquisition du cabinet d’histoire naturelle de Claude-Gabriel Cretté

Le 9 novembre 1826, l’annonce de la vente du cabinet d’histoire naturelle de Claude-Gabriel Cretté paraît dans le Journal du département du Loiret, avec un descriptif de ses pièces les plus remarquables : coquillages, pierres fines, oiseaux d’Amérique et animaux rares, momie, etc. Le 12 suivant, une lettre anonyme est publiée dans le même journal. Le texte en forme d’alerte, suggère qu’une souscription publique soit lancée pour assurer la sauvegarde de la collection au profit de la Ville et l’enrichissement du musée récemment ouvert.

La municipalité autorise le lancement de la souscription le 28 novembre suivant, après avoir estimé le montant de l’achat à 6 000 francs. Le cabinet est alors devenu la propriété du neveu de Claude-Gabriel Cretté, Pierre Martin Ménard. Il accorde à la Ville une vente conditionnelle avec un délai de 6 mois et dresse un inventaire détaillé de la collection constituée par son oncle. Le produit de la souscription s’élève à 5 754 francs, la municipalité prenant en charge le reste à pourvoir. La totalité des objets est livrée au musée le 22 mars 1827.

 

Date de modification : 15 octobre 2020

Partager sur