Hospitalisation des femmes
Retracer la vie d'une femme est parfois difficile faute de sources. Entre autres exemples très connus, avant 1944 et la mise en place du droit de vote pour les femmes, celles-ci ne laissent aucune trace dans les listes électorales. N'effectuant pas de service militaire, elles ne sont pas non plus concernées par les recensements militaires ni les registres matricules.
Aux Archives municipales d'Orléans, les arrêtés du Maire sont une source à exploiter pour étudier l'histoire des femmes. En effet, après enquête du Commissaire de police, sur demande éventuelle des proches, voire à la suite de pétitions, les individus peuvent être internés d'office. Or, il est intéressant de constater que dans les registres d'Orléans du 19e siècle, beaucoup de ces arrêtés concernent des femmes qu'on juge dangereuses pour leurs proches et pour la société. Jugées aliénées, hystériques, dangereuses ou insensées, elles sont enfermées temporairement ou pas à l'hôpital dans le quartier dit "des aliénés d'esprit ou furieux" ou encore "des fous". Comme pour des criminelles, les arrêtés évoquent la "réclusion". Certains arrêtés sont également pris pour autoriser la sortie de l'hôpital.
Au delà d'un intérêt généalogique certain, à ce jour, aucune étude historique ou sociologique n'a été menée à Orléans sur ce type d'arrêtés. Impossible de dire aujourd'hui précisément quelle proportion d'arrêtés cible des femmes par rapport aux hommes, les motifs de l'internement ou encore les délais. A titre d'exemples, entre 1806 et 1817, une trentaine d'arrêtés concerne le placement de femmes orléanaises.
Quand on sait que le mot "hystérie" a la même étymologie grecque que le mot "utérus", voilà qui pose question. Lire les récits des placements ne laisse pas indifférent et donne rapidement envie d'en savoir plus. Les arrêtés du maire, consultables en ligne pour partie en raison des directives de la CNIL et des délais de communicabilités des Archives, attendent désormais les chercheurs pour révéler leurs secrets !