Naufrage en Loire
Les Bains Jeanne-d'Arc coulés par un glaçon
L’hiver 1917 est particulièrement rude en France et en Europe. Orléans n’échappe pas au grand froid. La Loire gèle. La débâcle a lieu en février. Le fleuve charrie alors d’importants morceaux de glace. Le 16 février, en soirée, l’un deux, estimé à 5 mètres de long, éventre l’un des bateaux qui composent les Bains Jeanne-d’Arc, amarrés à hauteur du 44, quai du Châtelet. Le rapport de police, rédigé le lendemain, indique que la propriétaire, Mme Angéline Pellé, a dû quitter immédiatement l’embarcation, essayant toutefois de sauver un peu de matériel et du linge de bain se trouvant à bord. Il indique aussi qu’aucun accident de personne n’est à déplorer.
Il s’agit évidemment d’un drame pour la propriétaire. Son mari, Alfred, âgé de 44 ans, est justement mobilisé depuis le premier jour de la guerre. En 1917, il fait partie du 8e Régiment de chasseur. Il est donc absent. Ils ont 4 enfants : une fille de 20 ans, employée de commerce aux Galeries orléanaises, un garçon apprenti naturaliste, une fille de 11 ans et un autre garçon de 5 ans.
Dès le 20 février, Mme Pellé en appelle au secours du maire d’Orléans, Fernand Rabier. Dans la lettre qu’elle lui adresse, elle indique que le bateau a « coulé » en à peine une demie heure. Le renflouage et la remise en état sont estimés entre 5 000 et 6 000 francs. Elle n’a pas d’assurance. Il faut dire que les bains Jeanne d’Arc sont fortement liés à la Ville d’Orléans. L’établissement et l’exploitation par le couple Pellé remonte en effet au 16 janvier 1903 et résultent d’une convention signée avec la Ville à la même date. A ce titre, le couple touche notamment une subvention pour le fonctionnement de son établissement. En échange, un accès gratuit est garanti aux indigents ou encore aux enfants de l’Orphelinat Serenne.
Les documents conservés aux Archives d’Orléans ne permettent pas de savoir comment l’affaire du renflouement se règle finalement. Une délibération du 21 mai 1917 nous apprend que les tarifs des bains vont augmenter laissant à penser que l’établissement a déjà réouvert ou va le faire.
En octobre 1917, un document confirme que le bateau a bien été renfloué, sans précision de date. Mais, l’affaire ne semble pas reprendre si facilement son cours. La famille Pellé en appelle à nouveau à la Mairie. Elle demande l’appui de cette dernière pour obtenir le sursis du mari. La Ville écrira à l’Armée dans le sens d’une demande de sursis illimité faisant prévaloir l’accident de février 1917 et les difficultés qui en résultèrent pour la famille. La fiche matricule d’Alfred Pellé, conservée aux Archives départementales du Loiret, n’est pas très claire sur sa situation militaire. Proposé plusieurs fois en réforme temporaire, il semble qu’il ne soit réformé définitivement qu’après la fin de la guerre.
Date de modification : 27 janvier 2018