Vauquois : 100 ans d'amitié avec Orléans

Orléans, marraine de guerre de Vauquois depuis 1919

Au sortir de la Grande Guerre, on ne compte plus les villes et les villages complètement détruits par l’invasion allemande et les batailles menées sur le front d’Europe de l’Ouest. En France, l’Etat a la charge de réparer les dommages de guerre et de payer le coût de la reconstruction. Mais l’extrême urgence est de reloger les nombreux  habitants qui se retrouvent dans le plus grand dénuement après avoir regagnés leur commune.

Le soutien aux villes et villages sinistrés s’organise, les initiatives se multiplient par la création de coopératives ou d’associations de secours. Les maires sollicitent des aides financières et adressent des demandes d’adoption aux villes qui n’ont pas été envahies. Orléans reçoit ainsi de nombreuses lettres : Ohis, Royaucourt-et-Chailvet, Roméry-sur-Marne dans l’Aisne, Coullemelle dans la Somme, Haybes dans les Ardennes, Béthune dans le Pas-de-Calais, Vandières, Mercy-le-Haut en Meurthe-et-Moselle, Boult-sur-Suippe dans la Mar, etc.

Devant l’afflux des demandes, le conseil municipal, soucieux de remplir son devoir de solidarité envers les régions dévastées, déplore de ne pouvoir répondre favorablement à toutes les sollicitations. Le 16 juin 1919, il vote une somme de 20 000 francs pour contribuer au relèvement d’une commune des régions libérées. Il décide également d’ouvrir une souscription publique à la recette municipale, dont le produit serait remis à une commune appartenant à une région du front où les régiments orléanais ont combattu. C’est ainsi que sur la proposition du général Déprez, originaire d’une petite commune de la Meuse, le maire, Fernand Rabier et le conseil municipal décident d’adopter Vauquois lors de la séance du 25 août 1919.

Un village détruit par la guerre des mines

Avant la Première Guerre mondiale, cette localité compte 210 habitants sur un territoire très étendu. Située sur une butte, elle occupe une position stratégique près de Verdun et au terme de quatre années de conflit, il ne reste rien de ce village. Les régiments de la garnison d’Orléans s’y sont particulièrement distingués. Pendant deux ans, les troupes du 5ème Corps d'Armée basées à Orléans, et en particulier le 131ème Régiment d’Infanterie, soutiennent de durs combats. Un grand nombre d’Orléanais y sont, de fait, enterrés. En adoptant Vauquois, Orléans propose de reconstruire le village au bas de la butte désormais historique afin de la conserver dans son état.

Le 6 octobre 1919, le conseil municipal décide d’attribuer la totalité des sommes collectées au relèvement de Vauquois, soit 40 796 francs. Il nomme un comité pour organiser une aide d’urgence aux premiers habitants qui, de retour sur place, sont logés dans des baraquements. La souscription publique permet de procéder aux achats et d’assurer l’expédition des premiers secours en nature avant l’hiver : lits, objets de literie, articles de cuisine. Au début de l’année 1920, Orléans envoi une somme de 15 000 francs destinée à faciliter la remise des terres en culture et à permettre de faire les ensemencements. Le général Déprez déplore le manque de main-d’œuvre, la vétusté du matériel agricole et les terres inutilisables. C’est toute l’économie de la région qui est dévastée.

Ainsi commencent des échanges suivis entre les deux villes et une longue entraide qui soudent durablement leurs relations. Aux aides matérielles s’ajoutent des actions symboliques. La dénomination de la rue de Vauquois à Orléans est décidée en séance du conseil municipal le 27 février 1924. Le dimanche 20 juin 1926, Théophile Chollet, maire d'Orléans, est présent à l’inauguration du monument qui est érigé sur la butte à la mémoire des combattants et morts de Vauquois. Il y prononce un discours fortement émouvant retranscrit dans un numéro spécial de La Liaison, bulletin de la Société des anciens combattants. En 1927, il devient le parrain de l’une des cloches de la nouvelle église de la commune. Dans une lettre du 2 janvier 1930, le maire de Vauquois exprime l’attachement et la gratitude de ses habitants vis à vis de sa marraine.

Préservé après la guerre, le site de la butte de Vauquois est aujourd’hui ouvert au public et classé monument historique. Le nouveau village compte une vingtaine d’habitants, sa rue principale est baptisée rue d'Orléans. Ses relations et ses liens forts avec sa marraine de guerre perdurent jusqu’à nos jours, à l’occasion des commémorations et autres échanges culturels. Le 29 juin 2019, un voyage mémoriel d'Orléans à Vauquois a été organisé pour fêter 100 ans d'amitié entre les deux communes. Un spectacle-vidéo, projeté sur la façade de la Mairie de Vauquois retrace pour l'occasion l'histoire de la commune, notamment la raison du lien qui l'unit à Orléans.

 

La rue de Vauquois dénommée en 1924 à Orléans
La rue de Vauquois dénommée en 1924 à Orléans
Partager sur