Quelques Français libres orléanais
Un aperçu des fiches biographiques
Quelques Français Libres orléanais
Une sélection proposée par la délégation loirétaine de la Fondation des Français Libres
Afin d'illustrer les recherches réalisées par la délégation loirétaine de la fondation de la France Libre, celle-ci vous propose de découvrir quelques parcours individuels.
Il s'agit d'un échantillon au regard de plus de 180 noms de Français Libres recensés à ce jour dont la base est entièrement consultable sur le site Internet de la Fondation de la France Libre .
Les textes ont entièrement été rédigés par les bénévoles de la délégation du Loiret qui ont mené des recherches à partir notamment des fonds conservés par le Service historique de la défense (SHD) mais aussi des archives des familles.
En cas d'erreurs, de compléments ou de questions, nous vous invitons à contacter la Fondation de la France Libre.
BARBAS François
François Barbas naît le 20 avril 1912 à Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Il est le fils du colonel Henri Barbas.
Élève au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe) de 1930 à 1933, il est nommé sergent en 1936, puis sous-lieutenant en 1938. Il sert alors comme officier-élève d'active à Saint-Maixent (Deux-Sèvres) jusqu'au 1er avril 1939.
En juin 1940, son unité de 900 hommes stationnée au Liban est déplacée sur l’île de Chypre pour renforcer la garnison britannique. À l’annonce de l’armistice, 350 de ses compagnons, refusant la capitulation, décident de poursuivre le combat aux côtés de la Grande-Bretagne. Parmi les premiers Français Libres, ils forment, avec des évadés du Liban, le 1er Bataillon d'Infanterie de Marine (1er BIM).
En décembre 1942, François Barbas rejoint les services spéciaux du Levant. Il est promu capitaine le 25 mars 1944. Après la Libération, il entame une carrière dans l'administration coloniale. En 1966, il se tourne vers le secteur privé à Orléans, où il finit par s'établir.
François Barbas s’éteint le 12 novembre 1980 à Orléans.
BOUTONNET Robert
Robert Boutonnet naît le 15 novembre 1921 à Breuillet (ancienne Seine-et-Oise). Il devient ajusteur-tourneur dans l’usine Guinard à Châteauroux (Indre) dès 1937 et s’engage dès qu’éclate la guerre.
Il est affecté sur un aviso* nommé Le Chevreuil le 4 mars 1940 avec le grade de matelot-mécanicien. La navire prend part à des convois sur la mer du Nord et l’Atlantique de mars à mai 1940. Le bâtiment est à quai à Portsmouth lorsqu’il est saisi, le 3 juillet 1940, par la Royal Navy. L’équipage est interné par l’armée britannique en juillet et août à Birkenhead puis à Crewe (près de Manchester) dans le cadre de l'Opération Menace. Robert Boutonnet rallie les FNFL le 2 septembre 1940 à Londres et retourne sur Le Chevreuil le 12 septembre 1940.
De septembre 1940 à août 1941, il participe à des convois dans l’Atlantique, la Mer du Nord et la Mer d’Irlande. Le Chevreuil est appelé par le Général de Gaulle à rejoindre l'océan Pacifique à partir du 24 août 1941 pour renforcer la présence française en Océanie. Le Chevreuil rejoint la Californie pour un carénage à Long Beach à partir du 30 août 1943.
Robert Boutonnet est affecté du 1er décembre 1943 au 11 février 1944 au bureau de la France Libre de New-York puis part en formation de guerre à Miami. Le 11 février 1944, il embarque sur le torpilleur Le Tunisien et traverse l’Atlantique pour l’Afrique du Nord. De mai à août 1944, il navigue dans des convois en Méditerranée et est présent le 15 août 1944 pour le débarquement de Provence.
Le 30 juillet 1945 il est libéré de ses obligations militaires. Il reprend son métier d’ajusteur-tourneur-outilleur à Châteauroux. Il est ensuite employé puis cadre dans l’industrie pétrolière jusqu’à sa retraite en 1981.
Robert Boutonnet s’installe alors dans le Loiret et décède le 3 avril 2015 à Orléans.
*Aviso : Petit bâtiment de guerre employé comme escorteur.
COGNET Bernard
Bernard Cognet naît le 14 avril 1922, à Breteau (Loiret) où son père est garde-chasse. Il épouse Jeanne Quétard en avril 1940.
Dès 1940, il se met en contact avec des offi ciers du S.R. « Air » de l’Armée d’Armistice , auquel il fournit des renseignements. Le couple rejoint le réseau Turma-Vengeance en août 1942. Bernard Cognet devient agent permanent du réseau en avril 1943 et devient l’adjoint de Claude Lerude, chef régional du réseau. Le 24 janvier 1944, il est capturé par la Gestapo et très durement torturé. Il est déporté en avril à Mauthausen. Il est libéré le 5 mai 1945 par les Américains. Âgé de 23 ans, il ne pèse plus que 33 kg.
En 1950, il demeure au 3 rue Edouard-Fournier à Orléans. Engagé dans l’armée, il termine sa carrière militaire en 1968 avec le grade de chef de Bataillon
De 1971 à 1979, il est adjoint au maire de Saint-Jean-de-Braye, chargé de l'administration générale, des sports, des loisirs, de la culture et des fêtes. Il décède à Orléans, le 6 septembre 2002.
Dès 1940, s’est mis en contact avec des Officiers du S.R. Air, auquel il fournit des renseignements. En août 1942, est entré au mouvement de Résistance « Vengeance » s’est dépensé sans compter, et comme agent permanent a effectué de nombreuses liaisons, il fait un recrutement intensif. A participé à de nombreux coups de main, notamment à Gien, pour procurer aux réfractaires des titres d’alimentation. En janvier 1944, à la suite de nombreuses arrestations est resté seul ou presque dans le Loiret. A décidé de libérer son chef emprisonné. Dénoncé a été arrêté. A subi sans faiblir de très dures tortures au cours des ses interrogatoires, ce qui lui valut d’être déporté au camp de redressement de Sarrebruck. Jeune officier courageux, d’un cran magnifique, d’une haute tenue morale, fut toujours un exemple pour tous.
Citation à l’Ordre de l’Armée, du 22 août 1946
COTTEREAU Jacques
Jacques Cottereau naît le 11 mars 1904, à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher).
Il rejoint la Résistance en juillet 1943, au sein du réseau Manipule. En mars 1944, il intègre le réseau Béarn et les Corps Francs Vengeance.
Lors des combats de la Libération, Jacques Cottereau est chef du groupe FFI du secteur dit de Lamotte-Beuvron (Lamotte, Nouan-le-Fuzelier, Saint-Viâtre). Il exerce alors la profession d'électromécanicien et possède sa propre entreprise à Nouan-le-Fuzelier.
Jacques Cottereau meurt le 19 août 1986 à Orléans.
FONTANA Emile
Émile Fontana naît le 2 mars 1904 à Paris d'un père mécanicien. De 1924 à 1926, il sert dans les troupes coloniales au Maroc, participant notamment à une mission géographique du Grand Atlas marocain.
En 1936, Émile Fontana est caporal-chef à la caserne des pompiers d’Orléans. En 1938, il est déjà décoré de la médaille des Belles Actions, de la médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement ainsi que du titre de chevalier du Mérite Social.
En juin 1943, il rejoint la Résistance au sein du réseau Turma-Vengeance. Il devient une figure centrale du groupe de résistants de la caserne d’Orléans. En décembre 1943, il participe à un audacieux coup de main à la mairie de Gien, visant à s'emparer de tickets de rationnement pour soutenir les maquis locaux.
Le 16 janvier 1944, il est arrêté par les Allemands à la suite d’une dénonciation. Déporté depuis Compiègne le 21 mars, il transite par le camp de Sarrebruck Neue Bremm, avant d'être interné à Mauthausen. Libéré le 5 mai 1945, il est rapatrié le 20 mai et reprend immédiatement son service de sapeur-pompier. Pour son engagement exemplaire, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur et son dossier de Résistance mentionne la Médaille de la Résistance, publiée au Journal Officiel le 13 octobre 1946.
Émile Fontana s’éteint le 24 février 1980 à Orléans, laissant le souvenir d’un homme de courage et de dévouement, tant dans son engagement résistant que dans sa vocation de pompier.
GAUTHIER Pierre
Pierre Gauthier naît le 3 novembre 1921 à Alger, d'un père directeur de banque. En juin 1940, il est étudiant à Montpellier. Après l'entrevue de Montoire entre Hitler et Pétain, il décide de partir en Algérie en pensant que la guerre pourrait se poursuivre en Afrique du Nord. En partant de Marseille, il parvient à embarquer clandestinement sur la bateau Lamoricière en direction d'Alger. Inscrit à la faculté de droit, il suit les cours du professeur René Capitant (qui avait connu le colonel de Gaulle au début de la guerre) et qui dans la clandestinité est le chef du réseau de résistance « Combat-outremer ».
Lors du débarquement allié du 8 novembre 1942 (opération Torch), Pierre Gauthier participe au mouvement organisé et dirigé par le docteur José Aboulker et intervint avec des groupes de volontaires pour occuper les points sensibles de la ville en attendant l'arrivée des forces américaines. Au cours d'un rassemblement dans un garage pour percevoir des armes et monter en voiture, il reconnaît le professeur Capitant également dans la même action. Ce dernier lui permet de rejoindre la Tunisie après l'arrivée du général de Gaulle à Alger en mai 1943, pour s'engager dans les forces françaises libres. Au sein de la division commandée par le général Brosset (1e DFL), il participe à la campagne d'Italie puis au débarquement en Provence le 16 août 1944 et aux diff érents combats pour la Libération jusqu'en Alsace et dans les Alpes. Le 18 juin 1945, il fait partie avec son régiment du grand défilé de la Victoire sur les Champs-Elysées et la place de la Concorde. Après sa démobilisation, le 8 août 1945 il termine ses études de droit, devient magistrat de l'ordre judiciaire et termine sa carrière à la Cour de cassation.
Pierre Gauthier décède le 25 décembre 2016 à Orléans. Il repose à Grisolles (Tarn-et-Garonne) dans le caveau familial.
GUIGNARD Jacques
Jacques Guignard naît le 18 juin 1920 à Orléans, 64, rue de Coulmiers, d'un père employé des postes et télégraphes.
En 1940, Jacques Guignard est caporal pilote à l'École de Chasse d’Étampes, repliée à Saubrigue dans les Landes. Lors de la débâcle, il rejoint l'Angleterre à bord de l'Arrandora Star. Après une formation complémentaire, il est aff ecté le 20 août 1941 au Squadron 32, équipé d'Hurricanes.
Le 16 novembre 1941, il intègre le Squadron 340 "Free French", "Île-de-France", basé à Turnhouse. Aux commandes d’un Spitfire, il participe le 6 juin 1944 à la protection aérienne des troupes débarquant en Normandie. Le 24 octobre 1944, il accomplit sa dernière mission. La guerre est terminée pour lui. Au total, Jacques Guignard a réalisé 370 missions de combat et compte à son actif trois victoires aériennes.
Sa carrière se poursuit avec une formation de pilote d’essai. Le 9 août 1945, il entre dans l’histoire en devenant, lors de son premier vol sur le Gloster Meteor, le deuxième Français à piloter un avion à réaction.
Après avoir quitté l'armée de l'air, il entame une brillante carrière de pilote d’essai dans l’industrie aéronautique, au cours de laquelle il survit à trois graves accidents. Le 2 mars 1969, il se trouve dans le cockpit du Concorde 001 pour son vol inaugural, une étape historique dans l’aviation.
Le 1er octobre 1970, après avoir totalisé près de 7 000 heures de vol, dont 5 000 en tant que pilote d’essai, sur 16 prototypes, et participé au premier vol de 10 d'entre eux, Jacques Guignard prend une retraite bien méritée.
Il s’éteint le 12 octobre 1988 à Espaon (Gers), laissant derrière lui un héritage aéronautique exceptionnel.
LEPLAT Simone
Simone Leplat naît à Orléans le 25 février 1896, 42, rue Royale, dans une famille de commerçants. Elle poursuit des études à La Sorbonne, d’où elle sort diplômée ès Lettres.
En 1918, elle épouse Timoléon Pascalidis, avec qui elle a deux fils. Parallèlement, elle entame une carrière de critique littéraire au journal L’Intransigeant et écrit des récits et nouvelles destinés à la jeunesse. Sous le pseudonyme de Simone Saint-Clair, elle publie en 1937 son premier roman, Le Dahlia rouge, qui remporte le Grand Prix du Roman Populaire.
En 1940, elle se remarie avec Marcel Leduc et s’installe avec lui dans une villa à Juziers, sur les berges de la Seine. Lorsque la France est occupée, elle s’engage en janvier 1943 dans le réseau de renseignements Mithridate, où elle devient chef de secteur à Paris. Arrêtée puis déportée au camp de Ravensbrück, elle est libérée en 1945 et apprend alors le décès de son fils cadet, Alain, engagé dans la 2e Division Blindée des Forces Françaises Libres, tombé en Alsace l’année précédente.
Profondément marquée par la déportation, Simone Leplat relate son expérience dans Ravensbrück, l’Enfer des femmes, un ouvrage salué par l’Académie française. En 1947, un nouveau drame la frappe : son fils aîné, Claude, ancien des Forces Françaises Libres, meurt en Indochine. Cet enchaînement de tragédies influence son écriture, l’orientant vers des récits plus ésotériques.
Simone Leplat s’éteint le 1er mars 1975 et repose au cimetière de Juziers (Yvelines) aux côtés de son mari et de ses deux fils.
MACE Pierre
Pierre Macé naît le 14 février 1922 à Orléans, 2, rue Fougereau, d'un père charcutier.
Il s’engage le 12 août 1940 dans les Forces Navales Françaises Libres. Il est affecté successivement sur le cargo Casamance, le paquebot mixte Ville d’Amiens et enfin à la 6FE (6ème Flottille d'exploration de l’aéronavale). En 1947, il est mécanicien navigant sur l'hydravion Catalina, en Polynésie française au sein de la Société des Transports Aériens du Pacifique Sud (TRAPAS)
Pierre Macé décède le 22 août 2011 à Bastia (Corse).
ROUSSELOT Jean
Jean Rousselot naît le 27 octobre 1913 à Poitiers (Vienne), d'un père, forgeron, tué en 1916, à la bataille de Verdun
Jean Rousselot est rédacteur à la mairie de Poitiers, puis secrétaire de police. En 1938, il devient commissaire de police à Vendôme (Loir-et-Cher). En 1942, il est muté à Orléans. Il s’engage en février 1943, dans le réseau de Résistance Cohors-Asturies. Il fournit des faux-papiers aux résistants et aux juifs. Il tente en vain de sauver Max Jacob. Il procure des documents au couple formé du poète Monny de Boully et de Paulette Lanzmann, mère du cinéaste et écrivain Claude Lanzman.
En août 1944, Jean Rousselot participe aux combats pour la libération d’Orléans et est nommé commissaire central par la Résistance, soit, la responsabilité de cinq départements de la région. À la Libération, il est nommé à Paris en qualité de chef de cabinet du directeur-adjoint de la Sûreté nationale. En 1946, il démissionne de la Sûreté nationale et décide de vivre de sa plume.
Jean Rousselot décède à Port-Marly (Yvelines) le 25 mai 2004.
SALIBA Andréa
Andrea Saliba voit le jour le 28 août 1919 à Ereğli, en Turquie. Avec son frère Benoît, il rejoint les Forces Aériennes Françaises Libres au Liban. Il est élève mécanicien sur la base de Rayak jusqu'en août 1942, date où il est affecté au Groupe de Chasse Normandie. Il est dirigé avec son unité sur l’ Union Soviétique en novembre 1942. Il est de retour à Rayak en octobre 43, lorsque les mécaniciens français du Normandie sont remplacés par leurs homologues soviétiques. Il intègre alors le Groupe de Chasse Ardennes qu’il suit jusqu’en Alsace, base du Groupe pour ses opérations au-dessus de l’Allemagne. Il est démobilisé en juin 1945.
En 1951, Andrea Saliba est domicilié à Wintzenheim, dans le Haut-Rhin. Il s'éteint à Orléans le 13 mai 2002.
TENSORER André
André Tensorer naît le 25 novembre 1922 à Brest, d'un père agent de police.
Durant l’occupation, il est membre du réseau de résistance « Gloria » et après la destruction de celui-ci en août 1942, il s’évade de France par l’Espagne le 25 décembre 1942.
Libéré, il s’engage dans les Forces Françaises Libres, le 15 avril 1943. André Tensorer intègre la 5e promotion de l’école des cadets de la France Libre baptisée « 18 juin ». Il rejoint la 2e D.B. peu avant le débarquement en Normandie avec le grade d’aspirant. Il est affecté comme officier de liaison avec le 501e RCC à l’état-major du groupement tactique V, avec lequel il participe aux campagnes de France et d’Allemagne. Il sert ensuite en Indochine et en Algérie, avant d’entrer dans l’Éducation nationale où il commence une nouvelle carrière de professeur en Bretagne, jusqu'à sa retraite. Il s’installe ensuite avec son épouse à La Ferté-Saint-Aubin.
André Tensorer décède à Orléans le 7 septembre 2015.
Pour aller plus loin...
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