L'avènement de la société de consommation

L'avènement de la société de consommation

En une année, entre 1970 et 1971, 3 hypermarchés s’implantent à la périphérie d’Orléans : les enseignes Baroud à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Auchan en 2023), Escale à Olivet (Auchan en 2023) et Carrefour à Saran. Les 3 magasins réunis représentent à eux seuls 37 000 mètres carrés d’emprise commerciale, venant supplanter l’offre des supermarchés et grands magasins déjà installés à Orléans et agglomération depuis 1962 : Cedim, Intermarché, Radar Super, Relais 2000, Codec, Monoprix, Suma, Nouvelles Galeries.

L'hypermarché : un nouveau concept

Cette nouvelle offre qui se généralise en France, provoque dès lors des inquiétudes sur l’avenir des commerces traditionnels et l’attractivité des centres-villes

Plus généralement, l’adhésion large et massive des consommateurs au nouveau concept provoque de multiples questions sur les bouleversements qui s’annoncent, sur l’évolution des pratiques d’achats et des modes de vie.

Couverture du N°3 de La Tribune d’Orléans. Dossier spécial sur les grandes surfaces. 1971.  Archives du GEMAO. Cliché : Christian Arrault
Couverture du N°3 de La Tribune d’Orléans. Dossier spécial sur les grandes surfaces. 1971. Archives du GEMAO. Cliché : Christian Arrault

La question de l’automobile est à nouveau centrale dans l’apparition de l’hypermarché. Les magasins mettent tout en œuvre pour faciliter la venue de leurs clients en voiture (favorisant ainsi la consommation), avec l’implantation sur place de leurs propres stations-services et l’aménagement de parkings géants.

Saran. Hypermarché Carrefour. Photographie. 1971. Archives du GEMAO. La Tribune d’Orléans N°0, 1971. Cliché : Robert Chabbert
Saran. Hypermarché Carrefour. Photographie. 1971. Archives du GEMAO. La Tribune d’Orléans N°0, 1971. Cliché : Robert Chabbert
Olivet. Hypermarché Escale. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Olivet. Hypermarché Escale. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO

Dans leurs publicités, les "hypers" mettent en avant leurs nouveaux arguments. En 1971, Escale Olivet choisit des anglicismes pour se définir. Il est un hypermarché "discount" (magasin où l'on pratique des prix bas) et le plus grand "drugstore" de France (ensemble formé d'un bar, d'un café-restaurant, de magasins divers).

Le magasin ouvert 7 jours sur 7 annonce une large ouverture en soirée (jusqu’à 22 heures), propose 40 000 articles en libre-service, promet de "casser" les prix et offre de nombreux services : restaurant, cafétéria, pressing-retouches, cordonnerie et clé minute, photomaton, imprimerie, services bancaires. 

Publicité extraite de : La Tribune d'Orléans N°3, 1971
Publicité extraite de : La Tribune d'Orléans N°3, 1971

Le devenir du centre-ville

L’implantation des géants de la grande distribution n’est pas sans conséquence sur l’urbanisation des communes périphériques. Les centres commerciaux devenus de véritables pôles d’attraction favorisent l’expansion de l'agglomération et influent sur la construction d’infrastructures comme les voies de communication, l'implantation de zones artisanales ou commerciales. Ces métamorphoses ont des répercussions sur le devenir du commerce de ville.

La quincaillerie Croissandeau est un bon exemple de cette mutation. Implanté au cœur de ville depuis 1793, c'est l'un des grands magasins emblématiques du commerce orléanais. On peut y trouver de nombreux articles et services de proximité : outillage, clouterie, électroménager, articles pour le bâtiment, le jardin, location de machines pour le bricolage, entre autres. L'établissement décide de quitter la place du Martroi et annonce son transfert dans la Z.A.C. d'Olivet sud, rue de Bourges au début des années 80. C’est l’enseigne C&A qui s’installe à sa place, le grand magasin de vêtements fait alors table rase du magasin historique Croissandeau et de sa façade reconstruite en 1934. A l’intérieur du bâtiment moderne, un grand choix d’articles de mode, un espace commercial en libre-service, des escalators, des caisses enregistreuses mécaniques, etc.

Orléans. Quincaillerie Croissandeau, place du Martroi. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Orléans. Quincaillerie Croissandeau, place du Martroi. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO

"La revanche de Bedford". La chronique de Simon Guépin. La Tribune d'Orléans N°51, 1981

Orléans. Magasin C&A, place du Martroi. Photographie. 1982-1983. Archives du GEMAO
Orléans. Magasin C&A, place du Martroi. Photographie. 1982-1983. Archives du GEMAO

"Une pièce de plus au catalogue des laideurs d'Orléans". La chronique de Simon Guépin. La Tribune d'Orléans N°58, 1982-1983

Le renouveau des Halles-Châtelet

A la fin des années 60, les Halles du Châtelet font l’objet d’un vaste projet de réhabilitation. L’opération est conjointe au programme de requalification des quartiers anciens et vétustes de la ville entamé quelques années auparavant à La Charpenterie.

68 commerçants occupent alors les pavillons de style Baltard devenus extrêmement vétustes et insalubres. Face au développement de l’agglomération orléanaise et devant la nécessité de maintenir le dynamisme du centre-ville, le parti pris est de créer un nouveau pôle d’attraction à vocation commerciale.

La maîtrise d’ouvrage de l’opération est déléguée à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Loiret. Le projet comprend la démolition de l’ancien carreau maraîcher, décision de la Ville en 1969 et la reconstruction d’un ensemble fonctionnel comprenant des halles alimentaires, des réserves et des locaux de préparation en sous-sol (1 800 m2), un parking public de 750 places, une galerie marchande non alimentaire (3 000 m2), des bureaux, salles de réunions et de loisirs (3 000 m2).

En 1972, la Ville d’Orléans prend en charge le transfert provisoire des commerçants sur le vaste terrain de la place de la Charpenterie. L’espace est nouvellement aménagé d’un parking, d’un bâtiment réservé aux commerçants et de 10 abris en forme de "champignons" faisant fonction de parapluies.

Le nouveau bâtiment des Halles-Châtelet est achevé en mars 1975, puis, en novembre 1976, la galerie marchande ainsi que le parking de 3 niveaux construit au-dessus.

Le marché de la Charpenterie est resté en fonction jusqu’au milieu des années 90.

► Parcourir l’exposition virtuelle : L'îlot de La Charpenterie : 40 ans d'urbanisme

Orléans. Quartier de la Charpenterie. Photographie. 1971. Archives du GEMAO
Orléans. Quartier de la Charpenterie. Photographie. 1971. Archives du GEMAO

"Non aux halles de la Charpenterie". Orléans tribune N°6, 1971. Cliché : Robert Chabbert

Orléans. Quartier de la Charpenterie. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Orléans. Quartier de la Charpenterie. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO

Orléans. Parking de la Charpenterie. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Orléans. Parking de la Charpenterie. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO

Le parking de la Charpenterie est remplacé en 2003 par le jardin de la Charpenterie, un espace arboré de 5 000 mètres carrés organisé autour d'une grande pelouse centrale et comprenant des jardins à thèmes, un jardin d'enfants, une glycineraie.  

Orléans. Rue des Halles. Photographie. 1977. Archives du GEMAO. La Tribune d’Orléans N°33, 1977
Orléans. Rue des Halles. Photographie. 1977. Archives du GEMAO. La Tribune d’Orléans N°33, 1977
Orléans. Quai du Châtelet. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Orléans. Quai du Châtelet. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Orléans. Les "champignons" du marché couvert de la Charpenterie. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
Orléans. Les "champignons" du marché couvert de la Charpenterie. Photographie. Sans date. Archives du GEMAO
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