L'électrification du réseau

La première ligne de tramway d'Orléans reste aussi la seule durant environ vingt ans. Après une période précaire, les travaux d'aménagement sont relancés avec la modernisation des rails entre 1892 et 1895. Un arrêté de 1896 autorise l'utilisation d'automotrices à vapeur et incite à la modification des terminus en vue de permettre le retournement des voitures. Malgré cela, la traction animale subsiste. En effet, les expériences de certaines villes pionnières ne sont pas concluantes. Il faut finalement passer la première moitié des années 1890 pour que l'alimentation électrique des rames s'implante en France, notamment en région parisienne.

Effectivement, la traction animale engendre un coût d'exploitation élevée. Ainsi à Orléans, on compte 56 chevaux pour 9 à 12 voitures en circulation. Aussi, à l'instar d'une quinzaine de villes françaises, la Compagnie générale française des tramways choisit finalement la traction électrique pour Orléans. Après quelques mois de travaux, la mise en service a lieu le 28 juin 1899. Le développement du réseau reprend alors et atteint son apogée en 1909 avec quatre lignes.

La ville offre ainsi un nouveau visage aux yeux des 68 000 Orléanais de l'époque. Non seulement les rails parcourent de nombreuses rues du Nord au Sud et d'Est en Ouest mais l'électrification génère, non sans débat, l'installation d'un nouveau genre de matériel urbain destiné à la suspension des fils. Poteaux et consoles sont finement travaillés pour ne pas dépareiller du mobilier urbain du moment. Les chansonniers railleurs y voient pourtant des alignements de potences à pendus et laissent entendre que les habitants d'Orléans, surnommés "Guêpins", ironisent sur les pannes qui n'existaient sans doute pas ou peu au temps des chevaux. C'est, par ailleurs, la naissance d'un nouveau vocable. Le conducteur de tramway n'est plus un cocher mais un wattman, association des mots anglais "watt" et "man".

Partager sur