Les mutations urbaines du 18e siècle

La construction d’un nouveau pont : l’œuvre de Jean Hupeau

Le 18e siècle marque une étape décisive dans la transformation urbaine d’Orléans, avec la disparition progressive des derniers ouvrages défensifs de l’époque du Moyen Âge.

Le pont médiéval est ruiné par les inondations de « la rivière de Loire » et les assauts du fleuve. En 1733, le registre des délibérations de la Ville d’Orléans relate que le 28 mars, il y eut un tel débordement de la rivière, que de mémoire d’homme on n’avait vu les eaux monter si haut et avec une telle force : une partie des gros murs de la motte Saint-Antoine du côté du Châtelet tombent ; le pont de communication à la motte est emporté et plusieurs personnes périssent ; la motte aux poissonniers est très endommagée, plusieurs arches du pont sont ébranlées, quantité de bateaux et sept moulins à bacs sont naufragés. Les pertes sont jugées inestimables, à Orléans comme dans le val alentour.

En 1745, l’intendant de la Ville et l’ingénieur du roi dépêchés sur place constatent qu’il y a tout lieu de craindre l’effondrement de deux arches du pont. Le passage des voitures roulantes est interdit, seul le passage des chevaux, des bêtes de somme et des marchandises est autorisé. Un grand bac est construit de crainte que le passage ne soit totalement interrompu. Messieurs les maire et échevins font descendre la croix avec les figures de Jésus et la Sainte Vierge, de Charles VII et de Jeanne d’Arc dite la Pucelle d’Orléans, qui se trouve à l’entrée du pont. Les figures en bronze sont transportées à l’Hôtel de Ville.

En 1751, les deux arches du côté nord de la ville étant prêtes à s’écrouler, un pont de bois est construit pour conduire du quai jusqu’à la première pile de l’arche de l’île Saint-Antoine. Mais malgré toutes les tentatives, les ingénieurs considèrent que le pont est irréparable. C’est l’année où débute la construction d’un nouveau pont :

« En la présente année 1751, on a commencé à construire à Orléans un pont de pierre qui a été planté à 37 toises et demi au-dessous de l’ancien pont suivant le projet du sieur Huppeau préposé à la conduite et direction de ce pont. Il sera composé de deux culées et de huit piliers qui formeront neuf arches dont la plus grande aura 102 pieds d’ouverture. On a aussi commencé cette année à démolir des maisons pour ouvrir en face du nouveau pont une rue qui conduira à la place du martroy. »  (Archives municipales d’Orléans, BB18).

Le nouveau pont est achevé et ouvert à la circulation en 1760. On commence alors à démolir l'ancien ouvrage.

Un nouvel axe nord-sud avec le percement de la rue Royale

L’architecte et ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussés du Royaume, Jean Hupeau, conçoit pour Orléans un projet de grande ampleur qui est approuvé par Louis XV. A la suite du pont, l’ouverture d’une voie rectiligne dessine le nouvel axe nord-sud de la ville : c’est le percement de la rue Royale qui s’effectue à travers les vieux quartiers pour déboucher place du Martroi. L’élévation du tablier du pont oblige à construire une voûte au-dessus de la rue de la Pierre-Percée pour compenser le dénivelé avec la nouvelle voie. De l’autre côté de la Loire, l’avenue Dauphine est créée sur les remblais, formant ainsi vers le Sud, le prolongement du nouveau franchissement de la Loire. 

Les travaux de construction de la rue Royale débutent en 1751. La municipalité d’Orléans conduit et finance les opérations de démolition de 133 maisons et assure le remboursement des occupants. L’élévation des nouvelles façades est également à sa charge et doit se conformer au projet architectural de Jean Hupeau. Au bas de la rue, deux pavillons forment une entrée de ville qui se poursuit au rythme uniforme des façades de style classique en pierre de taille. Des arcades en plein cintre en rez-de-chaussée sont surmontées de deux étages puis de combles avec couverture en ardoise.

Les travaux vont s'avérer longs et coûteux pour la municipalité qui souscrit plusieurs emprunts auprès du roi. Elle bénéficie également d'allègement d'impôts avec l'exemption de la retenue sur l'octroi.

 

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