Les prémices
Lors du conseil municipal du 26 mars 1915, la ville d’Orléans témoigne de sa volonté d’organiser une école de rééducation professionnelle pour les mutilés. La première difficulté est de savoir si un nombre suffisant de soldats réformés sera intéressé. La seconde est de trouver un local assez vaste car de nombreux bâtiments publics sont réquisitionnés par l’Armée. La municipalité lance une étude pour recenser les besoins à l’échelle de la Ve Région militaire et commence à rechercher des locaux. Seuls 21 hommes manifestent de l’intérêt pour le projet. C’est insuffisant.
En outre, il existe déjà à Orléans une œuvre pour l’assistance aux "éclopés" fondée sur l'initiative privée de Marie Chassot, épouse du colonel qui dirige le régiment du 8e Chasseurs. En effet, Marie Chassot prend rapidement conscience que les blessés mutilés auront des difficultés à reprendre leur activité professionnelle une fois réformés par l'Armée. Elle décide donc de travailler à la formation et à la réinsertion professionnelle des blessés et mutilés qui séjournent à l’hôpital-dépôt de convalescents du quartier militaire Louis-Rossat. En l'occurrence, cette caserne, située rue des Vaupulents, est celle du 8e Chasseurs.
La municipalité a connaissance de l'initiative de Marie Chassot qui l'a déjà sollicitée en juillet 1915 et à qui elle a versé un don de 500 francs. D'après le rapport du Docteur Goussal, médecin-chef de l'hôpital-dépôt de convalescents, l'œuvre de Marie Chassot a pour but de :
- Faire apprendre un métier aux blessés qui, étant données leurs lésions, ne peuvent reprendre la profession qu'ils exerçaient autrefois ;
- Perfectionner les connaissances techniques et manuelles de ceux qui ont gardé la possibilité de retrouver leurs occupations d'avant la guerre ;
- Donner de l'instruction proprement dite sous forme de cours, leçons et conférences aux illéttrés et à ceux qui ont à cœur de perfectionner leurs connaissances actuelles.
Le lot de blessés est divisé en trois catégories : les cultivateurs envoyés dans des exploitations proches d'Orléans, les apprentis et ouvriers placés chez des commerçants et artisans de la ville et les mutilés à rééduquer au sein même de l'hôpital-dépôt.
Après quelques mois de fonctionnement, les résultats de l'école sont très positifs. Aussi, la Ville décide de ne pas créer une école concurrente à celle de Marie Chassot. Au contraire, tout comme le fera le Département du Loiret, elle décide de lui allouer les sommes nécessaires à l'extension de son œuvre ainsi qu'un bâtiment situé rue Chappon. L'école doit désormais accueillir tous les blessés volontaires de la Ve Région et non plus seulement ceux du quartier Louis-Rossat.