Le championnat de la Fête fédérale
Dimanche 19 mai et lundi 20 mai
Dimanche 19 mai 1929
Dimanche et lundi, c’est au tour des sociétés sportives et des individuels de s’affronter. De 6 h à 17 h, les concours ont lieu sur l’avenue du Champ-de-Mars et à l’Île Arrault, aménagées à cet effet et où se trouvent les agrès et appareils nécessaires (barres fixes, barres parallèles, portiques, anneaux, etc.)
Les exercices généraux d’ensemble sont obligatoires pour toutes les sociétés. Il y a deux catégories de concours possibles, artistique ou athlétique. Les exercices comportent : en individuel, exercices aux barres et aux anneaux, saut (hauteur, largeur, perche), grimper de corde ; en section, boxe, pyramides, course (vitesse, 100 m, 500 m, relais), escrime, lancer (de poids, javelot, disque…), marche, danse. Le concours artistique met l’accent sur les exercices aux anneaux et aux barres, tandis que le concours athlétique comporte plus de course et de lancer, ainsi que de la lutte. Les mouvements aux anneaux et à la barre fixe sont imposés et ont été composés par le moniteur général de la Fête, René Plasson. Pendant ce temps, les épreuves de tir et de natation continuent, avec une compétition de plongeon pour la natation.
Vers la fin de la journée, les gymnastes effectuent des mouvements d’ensemble en musique. On remet leurs prix aux délégations scolaires. Un concours de productions costumées (ballets, tableaux et poses plastiques) a lieu à 21 h au Théâtre municipal. De 21 h 30 à 23 h, la population se regroupe sur le boulevard Alexandre-Martin pour la « Fête de Nuit » organisée pour l’occasion, où l’on admire des tableaux vivants, des feux de Bengale et des pièces d’artifice.
La nuit, les gymnastes logent principalement dans des hôtels, des gymnases ou autres bâtiments appartenant à la collectivité ; certains particuliers ont également mis à disposition des chambres chez eux.
Notation et prix
Les différents exercices sont notés sur 10 points. En section, les concurrents ayant obtenu plus de 85% des points recevront le prix d’excellence couronné (d’une couronne de lauriers), le premier prix pour au moins 75% des prix, le deuxième prix pour 65%, et le troisième prix pour 60%.
Pour les concours individuels, les sportifs sont classés en fonction de leur nombre de points. Ceux ayant obtenu au moins 85% des points remporteront un prix couronné d’une couronne de lauriers, et un prix simple au-dessus de 75%. Les prix sont accompagnés de souvenirs forgés à l’occasion, tels que des objets d’art, des plaquettes, ou des médailles, classés selon leur valeur.
Les mots d’ordre sont discipline, tenue, ordre, et travail. Les gymnastes sont notés selon « l’ingéniosité et l’agréabilité de leurs combinaisons », la difficulté des mouvements, l’élégance de l’exécution, la « valeur éducative ». Il faut éviter les arrêts prolongés et les combinaisons trop longues. Certains exercices sont séparés en quatre degrés, du plus difficile au plus facile.
Après la Fête, les sociétés peuvent faire des réclamations si elles remarquent une erreur dans leur notation. C'est par exemple le cas de l'Avant-Garde de Rabat, surnotée, et de la Palestra Gimnastica Fiorentina, sous-notée.
Lundi 20 mai
Le lundi matin, les concours reprennent à l’Île Arrault pour la finale des concours artistiques et athlétiques. Au Cabinet-Vert, c’est la finale des concours de nage et de plongeon.
André François-Poncet, sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts et représentant du gouvernement à la Fête, arrive de Paris vers midi.
En début d’après-midi, les sociétés de gymnastique se rassemblent boulevard de Verdun et marchent jusqu’à la place du Martroi, où ils rendent hommage à Jeanne d’Arc devant la statue. Le défilé continue ensuite dans la ville et les gymnastes rejoignent l’Île Arrault pour les célébrations de la Fête fédérale. Les sociétés effectuent des démonstrations artistiques et des mouvements d’ensemble en musique. Le drapeau fédéral est officiellement remis par Charles Cazalet à Eugène Turbat. La ville conservera ce drapeau jusqu’à la Fête de l’année suivante, qui aura lieu à Alger.
Un grand banquet est donné le soir et un feu d’artifice sur les bords de Loire conclut les manifestations.
Le défilé
Mardi 21 mai
Les prix sont remis le mardi matin au Théâtre. Armand Solbach, de la société des Touristes Suresnes, est couronné champion de France individuel. Les Touristes Suresnes se placent également premiers aux compétitions en équipe. Le premier corps d’armée de Lille remporte le championnat militaire.
La municipalité profite de la lumière apportée sur la ville pour mettre en valeur la région. Ainsi, des excursions aux châteaux de la Loire (Chambord, Blois, Beaugency, Cheverny, Chaumont) sont organisées dans la journée du mardi pour les visiteurs. On fait tout pour que cet intérêt touristique soit entretenu durant l’été, notamment par des expositions, des congrès et des fêtes sur la Loire. Cela permettrait de remplir à nouveau les caisses de la ville, éprouvées par les dépenses lors des fêtes.
Bilan des Fêtes
Les Fêtes du cinquième centenaire ont coûté 1 330 057 anciens francs (environ 908 472 €) et ont produit 1 597 519 F (environ 997 109 €), un excédent de recette possible grâce à une subvention d’un million de francs de la part de l’Etat, auxquels ont contribué les ventes de places, de billets de tombola, et les nombreux stands touristiques dans lesquels les visiteurs pouvaient acheter des souvenirs.
La Fête fédérale de gymnastique, en revanche, n’a rapporté que 334 777 F (228 663 €) sur les 537 737 F (367 291 €) qu’elle a coûté, avec donc un déficit de 202 960 F (138 628 €). Cela ne veut pas dire qu’elle fut un échec : l’évènement fut très populaire, mais il était de tellement grande ampleur qu’il fut surpassé par les coûts de l’organisation.