L'émergence de la gymnastique, en France et à Orléans
Un sport social et patriotique
L'émergence de la gymnastique en France : un sport social et patriotique
La gymnastique est pratiquée en France depuis le début du 19e siècle, surtout dans des contextes militaires, mais reste jusqu’au dernier tiers du siècle un loisir de la haute société. Elle est enseignée à l’école primaire depuis 1850, suivant le principe d’un « esprit sain dans un corps sain », car les conditions de santé de la population urbaine se sont dégradées depuis la Révolution Industrielle. Son enseignement s’étend au collège et au lycée en 1869.
C’est la défaite désastreuse de la France face à la Prusse en 1871 qui donne à ce sport une importance toute particulière en la plaçant au cœur du mouvement de relèvement national : elle devient un outil pour former tous les citoyens, et particulièrement la jeunesse, au service militaire et au combat. De nombreuses sociétés de gymnastique animées d’un esprit patriotique et social se forment alors.
Au début du 20e siècle, la gymnastique est un des sports les plus populaires en France et les gymnastes français se classent régulièrement en première place des tournois internationaux.
L’Union des Sociétés de Gymnastiques de France
L’Union des Sociétés de Gymnastiques de France (USGF) est fondée le 28 septembre 1873 par Eugène Paz. C’est une société uniquement masculine ; il existe en parallèle une Fédération féminine française de gymnastique et d'éducation physique. Les deux seront regroupées en 1942 pour former la Fédération française de gymnastique. La mentalité de l’après 1870 se retrouve dans la devise de l’Union : « Courage, Patrie, Moralité ».
La gymnastique en France passant par l’USGF pour l’organisation de tournois ou de célébrations, l’USGF bénéficie de la popularité du sport et participe à des événements nationaux tels que l’inauguration du vélodrome de Vincennes et l’Exposition Universelle de 1900. Ils gagnent la faveur de l’État. Lourdement marquée par la première guerre mondiale où périssent plusieurs milliers de ses membres, l’USGF continue de promouvoir la gymnastique et les compétitions comme symbole de la République, en insistant sur les valeurs de coopération et d’entente internationale.
L’USGF organise chaque année une Fête fédérale pour célébrer et promouvoir la gymnastique. La première a lieu en 1878 et s’appelle alors « Fête de la régénération nationale ». Au départ, ces fêtes sont principalement des célébrations populaires et la compétition est très secondaire. Avec Charles Cazalet, patriote social convaincu qui devient président de l’USGF en 1897, le Championnat de France de gymnastique devient l'événement majeur des cérémonies.
Un premier tournoi international a lieu en 1903 à Anvers, et la même année l’USGF est reconnue d’utilité publique, ce qui démontre l’intérêt de l’État pour le sport et la compétition sportive. Le premier championnat officiel de la Fête fédérale est organisé par Cazalet en 1905 à Bordeaux. Soixante-deux fêtes ont lieu en France jusqu’à la dernière en 1939, la guerre empêchant d’autres célébrations de se produire, et l’Union cesse d’exister sous Vichy. Elle aura eu lieu une seule fois à Orléans, en 1929.
Les sociétés sportives orléanaises
Comme dans toute la France, la gymnastique est pratiquée à Orléans, notamment au sein de sociétés sportives qui se multiplient à la fin du 19e siècle. En 1929, on dénombre 26 sociétés fédérées à l’Union des sociétés de gymnastique du Loiret, et il y a de plus des gymnastes dans des sociétés plus grandes comme le Cercle Gambetta. Parmi les sociétés de gymnastique, on peut mentionner La Guêpe, la plus ancienne d’Orléans (fondée en 1883), qui offre des cours d’éducation physique et de préparation militaire. Une des sociétés les plus importantes de la ville et membre de l’USGF, elle s’implique dans les concours régionaux ou nationaux dans lesquels elle est régulièrement bien classée.
La compétition sportive à Orléans
Les Orléanais ne sont pas non plus étrangers aux manifestations sportives d’ampleur : en 1912, la municipalité et La Guêpe organisent un concours national de gymnastique à l’Île Arrault, préfigurant la Fête fédérale de gymnastique, et qui est déjà la sixième manifestation de ce genre organisée par les sociétés de gymnastique du Centre. Charles Cazalet en est le président d’honneur. Des concours départementaux ou régionaux ont de plus lieu presque chaque année et ce depuis la fin du 19e siècle.
Les sociétés sportives orléanaises s’impliquent dans l’organisation de la Fête Fédérale de gymnastique de 1929. On retrouve notamment au comité d’organisation des gymnastes faisant partie des sociétés La Guêpe, le Cercle Gambetta, le Cercle Michelet, le Réveil d’Olivet, l’Union des sociétés de gymnastique du Loiret. D’autres sociétés et organisations s’impliquent également : les services de la mairie et le conseil municipal, bien sûr, mais aussi la Chambre de commerce, la société d’horticulture d’Orléans, l’Union syndicale des limonadiers et restaurateurs…