D'une rue anéantie, à la Reconstruction

Au fil du temps, l’aspect de la rue Royale semble avoir quelque peu perdu de sa belle unité architecturale. En avril 1928, dans un article paru dans le Journal des débats politiques et littéraires, la Société historique et archéologique de l’Orléanais interpelle la Municipalité et s’insurge contre les atteintes à l’ordonnancement des façades. La Société déplore la disparition des arcades derrière les installations des boutiques, la profusion des enseignes, la modification du gabarit des toitures, jusqu’à la complète démolition d’une maison. C’est dans ce contexte que le 12 juillet 1928, l‘ensemble monumental créé sous Louis XV est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. 

Mais c’est lors de la Seconde Guerre mondiale que la destinée de la rue Royale prend une toute autre tournure. Les bombardements de juin 1940 anéantissent le centre-ville d’Orléans, la partie Nord-Ouest de la rue est presque entièrement détruite, l’autre partie gravement touchée. Les photographies de l’époque montrent l’ampleur de la catastrophe. 

Dès 1941, le projet de reconstruction et d’aménagement d’Orléans est déclaré d’utilité publique. Toutefois, la reconstruction de la rue Royale reste une question délicate. Lors des nombreux débats qui animent le Conseil municipal, tous déplorent la disparition de la belle rue du 18e siècle, cet ensemble architectural incarnant le caractère, la grandeur et l’opulence de la cité. Mais si l’on souhaite respecter l’architecture initiale, le projet doit cependant répondre à de nouveaux enjeux : nécessités de la circulation et de l’urbanisme, mais aussi de l’économie pour permettre aux commerçants de retrouver de bonnes conditions d’activité.

A la Libération, la question de la reconstruction de la rue Royale est toujours en instance. Le projet, décidé sous le gouvernement de Vichy et approuvé par l’arrêté ministériel du 10 avril 1941, ne fait pas l’unanimité : « La chaussée de la rue Royale sera élargie à 12m sans modification des alignements actuels. Pour la circulation des piétons, des trottoirs de 3m environ de largeur utile abrités sous des arcades, seront aménagés au rez-de-chaussée de tous les immeubles riverains ; les propriétaires intéressés devront consentir, à cet effet, les servitudes qui seront définies par arrêté préfectoral ». Ces dispositions sont longuement débattues en public, divisant la Municipalité, le Comité de défense des intérêts de la rue Royale, les partisans de la reconstruction à l’identique et la population. En 1946, une chanson satirique de l’époque se moque même d’une future rue qui serait recouverte à perte de vue d’une forêt de colonnades. 

C’est finalement le projet de création d’un passage public sous arcades au rez-de-chaussée des immeubles qui voit le jour. Les arcades privées avec servitude de passage public, font l’objet de conventions entre la Ville et les propriétaires afin de répartir les frais d’entretien. Compte tenu du rétrécissement des boutiques, des sous-sols éclairés par des pavés de verre sont créés pour servir de réserve. La nouvelle rue Royale est inaugurée le 24 mars 1965, après une vingtaine d’années de travaux.

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