Un terrain d'aviation et de loisirs

L’aérodrome des Groues : premier aérodrome d’Orléans

Au début du 20e siècle, la conquête de l’air qui s’exerce essentiellement par des essais en ballons dirigeables, va rapidement évoluer grâce à l’apparition de l’aéroplane. L’Aéro-club de France créé en janvier 1898, ainsi que les clubs régionaux, jouent un rôle capital dans l’essor de l'aéronautique. Partout en France, ils organisent des meetings aériens et des concours qui sont dotés de prix pour encourager et favoriser le développement de cette discipline. Et la conquête de l’air, qui n’est pas sans risque, se fait souvent au péril de la vie des pilotes.

A Orléans, l’Aéro-club du Centre organise des démonstrations publiques et c’est sur l’aérodrome des Groues que se succèdent les plus grands aviateurs de l’époque. A suivre la Chronique de l’aviation qui paraît dans le Journal du Loiret, on décèle que l’activité de l’aérodrome y est intense. Les premières expérimentations, dans un domaine encore balbutiant, permettent aux pionniers de l’aviation de perfectionner leurs appareils, de réaliser de grandes prouesses et de battre des records. Le public orléanais se presse pour admirer leurs exploits.

 

Un hangar pour aéroplane

En mai 1909, le conseil municipal envisage de créer une station d’aéroplane pour encourager les aviateurs à poursuivre leurs expériences à Orléans. Pour cela, il est nécessaire de pouvoir leur offrir un hangar pour abriter leurs appareils. L’autorité militaire tolère alors l’activité de l’Aéro-club du Centre sur le champ de manœuvres des Groues, une autorisation ministérielle est attendue pour l’implantation d’un bâtiment sur le terrain.

Plusieurs constructeurs sont appelés à produire des projets de hangar économique de 4 mètres de haut et d’une surface de 14 mètres par 16. Un marché de gré à gré est passé avec l’entreprise parisienne de Georges Vinant, qui propose alors une construction avec charpente en fer, couverture en voliges avec carton bitumé et bardage en planches sur le pourtour. Un prix forfaitaire de 3 500 francs est négocié moyennant le monopole de l’affichage sur toutes les parois de la construction à Georges Vinant pendant 10 ans. Le hangar est implanté au nord-est du terrain des Groues, le long du chemin de la Croix-Baudu [actuelle rue Croix-Baudu].

 

Parmi les nombreux pionniers de l’aviation venus aux Groues…

Albert Guyot est né le 25 décembre 1881 à Saint-Jean-de-Braye, il meurt le 24 mai 1947 à Neuilly-sur-Seine. Il mène une carrière de pilote automobile et s’intéresse également à l’aviation. Il vole notamment aux côtés de Louis Blériot et possède son propre avion, un Blériot XI. Le 31 janvier 1910, une réception est organisée à Orléans par l’Aéro-club du Centre en présence de nombreuses personnalités orléanaises. A cette occasion, le maire d’Orléans, Léonce Courtin-Rossignol, remet à l’aviateur une médaille sur laquelle est gravée : « A l’aviateur Albert Guyot qui, le premier, effectua des vols sur l’aérodrome des Groues ».    

 

Léon Delagrange est né à Orléans le 13 mars 1872, il meurt le 4 janvier 1910 à Croix-d’Hins en Gironde. Devenu sculpteur après des études aux Beaux-Arts de Paris, il se passionne pour l’aviation. Il collabore avec Louis Blériot puis Henri Farman et construit ses propres avions dans les ateliers des frères Voisin à Billancourt. Il bat de nombreux records de distance et de temps de vol, en France et en Europe. Il se distingue particulièrement lors de la campagne d’Italie où il est sollicité pour effectuer des démonstrations publiques à Rome, Milan et Turin. Le 8 juillet 1908, c’est à Milan qu’il fait voler avec lui une femme pour la première fois, son amie Thérèse Pelletier. Quelques années plus tard, il meurt tragiquement sur l’aérodrome de Croix-d’Hins en raison de la rupture de l’aile de l’avion qu’il pilote alors, un Blériot XI.

Le 8 janvier 1910, les obsèques de Léon Delagrange sont célébrées dans la cathédrale d’Orléans en présence de très nombreuses personnalités venues lui rendre hommage.  

 

Avec Louis Blériot, 1909 marque une date clé dans l’histoire de l’aviation, lorsque le 25 juillet, il est le premier aviateur à traverser la manche à bord de son aéroplane monoplan, le Blériot XI. Le Journal du Loiret du 26 juillet, qui relate largement cet exploit, mentionne l’attribution de la légion d’honneur à Louis Blériot et à l’aviateur orléanais Léon Delagrange. Les aviateurs sont tous les deux membres d’honneur de l’Aéro-club du Centre en raison de leur contribution aux essais d’aviation faits dans le Loiret.

 

Buffalo Bill et sa troupe en représentation aux Groues

C’est à l’occasion de l’exposition universelle de l’année 1889 que Buffalo Bill, Colonel William Frederick Cody de son vrai nom, vient d’Amérique pour présenter son Wild West Show aux parisiens, le spectacle de l’ouest sauvage. C’est en 1905 que le héros de la conquête de l’ouest américain revient en France, cette fois pour entamer une grande tournée dans tout le pays. Quatre représentations sont données à Orléans durant 2 jours, le Buffalo Bill’s Wild West s’installe sur le terrain des Groues où il se produit les 24 et 25 août 1905.

Dans le Journal du Loiret qui annonce cet événement exceptionnel, la venue de la troupe de Buffalo Bill, le roi des tireurs à cheval, est qualifiée de pittoresque et d’héroïque. Arrivés par le train, c’est une logistique de matériel, ainsi que 740 hommes et 451 chevaux qui débarquent à Orléans. Une véritable petite armée plante son camp sur le terrain des Groues qui voit fleurir les tentes et les wigwams indiens.

La troupe des artistes est censée représenter indiens d’Amérique, cosaques russes, japonais, cowboys, cavalerie américaine, artillerie, chasseurs français, lanciers anglais, insurgés de Cuba, arabes, vaqueros mexicains, gouchos d’Amérique du sud ou encore chicos hongrois.

Le programme est vaste et prétexte à un grand spectacle équestre qui se déroule sous un immense barnum. Si, comme le relate le Journal du Loiret, les représentations remportent un énorme succès, on déplore qu’un violent ouragan se soit déclaré durant la première représentation du deuxième jour. Une pluie torrentielle et des vents violents s’abattent sur les Groues provoquant de graves dégâts à la tribune et au campement. On compte plusieurs blessés légers parmi les artistes et les spectateurs. Malgré tout, ce sont 3 000 personnes qui assistent à la dernière représentation, avant que la troupe ne poursuive sa tournée vers Saumur.

 

 

 

Date de modification : 2 février 2021

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