Au cœur du dispositif : l'habitant

Au cœur du dispositif : l'habitant 

Dès le 19ème siècle, l’évolution des habitudes individuelles demeure un enjeu. Prompts à dénoncer les dysfonctionnements de la collecte d’un côté, les Orléanais sont aussi, de l’autre, à l’origine de mauvaises pratiques, notamment celles liées au tri ou autres règles d’enlèvement. Or, la gestion des déchets ne s’envisage pas sans les particuliers, commerçants ou entrepreneurs qui les produisent. Le défi de la municipalité va donc être de former les habitants tout en répondant au mieux à leurs aspirations. Loin des préoccupations environnementales, le 19e siècle et la première moitié du 20e siècle vont surtout tenter d’impliquer le citoyen par le biais de l’hygiène.

Des mœurs à faire évoluer

L’arrêté municipal du 20 janvier 1817 parle des plaintes relatives aux âniers qui n’assurent pas le ramassage régulier et, de l’autre, des habitants qui ne réalisent pas le balayage devant chez eux et la mise en tas le long des murs. L’interdiction de jeter des choses par les fenêtres, que ce soit les débris de cuisine ou autres, est aussi évoquée, ce qui laisse à penser que ce cas est très commun. La création du service municipal des ordures ménagères, en 1918, est une nouvelle occasion de rappeler les obligations. À une époque où le coût de fonctionnement grimpe, une note indique que « le public peut encore faciliter considérablement le service en réduisant la quantité des ordures à enlever ». Elle déplore ainsi la présence de chiffons qui pourraient être réemployés mais aussi les papiers maculés qu’il serait préférable de brûler. Une autre note cite les débris de verre et de vaisselle non triés entraînant des blessures pour les chevaux dans les champs où les ordures sont utilisées comme engrais. Un « préposé à l’observation du règlement » est alors créé. En 1925, les comités de quartier sont sollicités pour faire le relais auprès des Orléanais, sans doute en complément de messages dans la presse.

La mise en place de la taxe sur les ordures ménagères engendre également des plaintes dans les années 1930. Dans la périphérie de la ville, là où les déchets sont régulièrement mis dans les jardins, certains ne comprennent pas pourquoi payer un service qu’ils utilisent peu. La municipalité rappelle que l’enlèvement des ordures ménagères est un service public et non un service rendu. L’effet recherché est que l’habitant devienne un usager et ne conserve plus, notamment pour des raisons d’hygiène individuelle et collective, ses ordures à proximité de son domicile. Au fil des ans, l’accroissement de la quantité des déchets collectés marquera à la fois la réussite de cette politique tout en masquant, au moins dans un premier temps, de nouvelles problématiques : l’augmentation des déchets liés à la consommation de masse et à l’émergence des matériaux synthétiques ou encore la perte des habitudes liées au réemploi, y compris dans les jardins.

Ci-contre, à gauche : Quai Barentin, vandalisme sur la voie publique : dépôt sauvage en bord de Loire ; en arrière-plan, le pont George-V. Sans nom. Vers 2000. AMO 3FI3988.

Les usagers d’un service public

Jusqu’à la création du service municipal, la principale plainte des habitants tourne autour du ramassage irrégulier des ordures ménagères et de l’état de la voie publique. À titre d’exemple, en 1897, la distillerie Barachet, installée rue des Carmes, réclame que la mairie dresse un constat et refuse de donner les traditionnelles étrennes au charretier qui les réclame ! Par ailleurs, la cohabitation semble aussi difficile sur la chaussée. Dans les années 1930, alors que la circulation automobile se densifie, les accidents mettant en cause des tombereaux augmentent. Avec 70 sinistres en 1929-1930, la Ville doit faire face à une augmentation de sa police d’assurance. Plus tard, le stationnement est une cause de gêne pour le passage des bennes.

Réclamation. 1937. AMO 1J1003.
Réclamation. 1937. AMO 1J1003.

Les plaintes conservées dans les archives ciblent aussi le bruit des camions et des poubelles, les heures et circuits de collecte ou encore les problématiques de voisinage et de dépôts sauvages. Les canches sont également visées. Celle de l’Ile-de-Corse exhale des odeurs plus que nauséabondes, tout en étant à proximité de l’école de plein air, et a pu entraîner des pollutions des eaux de puits. Au lieu-dit « Bellevue » à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin, les vieux matériaux, carcasses d’automobiles et autres de la canche Montigny entraînent le mécontentement de l’architecte des bâtiments de France. Il dénonce la perversion des rives de Loire et la vue gâchée depuis l’Hôtel de la Montespan sur la rive Nord.

Progressivement, au fil des recherches d’amélioration, de l’évolution des techniques et de celles des mœurs, la situation ne fera que se perfectionner tant pour les citoyens que la municipalité. À partir des années 1970, la rédaction de tracts ou d’articles dans les magazines municipaux participera à toujours plus de pédagogie. La cause environnementale viendra appuyer la nécessité pour tous de s’occuper au mieux de ses déchets.

Réclamation. 1897. AMO 1J1003. 1 2
Réclamation. 1897. AMO 1J1003.
Réclamation. 1897. AMO 1J1003. 2 2
Réclamation. 1897. AMO 1J1003.
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