Les déchets, un témoin privilégié de l'histoire quotidienne
Les déchets, un témoin privilégié de l'histoire quotidienne
Involontairement ou non, les populations du passé ont laissé des traces de leur vie quotidienne, constituant ainsi les vestiges que les archéologues étudient de nos jours. Lorsqu’un site est abandonné, les biens de valeur sont récupérés ou pillés et sont donc rarement retrouvés lors de fouilles archéologiques. Au contraire, les ordures qui ont été jetées quotidiennement à l’écart des maisons ou dans des fosses dépotoirs sont restées enfouies jusqu’à nos jours. Ignorées et méprisées, les poubelles résistent bien au passage du temps et constituent des trésors pour les archéologues.
Ces derniers analysent ces déchets, qui sont devenus du mobilier archéologique : tessons de céramique, restes alimentaires, objets en métal… Ces éléments permettent de comprendre la fonction de l’espace fouillé : habitation, atelier artisanal, bâtiment cultuel, etc. Par exemple, la taille d’un outil en silex génère des débris qui révèlent l’emplacement de l’activité, ainsi que la qualité du travail effectué, les techniques employées... Les détritus témoignent ainsi des pratiques et habitudes d’autrefois dans de nombreux domaines : alimentation, pratiques funéraires, commerce, etc.
Stylet façonné à partir d’un os animal, trouvé dans une cave gallo-romaine du site du Lycée Saint-Euverte (Orléans) et daté de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle de notre ère. La pointe servait à écrire sur des tablettes en cire d’abeille et la spatule, à l’autre extrémité, permettait de lisser la cire pour effacer les annotations, Christophe Camus, Musée d’Orléans, 2019.
Si le réemploi d’objets du quotidien est revenu à la mode depuis la fin du 20e siècle, cette pratique relevait autrefois d’un bon sens permettant de faire des économies diverses. Ainsi, il est possible de récupérer l’os d’un morceau de viande consommé pour le transformer en outil ; une céramique cassée peut combler un fossé ou alimenter un remblai. Lors de la découverte d’un objet, il faut donc s’interroger : a-t-il été découvert sur son lieu de fabrication, d’utilisation, de rejet ou de réemploi ?
Parmi les éléments trouvés, certains portent des traces de découpe, indiquant la volonté de réutilisation de la matière.
Le saviez-vous ?
La céramique est le vestige le plus fréquemment retrouvé par les archéologues. L’argile est façonnée depuis la préhistoire, et son usage très répandu : vaisselle, figurine, pot de stockage, amphore, etc. Il s’agit d’un des éléments de datation les plus couramment utilisé : grâce aux différentes modes esthétiques, matériaux employés, méthodes de fabrication, les archéologues établissent des référentiels qui permettent d’identifier et de dater les tessons de céramique.