Que fait-on des déchets ?

Que fait-on des déchets ?

Un réemploi qui n’en porte pas le nom

Si les mots recyclage ou réemploi émergent plutôt à la fin du 20e siècle, dans les faits, le principe existe depuis toujours. Des déchets trouvent une deuxième vie grâce à d’autres usages après remise en état, transformation ou encore tels quels. Beaucoup de « petits métiers » vivent de la récupération. Au 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle, la Ville les surveille en raison des règles d’hygiène mais sans organiser, pour autant, les circuits de réemploi.

Les "gadoues"

Les boues, matières fécales et putrescibles – désignées sous le terme de « gadoues » - sont amenées aux cultivateurs et horticulteurs du pourtour d’Orléans qui les épandent sur leurs terrains en guise d’engrais. En 1918, elles sont même transportées par voie ferrée jusqu’à Vennecy, soit une quinzaine de kilomètres ! Mais, le tri en amont semble souvent absent. Les Orléanais ne séparent pas toujours les déchets selon les recommandations municipales. Des boîtes de conserve ou tessons de vaisselles blessent les chevaux des jardiniers, dévalorisent la matière à récupérer et dégradent les terrains. Pour le reste, comme les quantités ou les prix de cession, la documentation donne peu de détails. La pratique d’emmener directement les déchets aux cultivateurs dure au moins jusque dans les années 1950. Les modifications viendront de l’émergence du tout-à-l’égout et des procédés d’assainissement, de la règlementation sur l’hygiène, de l’engrais chimique mais aussi de la disparition progressive des exploitations orléanaises.

Les os et peaux de lapins

Les os et peaux de lapins sont aussi une matière très prisée mais qui engendrent de très gros problèmes de salubrité. Destinés à faire de l’engrais, de la colle, de la gélatine ou encore des chapeaux de feutres en poils de lapin, ces matières sont ramassées sèches ou encore « vertes » directement chez les habitants et commerçants. Les plaintes évoquent les odeurs infectes et les nuisibles provenant des tas conservés à l’air libre. 

Arrêté concernant la salubrité. Affiche. 31 juillet 1836. AMO 5J1. 1 3
Arrêté concernant la salubrité. Affiche. 31 juillet 1836. AMO 5J1.
Lettre préfectorale au maire d'Orléans demandant la suppression d'un dépôt d'os. 20 juin 1932. AMO 5J335. 2 3
Lettre préfectorale au maire d'Orléans demandant la suppression d'un dépôt d'os. 20 juin 1932. AMO 5J335.
Etablissement de Mr Rousseau : dépôt de chiffons et peaux sèches. Plan calque. 5 mai 1927. AMO 5J336. 3 3
Etablissement de Mr Rousseau : dépôt de chiffons et peaux sèches. Plan calque. 5 mai 1927. AMO 5J336.

Le chiffon

Le chiffon usagé est, quant à lui, très recherché pour faire de la pâte à papier. Les chiffonniers fouillent les poubelles et les canches. Leurs dépôts, à domicile, tels que dans le quartier de la Charpenterie, sont autant de potentielles sources d’incendie.

Enquête de commodo et incommodo, relative à l’établissement d’un dépôt de chiffons. Affiche. 1853. AMO 5J332. 1 3
Enquête de commodo et incommodo, relative à l’établissement d’un dépôt de chiffons. Affiche. 1853. AMO 5J332.
Demande d’autorisation pour un dépôt de chiffons, de Jacques Plane, chiffonnier. 1926. AMO 5J332. 2 3
Demande d’autorisation pour un dépôt de chiffons, de Jacques Plane, chiffonnier. 1926. AMO 5J332.
Enquête de commodo et incommodo, relative à l’établissement de dépôts de papiers, chiffons et autres matériaux. Affiche. 1960. AMO 5J336. 3 3
Enquête de commodo et incommodo, relative à l’établissement de dépôts de papiers, chiffons et autres matériaux. Affiche. 1960. AMO 5J336.

Les gravats et débris de vaisselle

Quand ils ne peuvent être réutilisés dans de nouvelles constructions, les gravats de chantier sont évacués dans des terrains vagues qu’ils comblent. Les canches de Loire sont un exemple. Le quai Tudelle est façonné, entre autres, des ruines des maisons détruites pour la percée de la rue Jeanne-d’Arc dans les années 1840. Au moins 2,5 hectares sont gagnés sur la Loire. Les canches reçoivent probablement aussi les débris de vaisselles, de verre ou autres matières pour lesquels on ne voit pas de réutilisation possible.

Collecte sélective des verres, affiche stop gaspillage, [1978-1984], AMO 6O12.
Collecte sélective des verres, affiche stop gaspillage, [1978-1984], AMO 6O12.

L’avènement de la collecte sélective

Le premier choc pétrolier, en 1973, enclenche une volonté de tri sélectif organisé par matériaux dans une logique d’économie des ressources et de protection de l’environnement. Il faut réutiliser la matière première provenant des déchets. La collecte sélective invite les habitants à plus de tri en amont. Le matériel de collecte est progressivement adapté selon a matière à traiter.

Ci-contre, à droite : Collecte sélective des verres, affiche stop gaspillage. [1978-1984]. AMO 6O12.

Le recyclage du verre

Au début des années 1980, le recyclage du verre est lancé non sans poser de questions pratiques. Alors que la collecte hermétique se déploie, quartier après quartier, intégrer en parallèle une nouvelle collecte spécifique pour le verre représente un véritable défi technique et organisationnel. En octobre 1981, des « bennes à verre » sont installées à titre expérimental dans les quartiers de La Source et de la Madeleine. Réparties en plusieurs points, elles permettent de collecter 213 tonnes de verre en quelques mois. Fort de ce succès, le dispositif est généralisé à l’ensemble de la commune dès 1983, avec l’installation de 65 conteneurs de plus grande capacité. La relève et l’entretien sont confiés à une entreprise extérieure, et le verre collecté est revendu - un peu moins de 100 francs la tonne - ce qui permet de compenser en partie les coûts de la mise en place. Entre 1983 et 1987, plus de 800 tonnes de verre sont collectées par an. Une campagne de sensibilisation en direction des habitants accompagne ce projet.

Tri sélectif, point de collecte du verre. Diapositive. 1984. Benoît Voisin. AMO 102Fi121_2.
Tri sélectif, point de collecte du verre. Diapositive. 1984. Benoît Voisin. AMO 102Fi121_2.
Tri sélectif, point de collecte du verre. Diapositive. 1984. Benoît Voisin. AMO 102Fi121.
Tri sélectif, point de collecte du verre. Diapositive. 1984. Benoît Voisin. AMO 102Fi121.

Collecte sélective des verres, plan containers verre. [1978-1984]. AMO 6O12.
Collecte sélective des verres, plan containers verre. [1978-1984]. AMO 6O12.
Collecte sélective des verres, affiche stop gaspillage. [1978-1984]. AMO 6O12.
Collecte sélective des verres, affiche stop gaspillage. [1978-1984]. AMO 6O12.
Collecte des encombrants à Fleury-les-Aubrais. Diapositive. 1984. Benoît Voisin. AMO 102Fi124.
Collecte des encombrants à Fleury-les-Aubrais. Diapositive. 1984. Benoît Voisin. AMO 102Fi124.

Les "monstres"

En parallèle du ramassage régulier des ordures ménagères, une collecte spécifique des « monstres » ou « encombrants » est instaurée. Destinée aux objets volumineux dont les habitants souhaitent se défaire, elle vise aussi à lutter contre leur abandon illégal dans l’espace public ou en pleine nature. 

Jusqu’en 1973, cette collecte est irrégulière, uniquement sur demande et selon les disponibilités du service. Les particuliers y sont pourtant sensibles comme le montrent les chiffres de collecte sans cesse en hausse passant de 300 tonnes en 1977 à plus de 800 en 1982. En 1983, la collecte des « monstres » est structurée de façon plus régulière, se déroulant désormais trois fois par an : en janvier, mai et septembre.

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