La collecte : une constante recherche d'amélioration
La collecte : une constante recherche d'amélioration
Longtemps, la collecte est désignée sous le terme de ramassage. Mettant en cause la sécurité et la salubrité sur la voie publique, elle est très tôt un enjeu pour la Ville notamment vis-à-vis du ressenti des habitants. L’amélioration des circuits et l’adaptation du matériel seront un objectif permanent dans une société en constante mutation.
Les circuits de collecte : un casse-tête !
Bien que les documents du 19e siècle évoquent l’obligation de ramassage dans la ville et les faubourgs, les archives montrent paradoxalement que le service de collecte va faire l’objet d’une extension de son périmètre à de nouvelles rues tout au long du 20e siècle, jusqu’à concerner toute la ville. Les délibérations du conseil municipal indiquent même que dans certaines rues limitrophes à d’autres communes, des habitants comme ceux de Saint-Jean-de-Braye, Saint-Jean-le-Blanc et Saint-Jean-de-la-Ruelle, réclament dès les années 1930 à bénéficier du service orléanais ce qui sera fait contre le paiement d’une redevance exceptionnelle.
À la veille de la reprise en régie municipale en 1918, il semble que la ville soit divisée en 15 secteurs. Ce chiffre passe à 17 en 1919 puis augmente par la suite au gré de l’élargissement du périmètre de collecte, de la mécanisation, de l’augmentation ou la variation selon les saisons de la masse des déchets, de la proximité ou l’éloignement de la zone de décharge ou encore la nécessité de repasser une deuxième fois dans le secteur. Ponctuellement, des phases de réorganisation sont l’objet d’interrogation et de recherche d’améliorations. À titre d’exemple, en 1925, alors qu’il y a 20 attelages pour 40 quartiers, avec un ramassage matin et après-midi du lundi au samedi, l’idée de concentrer le travail le matin est étudiée mais repoussée par la municipalité car elle entrainerait obligatoirement le doublement de la flotte donc une augmentation des coûts et des taxes. Le passage dans les rues étroites du centre-ville et le nettoyage après les marchés ou à proximité des commerces alimentent souvent les discussions.
En 1957, la ville compte 29 secteurs. Preuve de l’existence d’un suivi analytique de la collecte, les camions-bennes sont désormais affectés en fonction de leurs capacités (de 6m3 à 12m3), du nombre d’habitants et de commerces par secteur. Toutes les zones sauf deux sont desservies quotidiennement, matin ou soir. En 1971, il y a 10 secteurs de plus, dont le nouveau quartier de La Source. À l’échelle de la ville, certaines zones sont desservies tous les jours comme les quartiers Madeleine, La Source et Bourgogne et les halles ou trois à quatre fois par semaine pour la Barrière-Saint-Marc, les Blossières, le secteur gare et la Borde-aux-Mignons dans le quartier de l’Argonne. En fonction de la capacité des bennes, chaque tournée représente 2 à 3 rotations vers le dépôt pour décharger. La mise en place de la collecte hermétique va venir modifier la fréquence des passages avec un rythme d’enlèvement de trois fois par semaine entre 5h et 13h. Le temps de travail des équipes est alors revu. Entre 1975 et 1977, les bennes parcourent environ 285 000 km par an pour collecter environ 33 000 tonnes de déchets. Le 20e siècle a apporté son lot de nouveaux défis : bruit des moteurs et de l’enlèvement des poubelles, encombrements de la circulation, jours fériés ou encore, tourisme. La fin des années 1980 marque un tournant avec l’acquisition des premiers logiciels de gestion des tournées et du temps de travail, amorçant ainsi l’informatisation du service et un suivi encore plus précis.
Devenu intercommunal depuis 1964, le service des ordures ménagères développe les outils de communication auprès des Orléanais, pour leur signaler la fréquence et les ajustements de la collecte. Les informations sont d’abord transmises par voie de presse puis, dès la fin des années 1970, par la distribution de plaquettes colorées et très graphiques qui se veulent simples et compréhensibles par tous.
Ci-contre : Plan de la collecte des ordures ménagères avec jours de collecte. Plan imprimé. 1991. AMO 5Fi168.
Du tombereau hippomobile à la collecte hermétique, en passant par la benne électrique
Les tombereaux à chevaux
Avant 1817, quiconque souhaite enlever des boues et immondices paie une redevance annuelle à la Ville dont le barème est défini en fonction de trois types de matériel employé, à savoir : par voiture ou tombereau tiré par cheval ou âne, par cheval ou âne garni de paniers ou par individu qui use seulement d’une brouette ou d’une hotte. Une plaque en fer blanc gravée d’un numéro doit être apposée pour attester du droit à ramasser.
En 1817, le droit de collecte est confié à un unique entrepreneur choisi par adjudication. Il utilise des tombereaux, généralement recouverts d’une bâche, tirés par les chevaux et conduits par des charretiers. Le tintement d’une clochette avertit les habitants de son arrivée. En théorie, c’est à ce moment-là que les habitants doivent sortir leurs déchets. Un siècle plus tard, le matériel de l’entrepreneur – chevaux et tombereaux – est récupéré pour la mise en place du service municipal et le principe de clochette demeure.
Au sortir de la Grande Guerre, la flotte se compose de 17 chevaux et conducteurs pour un ramassage quotidien quasi en continu. Dans les années 1920, le recours aux chevaux atteint ses limites dans un contexte où le volume des déchets ne cesse d’augmenter et la question du bien-être animal émerge sous l’égide notamment de la Société Protectrice des Animaux (SPA).
La motorisation et le temps des camions électriques
En 1925, un tombereau motorisé de 7 m3 de marque Renault et son conducteur sont mis à disposition par Sauvegrain et Bourigault, agents Renault à Orléans. En 1934, à côté de véhicules à essence, des camions électriques sont testés. En 1938, et après débat, un parc automobile électrique de 12 bennes est constitué en préférence à la solution thermique. Les déplacements à petites vitesses et silencieux avec une faible émission de gaz polluants sont les avantages retenus, en particulier au regard du centre-ville. Les bennes sont dotées d’un dispositif de compactage : chargés par l’arrière du véhicule, les déchets sont compressés à l’intérieur garantissant une collecte plus hygiénique et la possibilité de mettre plus de déchets par tournée. À l’inverse des tombereaux, elles sont fermées, évitant les pertes sur la chaussée. Elles sont aussi plus adaptées au déversement dans les canches et facilitent le travail des éboueurs.
Entre 1938 et 1954, le matériel électrique est réparé, renouvelé et la flotte est même augmentée. En 1955, le parc composé de 15 véhicules passe à 20. Mais dans le contexte d’après-guerre, les coûts d’exploitation, notamment des accumulateurs pour recharger les batteries, augmentent. Alors que la volonté est d’étendre plus loin la collecte, l’autonomie des camions électriques – 35 km par jour – devient une contrainte. La municipalité choisit alors de renouveler le matériel en privilégiant les camions thermiques, à raison d’environ deux bennes neuves par an.
Une modernisation de taille : la collecte hermétique
L’instauration de la collecte hermétique dès 1973 entraîne l’acquisition de poubelles spécifiques pour les usagers, de conteneurs adaptés et l’achat de camions-bennes conçus spécialement pour ce type de ramassage. Les bennes sont munies d’un système pneumatique ou hydraulique capable de saisir la poubelle, d’en ouvrir le couvercle, de la vider dans le camion, puis de la reposer au sol. En 1978, en pleine mise en œuvre de la collecte hermétique, le service compte 21 camions-bennes.
Fourgon collecte moderne Helico. Plan. 1971. AMO 6O7.