La poubelle : un symbole qui a mis du temps à s'imposer

La poubelle : un symbole qui a mis du temps à s'imposer

Un arrêté municipal de 1817 défend aux personnes de jeter dans les rues par leurs fenêtres ou en les y déposant, les balayures, débris de cuisine, autres ordures ou matière fécale et urine. Les Orléanais sont priés de conserver le tout chez eux dans des paniers, corbeilles ou mannequins (petits paniers d’horticulteur) jusqu’à ce que le tombereau signale son passage. Les plaintes sur la saleté des rues et les tas de détritus perdurent, ce qui laisse à penser que cet impératif n’est pas suivi d’effet.

Malgré tout, la poubelle va rester un sujet de vifs débats. Fouillées et renversées par les chiffonniers ou les animaux, parfois débordantes et surtout non réglementaires, elles cristallisent une grande partie de la problématique de la salubrité des chaussées. On les accuse volontiers d’empêcher le passage dans les rues, notamment les plus étroites. Des arrêtés municipaux sont pris régulièrement pour rappeler aux habitants leurs obligations d’utiliser des poubelles, achetées par leur soin, ou pour les informer de nouvelles dispositions ayant pour but d’améliorer le service. Le règlement sanitaire de 1904 indique par exemple que les récipients doivent avoir un couvercle, être tenus fermés et sans odeur à vide mais aussi être peints ou galvanisés et porter sur leurs deux faces latérales le numéro de l’immeuble dont ils proviennent. Il évoque aussi les tinettes, baquet qui sert à transporter les matières fécales en l’absence de système d’égout.

Enlèvement des ordures ménagères : arrêté (recto). Imprimé. Vers 1950. AMO 5J12. 1 2
Enlèvement des ordures ménagères : arrêté (recto). Imprimé. Vers 1950. AMO 5J12.
Dépôt et enlèvement des ordures ménagères : mesures de police. Affiche. 1906. AMO 5J12. 2 2
Dépôt et enlèvement des ordures ménagères : mesures de police. Affiche. 1906. AMO 5J12.

Ce qui est jeté, sans tri, et ce malgré les indications municipales, est aussi un problème. En 1964, la collecte des ordures ménagères est présentée comme « anarchique et incontrôlée », chaque usager continuant d’utiliser le récipient de son choix, du vieux fût métallique, au sac ou ancien carton d’emballage. Avec la mécanisation des engins, la poubelle n’est plus seulement un récipient dans lequel l’usager met ses ordures pour l’enlèvement, elle devient le bras armé de la collecte et c’est dans cette optique qu’elle est pensée. Adaptée à la forme des bennes, l’enjeu est de soulager l’éboueur dans le port de charges mais aussi d’éviter que les poubelles ne se renversent au moment du déversage. En 1973, avec la mise en place de la collecte hermétique, c’est désormais le SIVOMAO qui fournit progressivement les contenants normalisés aux usagers redevables de la taxe d’habitation. Ces derniers n’en sont pas propriétaires. Les questions liées au tri domestique entraîneront plus tard le système de poubelles par couleur.

Poubelles dans les rues d'Orléans. Mars 1987. Photo Benoît Voisin. AMO 102Fi1147.

La mise en place de la boîte à ordures

En 1892, en citant Paris et Montargis en exemple, des élus, dont le docteur Halmagrand, demandent que les habitants, ou au moins les hôteliers et restaurateurs, aient l’obligation d’utiliser des « boîtes à ordures », sorties le soir. L’argument porte surtout sur la prévention des épidémies dont on sait désormais scientifiquement qu’elles se propagent en raison de bactéries. Deux ans plus tard, un arrêté municipal soumet les habitants de quelques rues du centre-ville à utiliser « un récipient » qui devra être maintenu propre et suivre des dimensions réglementaires pour les résidus ménagers et un autre pour la vaisselle, le verre, les poteries et les débris métalliques. Plein, il ne doit pas peser plus de 20 kilogrammes pour pouvoir être soulevé par le charretier. À cette époque, le récipient est à sortir lors du passage du tombereau et à rentrer immédiatement après, ce qui n’est pas sans causer des difficultés pour la population non présente au domicile dans la journée. Signe de l’entrée de l’objet dans les moeurs orléanaises, en 1898, le mot « poubelle » est utilisé pour la première fois au cours des discussions du conseil municipal d’Orléans. Il apparaît dans le Grand Dictionnaire universel du 19e siècle 8 ans plus tôt. La zone géographique obligeant le recours à son utilisation est étendue très progressivement dans la ville et ses faubourgs tout au long du 20e siècle.

Poubelle "Léopold". Publicité. 1973. AMO 6O11. 1 2
Poubelle "Léopold". Publicité. 1973. AMO 6O11.
Notice descriptive de la poubelle Léopold 110 litres. Imprimé. 1973. AMO 6O11. 2 2
Notice descriptive de la poubelle Léopold 110 litres. Imprimé. 1973. AMO 6O11.

La poubelle : le "bras armé" de la collecte

Container vidé dans un camion-benne. [ca 1992]. [s.n.]. AMO 3Fi2460.
Container vidé dans un camion-benne. [ca 1992]. [s.n.]. AMO 3Fi2460.
Poubelles individuelles de particuliers vidées dans un camion-benne. [ca 1992]. [s.n.]. AMO 3Fi2459.
Poubelles individuelles de particuliers vidées dans un camion-benne. [ca 1992]. [s.n.]. AMO 3Fi2459.
Poubelles individuelles de particuliers vidées dans un camion-benne. [ca 1992]. [s.n.]. AMO 3Fi2458.
Poubelles individuelles de particuliers vidées dans un camion-benne. [ca 1992]. [s.n.]. AMO 3Fi2458.
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